« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »
Voici, pour occuper votre été, une nouvelle moisson de camarades jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours de ce mois. Ce sont des personnages pas très ordinaires, jugez-en !
- Charles Chanson (X 22), artilleur des rizières

Né en 1902 à Grenoble, fils du général Henri Chanson (X 1890), petit-fils du général Achille Chanson (X 1858), Charles Chanson sert en Algérie et au Maroc de 1924 à 1932. Il est ensuite inspecteur des études à Polytechnique puis sert à l’État-Major de la 6e armée. Il est affecté à Alger après l’armistice. Après le débarquement de 1942 en Afrique du Nord, il dirige le groupe français de réarmement.et rallie les forces de la France libre. Colonel en 1945, commandant l’artillerie de la 3e division d’infanterie coloniale en Indochine en 1946, il est promu général en 1947 et reçoit en 1948 le commandement des forces terrestres du Tonkin. En 1949, commandant des forces françaises du Viêt-Nam Sud et commissaire de la République, il réunit pouvoirs civils et militaires. Son action de « pacification » est louée par le général de Lattre. Il est victime d’un kamikaze caodaïste en juillet 1951 à Vinh Long (Vietnam). Voir plus de détails sur wikipedia et dans La Jaune et la Rouge d’octobre 1999 et sa biographie par Pierre Guillet Pour l’honneur : le général Chanson en Indochine, 1946–1951 (1992).
- Jean-François Clervoy (X 78), lunatique


Né en 1958 à Longeville les Metz, Jean‑François fait ses études au lycée franco-libanais de Beyrouth puis au Collège militaire de Saint-Cyr-l’École et sa prépa au Prytanée de La Flèche. Sorti de l’X dans l’Armement, il intègre SUPAERO en 1983. Sélectionné pour faire partie du deuxième groupe d’astronautes français en 1985, il obtient son brevet d’Ingénieur Navigant d’Essai à l’EPNER en 1987. Il intègre en 1992 le corps des astronautes de l’ESA qui le détache auprès de la NASA à Houston. Avec deux vols sur Atlantis (1994 et 1997) et une sur Discovery (1999, pour réparer Hubble), il totalise 675 heures dans l’espace. Il a raconté sa mission vers Hubble dans Histoire(s) d’Espace (2009).
Jean-François a pris en 2006 la présidence de Novespace, créée par le CNES en 1986 pour promouvoir des transferts de technologies spatiales vers d’autres secteurs industriels. Il a dans ce cadre créé Air Zéro g pour ouvrir au public les vols paraboliques. Cliquez ici si vous voulez voler en apesanteur avec lui dans un Airbus A 310 !
- Marc Darmon (X 83), cybermélomane

Né en 1964 à Paris, Marc rêve dans sa jeunesse d’être chef d’orchestre, sans doute inspiré par son père Jacques Darmon (X 59, inspecteur des finances) qui présida l’Opéra de Paris mais il finit par entrer à l’X en 1983, et en sort dans les Télécom. Après un début de carrière chez Alcatel, il est aujourd’hui DGA de Thalès et grand spécialiste de la cyber-sécurité, ce qui ne l’empêche pas de faire la chronique des DVD sur la Jaune et la Rouge depuis 2016, en attendant que l’indéboulonnable Jean Salmona (X 56, voir plus bas) lui cède sa page après plus de six décennies de bons et loyaux services !
- Grégoire Genest (X 13), relativiste

Né en 1994, Grégoire entre en 2013 à l’X, en sort dans la finance, puis crée en 2016 Chrysothemis (en hommage à Sophocle ?) et co-fonde en 2017 NEOS, une nouvelle solution de paiement en magasin. Infatigable, il crée maintenant l’Ecole Albert (en hommage à Einstein) avec Matthieu Heurtel (X 12), ancien du cabinet de Cédric O, qui s’installera dans les anciennes faïenceries de Choisy le Roi, rue de Paradis. A pour ambition de former des promotions de 800 matheux à l’analyse des données pour les entreprises, pour en faire des data scientists.
- Sirine Kadi (X 17) et Salomé Laviolette (X 17), contestataires

Le 24 juin, lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’X, dont le fil rouge était trouver sa place, ces deux Xettes sont montées sur la scène et, rejointes par une cinquantaine d’autres élèves de leur promo, se sont lancées, à la grande surprise des familles et de la « strass », dans une vive critique du capitalisme en général et notamment de la non-prise en compte de l’urgence climatique et sociale.
Cliquez ici pour lire l’article forcément dithyrambique consacré par le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) à cette initiative et à des évènements analogues survenus lors de la remise des diplômes de Centrale Nantes, Sciences Po ou AgroParisTech.
Curieusement, Sirine travaille comme économiste à la Direction générale du Trésor. Le loup dans la bergerie !
Vincent Le Biez (04), qui les suit opportunément dans l’ordre alphabétique, leur répond ci-après !
- Vincent Le Biez (X04), boomer

Originaire du Cotentin, Vincent Le Biez sort de l’X dans le Corps des Mines. Il débute sa carrière en 2010 à la Direction de l’énergie et de l’environnement d’Ile-de-France (DRIEE-IF). Il rejoint ensuite en 2013 la Direction générale du Trésor où il participe notamment aux négociations conduisant à feu l’accord de Vienne (JCPOA) de 2015. Il rejoint l’Agence des participations de l’État en 2015.

Proche de Hervé Mariton (X 77), il a été secrétaire général de son club de réflexion Réforme et modernité. Passionné de philosophie, il se demande ce que la politique peut apprendre des sciences des systèmes complexes comme la biologie, la théorie des jeux, la physique statistique ou la thermodynamique loin de l’équilibre dans Platon a rendez-vous avec Darwin (Les Belles Lettres, 2021).
Face à la débauche de contestations de la part de jeunes diplômés de grandes écoles qui veulent renverser la table, comme les susvisées Sirine et Salomé (X 17), Vincent leur signale gentiment que la France attend vos solutions, pas vos états d’âme ! (Le Figaro du 28 juin)
- Aurélie Moy (X 13), redirectionniste


Née en 1995, Aurélie intègre l’X en 2013 et commence sa carrière dans un grand cabinet de consultants mais comprend vite que ce n’est pas ainsi qu’elle pourra contribuer à résoudre l’urgence écologique et le dérèglement climatique. C’est ainsi qu’elle crée Ty Villages, un village de maisons minimalistes à St Brieuc avant de partir pour la Drôme, dans un château du XIXème siècle transformé en lieu de vie participatif intergénérationnel pour créer avec Vincent Rabaron (X 02), qui a commencé sa carrière dans une grande entreprise de travaux publics mais a, comme Aurélie, viré sa cuti très vite, Vingt-et-un Vingt-deux, une agence de redirection écologique, et pour enseigner l’acroyoga.

- Théau Quazza (X 20) et Rémi Soulas (X 20), 4L’éctriXiens


Théau et Rémi se lancent dans un projet pionnier de participation en équipage électrique à l’édition 2023 du rallye-raid 4L Trophy : 6.000 km à faire en dix jours en février 2023 de Paris à Marrakech à bord d’une Renault 4L convertie en électrique. Actuellement en stage de fin de deuxième année, Théau et Rémi cherchent des sponsors pour les aider à financer l’achat et la conversion d’une 4L et montrer la robustesse de l’électrique jusque dans les profondeurs du désert marocain.
Cliquez ici pour plus de détails.
- Jean Salmona (X 56), mélomane

Jean est issu d’une famille séfarade que l’Histoire a promenée de l’Espagne à l’Empire ottoman et la Grèce avant d’arriver à Marseille où il fait ses études et habite encore. Sorti de l’X dans le corps des Administrateurs de l’INSEE, Jean a fait l’essentiel de sa carrière dans le secteur public. Il a créé en 1971 l’ONG Data for Development dont il a été président jusqu’en 1996. Il a été PDG de CESIA, privatisée en 1998, et qui est devenue Unilog consultants. Il a lancé en 2009 la revue ParisTech Review, devenue Polytechnique Insights. Il est maintenant Associé-gérant de J&P Partners et senior advisor chez Ardian

Grand mélomane et musicien, Jean a écrit Une Fugue de Bach (2015) et fait depuis 1961 la chronique des CD sur la Jaune et la Rouge, accompagné depuis 2016 par Marc Darmon (X 83, voir ci-dessus) qui s’est spécialisé dans les DVD en attendant patiemment qu’il prenne sa retraite !
Cliquez ici pour lire sa biographie par Pierre Laszlo dans la Jaune et la Rouge de décembre dernier.
- Michel Virlogeux (X 65), pontificateur


Né en juillet 1946 à Vichy, Michel fait ses études au Prytanée de La Flèche, entre à l’X en 1965 et en sort dans le corps des Ponts et chaussées. Il commence sa carrière en construisant des routes en Tunisie, à une époque où cette activité n’était pas encore considérée comme un crime contre l’humanité. Dès 1974, il entre au Service technique des routes et autoroutes (Setra) et se spécialise dans la construction de ponts en acier et béton, qui fera sa gloire, avec la conception de plus de 100 ponts en France et à l’étranger : il a à son actif le pont de l’Ile de Ré (1988) ; le pont de Normandie (1995), le pont Vasco de Gama à Lisbonne (1995) ou le viaduc de Millau (2004), dont la renommée de l’architecte Norman Foster a quelque peu éclipsé la sienne.
Mais, comme il dit dans Les grand projets modernes, l’ingénieur et l’architecte (la Jaune et la Rouge n° 614, avril 2006), « quel que soit l’apport de l’architecte, c’est l’ingénieur qui peut seul porter la responsabilité du projet et de sa conception ».
Courrier des lecteurs
- J’ai écrit qu’à partir de 80 ans, on n’était plus dans la lumière, mais c’était oublier qu’il y avait Hubert qui après avoir fait connaître les polytechniciens morts pour la France, s’occupe de faire sortir de l’ombre des camarades polytechniciens encore vivants. Tu es un vrai Deus ex machina pour nous ! Un grand merci ! Amitiés Jean Brilman (X 59, auteur de Moriturus, notre lettre du 27 juin).
- Tu nous avais annoncé la publication de tes portraits tous les mois dans la Jaune et la Rouge. Qu’en est-il ? SA
R Effectivement j’envisageais une telle publication et Marwan Lahoud (83), président de l’AX et directeur de la publication, avait déclaré à réception du numéro 1 en mars qu’il trouvait l’idée excellente. Après plusieurs relances, Michel Berry (63), président du comité éditorial, vient toutefois de me faire savoir qu’une telle publication, faisant selon lui double emploi avec les portraits de Pierre Laszlo, « ne lui parait pas cadrer avec la ligne éditoriale de la Jaune et la Rouge ». HLL
- Merci Hubert de ce portrait de Djamchid DALILI (X78) dans ta lettre #8. Je suis moi-même touché par cette maladie, ceci depuis plus de vingt ans et probablement à la suite d’un immense stress professionnel qui m’a été infligé en 1998 par un « cher camarade » de promotion : J’ai perdu à cette occasion gravement la mémoire (ne sachant plus comment s’appelaient mes enfants). Cette perte a duré plus d’un an, la distinction qui m’a été remise à cette occasion a failli me tuer, et je ne m’en suis sorti qu’en réétudiant…SP.
Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !
Merci d’avance et bon été.
Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut