Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #19

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens, jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé.

  • René Bloch (X 43), amiral

Né à Francfort en 1923 de David Bloch, industriel juif alsacien et de Irma Benjamin, petit-fils du rabbin de Saverne, René Bloch fait ses études à Strasbourg, Paris, Limoges et Alger où sa famille s’est réfugiée au début de la guerre. Il s’engage dans les FFL en 1942, ce qui ne l’empêche pas d’être reçu second au concours de l’X, dont une partie était alors organisée à Alger, dans la promo dite « 43A ». Affecté à l’Ecole des élèves aspirants de Cherchell, il devient officier de la 1re Division de la France libre et prend part à la campagne de Tunisie et d’Italie et au débarquement de Provence à Cavalaire en août 1944. Il n’entre à l’X qu’en septembre 45, avec les promos 42 et 43 A, B et C, comme expliqué par Gérard Brunschwig (X 43) dans la Jaune et la Rouge de septembre 2001.

Sorti de l’X en août 1946 dans le Génie Maritime (GM, devenu Armement), il accumule les peaux d’âne avec une licence de sciences physiques à l’Université de Paris, un master of Art à Harvard en 46, l’Ecole du GM en 47, Supaéro en 48, où il côtoie Serge Dassault (X 46) et le CPA (devenu MBA d’HEC) en 1950, sans parler de l’Advanced management program de Harvard en 68 ! Affecté au Service aéronautique des constructions navales de Toulon en 1952, il s’occupe notamment du développement du Breguet 1150 Atlantic, un grand succès de coopération internationale. Très apprécié par Pierre Messmer, alors ministre des Armées, il devient en 1965 directeur des Affaires internationales puis en 1969 directeur du Centre d’études des Landes, où sont testés les missiles de notre Force de dissuasion, poste qu’il conservera jusqu’à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 qui le mettra en « disgrâce active ». Il n’aura plus de poste à sa mesure et sera à regret admis à la retraite en 1985. Nommé membre (1987) puis président (1998) de l’Académie de marine, il continuera à œuvrer comme ingénieur conseil pour diverses sociétés. A sa mort en 2016, les honneurs lui sont rendus dans la cour des Invalides avec un vibrant éloge de Jacques Godfrain, président de la Fondation Charles de Gaulle et d’Olivier Dassault, fils de Serge, mort en 2021 dans un accident d’hélicoptère. Emmanuel Hecht, qui vient de lui consacrer une biographie (Perrin, 2023), le qualifie d’ingénieur d’ancien régime ! Il s’était marié à l’âge de 50 ans avec une grande pianiste Lucienne Marino. Il n’avait pas digéré que les ingénieurs du GM deviennent en 1968 ingénieurs de l’Armement et appréciait qu’on continue à l’appeler gentiment Amiral Bloch. Il était Grand officier de la Légion d’honneur et avait reçu de nombreuses décorations étrangères mais la médaille qu’il préférait était Pingouin d’honneur de l’Aéronautique navale !

Alain Crémieux (X 55) lui a consacré une notice dans la Jaune et la Rouge de mars 2017, intitulée la passion de la France. Son successeur à l’Académie de marine, le contre-amiral Jacques Petit a prononcé son éloge funèbre le 18 décembre 2019.

On ne connait pas les liens de René avec son homonyme Albert Bloch, dont il est beaucoup question dans la Recherche, ainsi que dans Proust du côté juif, le dernier livre d’Antoine Compagnon (X 70, cf infra),  ni avec Richard Bloch (X 1872) ou Marcel Bloch (X 1901), deux as de l’aviation dont il parle dans Proust du côté polytechnicien dans la Jaune et la Rouge de mai 2023 (p 32).

  • Gustave Eiffel (X honoris causa)

Gustave Bonickhausen, dit Eiffel, n’est pas polytechnicien mais centralien. Personne n’est parfait ! Mais il a bien mérité de cette confrérie. Jugez-en : il a fait inscrire en lettres d’or sur le bandeau qui court autour du premier étage de la Tour les noms de 72 savants dont 34, soit près de la moitié, seraient sortis de l’X. Si on en enlève les 15 savants nés avant 1775, qui n’ont donc pas pu entrer à l’X, on obtient un ratio de 60 % de polytechniciens. Cet honneur fait à notre école valait bien à Gustave Eiffel d’être nommé X d’honneur, comme l’ont été avant lui Patrice Holiner et Pierre Laszlo.

Les 72 scientifiques de la Tour Eiffel

Ces noms, apparemment classés dans le désordre, sont assez grands pour pouvoir être vus depuis le sol. On ne sait comment Eiffel les a choisis, si ce n’est qu’il n’y a aucune femme, pas même Sophie Germain, et que ce sont uniquement des Français qui ont vécu après la Révolution et qui étaient morts lors de l’inauguration de la Tour, qui célébrait le centenaire de la Révolution, sauf Fizeau et Chevreul, morts peu après. Un autre critère, un peu curieux, est que leur nom ne pouvait faire plus de 12 lettres !

J’offre un exemplaire de Portraits de polytechniciens par Christian Marbach au premier qui me donnera la liste intégrale des 34 X, avec prénom courant et promotion. Mais attention aux pièges : seuls les noms patronymiques sont inscrits sur la Tour et certains prénoms proposés par Wikipedia sont sujets à caution …

Il serait intéressant de savoir si ce travail a été réédité pour le bicentenaire de la Révolution en 1989 ?

  • Nicolas Gaudemet (X 98), iconoclaste
Nicolas Gaudemet

Après le collège Lakanal à Sceaux, puis Louis-le-Grand et Saint-Louis à Paris, Nicolas entre à l’X en 98 et en sort dans le Corps des Ponts – où il suit le MBA de l’Ecole des Ponts Business School. Il complète sa formation à l’Institut Multi-Médias et en IA à Stanford. Il débute sa carrière à la direction du Trésor avant d’être nommé chef de l’audiovisuel public au ministère de la Culture en 2006 puis d’entrer chez Orange où il reste de 2008 à 2017, un record pour ce touche-à-tout ! Il prend en 2017 la tête du pôle Culture de Fnac Darty qu’il quitte en 2018 pour diriger le cabinet de Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’Etat au Numérique. Il rejoint en 2020 Onepointune société de conseil et de technologie créée en 2002 par David Layani, qui vient de le nommer Chief AI Officer, pour accompagner la transformation de l’entreprise et de ses clients dans le domaine de l’intelligence artificielle. 

Nicolas a écrit La fin des idoles, une critique sévère de notre univers médiatique (Ed. Tohu Bohu 2018, prix Jules Renard, 2019, voir la Jaune et la Rouge de juin 2018). Ce roman a été adapté en 2020 en série audio par Nextory. Il a également créé la collection Fidelio chez Plon où il vient de sortir deux opuscules, l’un sur Yukio Mishima et l’autre sur Jim Morrison.

Cliquez ici pour plus de détails sur Nicolas, une véritable idole des médias ! 

  • Patricia Langrand (X83), artiste

Née en 1963 à Marseille de deux professeurs, Patricia Bonnet entre à l’X en 1983. Elle en sort dans les Télécom comme son mari Franck Langrand (X 63) avec lequel elle a un enfant. Elle commence sa carrière chez France Télécom dont elle est directrice du marketing stratégique en 1992. Elle passe en 1996 au ministère des finances comme sous-directeur de l’Électronique grand public, de l’audiovisuel, des réseaux et des télécoms puis pantoufle en 1999 chez Canal+ comme directeur de l’Innovation et directeur technique. Elle revient en 2002 chez Orange comme directrice de cabinet de Thierry Breton puis directrice générale des activités Media. En désaccord avec Didier Lombard (X 62), elle saute à nouveau le pas en 2009 pour devenir vice-présidente exécutive chargée du Business développement, de l’innovation, du marketing et de la communication de Steria.

Patricia Langrand à Art Paris 2023

Patricia quitte Steria en 2015 pour se présenter à la présidence de France Télévision, dont elle était administrateur depuis 2009 mais le CSA lui préfère Delphine Ernotte, une simple centralienne ! Elle se console avec des tas d’activités dont administrateur d’Eurovision Services, Membre du Comité d’Audit des JO de Paris 2024, DG de MMBu et … artiste-peintre ! Paysagiste passionnée, elle a suivi à l’X les cours d’Hervé Loilier (X 67) et peint à ses moments perdus (elle en a !) des tableaux qui rappellent son enfance marseillaise et sa résidence à la Ciotat. Cliquez ici pour plus de détails. Un tel éclectisme suffirait à justifier sa présence dans cette lettre. Mais ce n’est pas tout : elle est candidate au conseil de l’AX. Candidate libre !!

Cette année, il y a 9 candidats pour 4 postes. Je rappelle à ceux qui trouvent normal qu’il y ait plus de candidats que de postes que cette situation est très récente. Jusqu’à ce que je rue dans les brancards pendant plusieurs années – d’où la création de ce blog, qui a maintenant changé de ligne éditoriale – les candidats étaient cooptés par le conseil et tout candidat non coopté était poliment dissuadé de se présenter. Et cela marchait. Sauf avec moi ! A la septième fois, les murailles tombèrent : Serge Delwasse (X 86) a été élu en 2021 alors qu’il était candidat « libre » ! Il subsiste toutefois de l’ancien régime l’existence d’un soi-disant comité de recrutement qui dit pour qui il recommande de voter. Mais pour montrer sa bienveillance envers les électeurs, il recommande 5 candidats, soit un de plus que le nombre de postes mais il en rejette 4 dont Patricia.

Je vous recommande donc de voter pour Patricia, ainsi que pour ses camarades d’infortune : Marie-Louise Casademont (X74), brillante organisatrice du grand magnan 2014, Tru Do-Khac (X79), le seul à m’avoir accompagné à une AG contestable et Franck Poirrier (X79), que je ne connais pas mais qui se dit magouilleur, c’est tout un programme !

  • Jean Peyrelevade (X 58), banquier
Jean Peyrelevade Par Marie-Lan Nguyen

Né en 1939 à Marseille de Paul Peyrelevade, professeur et de Nadia Benveniste, Jean entre à l’X en 1958 et en sort dans l’Aviation civile où il passe dix ans sur les grands programmes de construction aéronautique civile avant d’entrer au Crédit Lyonnais en 1973. Après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République en 1981, il devient directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy, chargé des questions économiques, jusqu’au tournant de la rigueur de 1983. Puis il a été président de Suez (1983-86), de la banque Stern (1986-88), de l’UAP (1988-93) et du Crédit lyonnais, dont il assure le redressement après la période de fuite en avant de Haberer (1993-2003). Il passe ensuite dans des petites banques d’affaires (Toulouse, Léonardo, Degroof et Petercam) avant de devenir consultant indépendant en 2019, à 80 ans, loin des 62 ans auxquels s’accrochent ses amis du PS, dont il est membre depuis 1964, tout en soutenant Bayrou en 2007 et en faisant partie quelques mois de la petite équipe de conseillers politiques de Macron fin 2015 – début 2016.

Marié en 1962 avec Anne Chavy, qui lui a donné 4 enfants, Jean est diplômé de l’IEP de Paris et a un DES en sciences économiques. Il a enseigné l’économie à l’X de 1969 à 1993 et a été éditorialiste au Nouvel Obs. Il a écrit de nombreux ouvrages dont L‘économie de spéculation (1974), Pour un capitalisme intelligent (1993), France état critique (2011) ou Journal d’un sauvetage (2016). Dans le dernier, Réformer la France, qui vient de paraitre (Odile Jacob, 2023, 276 p), il décrit le fonctionnement du gouvernement Mauroy, selon lui l’unique gouvernement vraiment réformiste de la Ve République. Il propose en conclusion des pistes concrètes pour réformer la France d’aujourd’hui et affirme l’espoir d’une France réformiste, installée sur la voie de la guérison. Tâche apparemment sans espoir quand on voit comment les Français réagissent devant une mini-réforme des retraites ! Mais il est vrai que Guillaume d’Orange disait qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre…

Pour la petite histoire, en 1986, lorsqu’il était chez Suez, Jean avait été séduit par mon projet de banque sans guichet, alors dénommée Télémaque, projet révolutionnaire à l’époque, hélas abandonné suite à un changement de gouvernance. Poursuivi à la Société Générale sous le nom de Dynabanque, il était à son tour abandonné suite à la tentative de dénoyautage de la SG par Georges Pébereau (X 50, frère de Michel) et les « golden papys » avec l’appui de la CDC.

Lorsque j’ai créé X Sursaut en 2005, Jean m’avait accompagné pour mon examen de passage devant le conseil de l’AX réuni un soir au grand complet afin de statuer sur son agrément en tant que groupe X. Le débat était houleux, certains membres éminents étaient opposés à ce qu’ils considéraient comme une immixion des polytechniciens dans le terrain politique en violation des statuts de l’AX. Lassé, Jean s’est levé et a dit : « Messieurs, nous avons eu la courtoisie de venir vous demander votre agrément mais, si vous ne voulez pas nous le donner, nous n’en avons rien à f… ». L’agrément a été obtenu aussi sec !

  • Claude Riveline (X 56), intellectuel
Claude Riveline

Né en 1936 à Paris d’un père négociant en chaussures, né à Paris dans une famille originaire de Lituanie, Claude entre à l’X en 56 et en sort dans le Corps des mines dont il est maintenant ingénieur général. Il commence sa carrière en Algérie dans le cadre du Plan de Constantine (61-62) puis fait un tour du monde avec une bourse de la Fondation Singer-Polignac (62-63) avant d’entrer à l’Ecole des mines de Paris comme chef de travaux d’exploitation des mines (63-67)

puis comme professeur de gestion (1967-2006), donnant sur la base de ses recherches un cours original de gestion des organisations et d’évaluation des coûts aux ingénieurs civils et au Corps des mines. Il a fondé en 1967 un laboratoire pionnier : le Centre de gestion scientifique de l’Ecole des mines.

Parallèlement, Claude a éclairé la vie intellectuelle du judaïsme francophone dès ses premières participations aux Colloques des intellectuels juifs de langue française dans les années 60, côtoyant les plus grandes figures du monde de la pensée de l’après-guerre (Levinas, Neher, Jankélévitch, Wahl, Amado Lévy-Valensi, Léon Askénazi…). Figure majeure de la pensée juive contemporaine, il est un des derniers représentants de l’Ecole française de pensée juive.

Claude a écrit de nombreux ouvrages dont vous pouvez trouver la liste en cliquant ici. Il a aussi écrit de nombreux articles. C’est ainsi qu’il a écrit pendant des années une page « Idées » dans le Journal de l’École de Paris du management, un peu à la manière des Propos d’Alain. 60 de ces pages ont été regroupées en 2006 dans Idées, tome 1, un superbe livre de chevet qui vous fait du bien, selon la Jaune et la Rouge. Le tome 2 est sorti en 2019 avec de nouvelles réflexions éclairantes et malicieuses sur le management…

L’Institut Elie Wiesel a organisé une soirée en l’honneur de Claude le 10 mai à la mairie du XVIème arrondissement avec diverses personnalités dont Michel Berry (X 63) et Claude Trink (X 71).

Actualités

  • Elisabeth Borne (X 81, notre lettre numéro 5) vient de fêter son premier anniversaire à Matignon. Estimant que sa biographe Bérengère Bonte, auteur de La secrète, avait dépassé les bornes en divulguant des secrets, concernant notamment son orientation sexuelle et sa vie familiale, elle a demandé à la Justice que lesdits secrets soient occultés dans les futures éditions. Alors, si vous voulez en savoir plus sur ces secrets inavouables (?), achetez vite La secrète avant que la première édition soit épuisée.

Dépêchez-vous car la publicité gratuite que lui a faite notre Première ministre en la poursuivant a sans doute décuplé ses ventes ! A moins que le livre finisse au pilon si notre Maitre des horloges décide un grand remaniement à l’issue des Cent jours, qui n’ont pas porté bonheur à son prédécesseur il y a 208 ans ?

  • Antoine Compagnon (X 70, notre lettre numéro 1) s’est vu remettre son épée d’académicien le 10 mai à la BNF Richelieu par Michel Zink, de l’Académie française. Une épée en verre (tel Harry Potter !) faite par le joaillier Boucheron, avec un renard déguisé en hérisson sur le pommeau, le rappel de la torsade de la tangente polytechnicienne sur la poignée et, gravée sur sa lame, sa devise Zut, zut, zut, zut, dérivée du début de la Recherche du temps perdu, son livre de chevet.
Antoine Compagnon avec son épée invisible

Un chic à la promo 70 qui faisait partie de son Comité de l’épée.

Dans un habit vert de Balenciaga qui, contrairement à son épée, n’était pas transparent, il a été reçu le lendemain 11 mai au quai Conti pour, selon la coutume, faire l’éloge de son prédécesseur au fauteuil 35, Yves Pouliquen, mort en 2020. Grand opthalmologue, ancien président de la Fondation Singer-Polignac, Yves Pouliquen avait succédé en 2001 à Louis Leprince-Ringuet (X 20 N) élu en 1966 dans ce fauteuil qui avait été occupé de 1918 à 1931 par le Maréchal Joffre (X 1869).

Dans sa réponse, Pierre Nora l’a qualifié de militaire en littérature, en rappelant qu’il était fils d’un général saint-cyrien, petit-fils d’un colonel saint-cyrien et arrière-petit-fils d’un colonel polytechnicien, Charles Compagnon (X 1865), lequel était demi-boursier et fils d’agriculteur – l’aXcenseur social existait déjà sous le second Empire ! –  et qu’il était le mélange d’une érudition impeccable, implacable et d’une sensibilité littéraire qui n’a cessé de l’habiter… avec une place centrale au cœur des intérêts dont l’Académie est dépositaire, la langue, la critique, la littérature, qui rend son arrivée dans cette Compagnie précieuse, nécessaire, attendue.

Toutes nos félicitations et longue vie d’Immortel à ce véritable polytechnicien Xtraordinaire !

  • Patrice Holiner (X d’honneur) dirige un grand concert de l’ensemble vocal de l’X samedi 10 juin à St-Germain des Prés : Splendeur du baroque.

Au programme : Haëndel: Zadok the Priest, Charpentier: Te Deum, Vivaldi: Gloria.

Vous pouvez réserver vos places sur vialuce.fr.

  • Henri Poincaré (X 1873) est à l’honneur au Mus’X qui organise une grande exposition à l’occasion de son sesquicentenaire.

L’exposition ouvre le 5 juin et dure jusqu’à l’automne. Le mus’X est ouvert tous les jours sauf le dimanche.

–        Laure Thibaut née Provost (X 84), née en 1966, professeur de maths à l’Institut Notre-Dame, ancienne élève de Blanche de Castille puis de Louis le Grand, vient de sortir avec son mari Michel un livre qui donne une vision croisée du parcours de deux cadres : Le combat d’une vie, ou comment être polytechnicienne et mère, et s’affranchir des réseaux (Le lys bleu, 2023).

Confrontés aux dysfonctionnements de la société actuelle, Laure et Michel se sont attachés à y faire face tout en conservant leurs valeurs. Comment être une femme cadre supérieure ? Comment concilier vie professionnelle et vie privée ? Comment lutter contre l’emprise des réseaux en privilégiant les compétences ? Autant de questions qu’ils illustrent avec leur vécu, tout en proposant des pistes de réflexion et d’amélioration.

Léonce Verny

Ingénieur du Génie Maritime, Léonce Verny dirigea à partir de 1865 la construction de l’arsenal naval de Yokosuka, permettant au Japon de commencer sa modernisation.

Clément Altman (X 2012) lui a consacré un article dans la Jaune et la Rouge (déc 2014).

Vous pouvez réserver l’ouvrage au prix de souscription de 25 € au lieu de 32 € jusqu’au 31 mai. Cliquez ici pour plus de détails.

François Villeroy de Galhau © Eric PIERMONT © 2019 AFP

Gouverneur de la Banque de France, vient de remettre sa lettre annuelle au Président de la République. Intitulée Comment la France et l’Europe vont vaincre l’inflation, il y insiste sur la priorité qui doit être donnée à la lutte contre l’inflation. Il pense que l’inflation devrait rapidement redescendre sous les 2 % mais n’exclut pas quelques nouvelles hausses des taux de la BCE. Il recommande de sortir absolument du « quoi qu’il en coûte » et de réussir à augmenter les capacités de production grâce à 2 transformations au niveau européen : énergétique/ climatique et numérique, et 2 spécifiquement françaises : transformation publique et surtout, dans un dialogue social relégitimé, transformation du travail, qui doit être collectivement plus abondant, et individuellement plus qualifié et plus attractif.

Courrier des lecteurs

  • Cher Hubert, Bravo pour ce mail très intéressant ! Amitiés. Jean Beunardeau (83).
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  • Cher camarade, bravo pour ces, portraits passionnants. En attendant que quelqu’un se lance dans ton portrait, je ne sais pas si tu as déjà fait celui de Jean Peyrelevade ? Je le connais bien, pour moi c’est un homme remarquable, malgré ses « erreurs de jeunesse » de nationalisations en 81. Je l’ai connu président du Crédit Lyonnais, lis ce qu’il écrit, et le vois de temps en temps. C’est le portrait de Philippe Herzog qui m’y a fait penser (X de gauche de quasiment la même promo). Avec toute mon admiration pour ton énergie débordante et ta contribution à la vie de l’AX et de l’X et des X. Pierre Debray (84). Merci de ton gentil message. Mon portrait a été fait par Pierre Laszlo dans la J et la R de  numéro 776. Reste ma nécro si tu veux mais je ne suis pas pressé 🙂 Concernant Peyrelevade, je l’adore. Je raconterai comment il a convaincu l’AX de donner son agrément à la création de X Sursaut qui suscitait des réactions variées… HLL
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  • Bonjour cher ami, Toujours un grand merci pour vos envois avec ces personnalités judicieusement présentées et si variées. Je vous propose un garçon atypique: Maxime Radmacher, X2014, ancien GénéK au parcours très original et parfaitement réussi. Vous pouvez le joindre de ma part, nous nous connaissons bien…. Bien à vous et bonne continuation. Patrice Holiner (X d’Honneur). Bien noté, merci, je le mets sur ma liste d’attente. Et au 10 juin. HLL.
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  • Je suis tombé, par un hasard de librairie, sur une biographie de l' »AMIRAL » René BLOCH (X 43), homme tout fait remarquable, qui a par ailleurs toujours préféré son titre d' »Ingénieur général du Génie maritime ». Cela pourrait relever d’une hagiographie, mais non, mon admiration de simple lecteur a été sollicitée par la précision, certes parfois un peu trop lassante, de ses hauts faits, guidés par une magnifique personnalité. Amicalement. Georges Jaskulké (55). Merci, je le mets sur ma liste d’attente, juste derrière Gilles Bloch (81). HLL
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  • C’est très bien Hubert, et merci. Avec juste deux erreurs (ce qui est beaucoup pour un polytechnicien !) … Amitiés. Jean Peyrelevade (55).  Merci, j’ai rectifié cf supra). HLL
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  • Cher Hubert, je me sens tout petit (mais tout fier) à côté des camarades de cet opus, qui, effectivement, sortent de l’ordinaire. Merci de ce clin d’oeil sympathique.  Amikhtiés. Rolland Russier (67).
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  • Bonjour Hubert, j’espère que tu vas bien. Qu’il soit « mainstream » ou « bifurquant » , Xtraordinaires apporte à l’élève-ingénieur polytechnicien une galerie de rôle models et de soft skills. Merci à toi pour cet outil ! Tru Do-Khac (X79).  Merci de ton message. Je suppose que les 17 et 18 sont partis dans les spams, pour le plus grand plaisir de Michel Berry qui n’a donné aucune suite au déjeuner tripartite organisé par Marwan Lahoud pour tenter de le convaincre de publier mes lettres dans la Jaune et la Rouge…HLL
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #18

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens, jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé.

  • Jean-Paul Bouttes (X 77), énergéticien
Jean-Paul Bouttes

Fils de Jacques Bouttes (X 52, ingénieur général de l’Armement, président de l’AX de 1982 à 1986) et père de David (X 06), Jean-Paul est né en 1957 à Neuilly sur Seine. Après des études préparatoires à Janson, il entre à l’X en 1977 et en sort dans le corps des administrateurs de l’Insee qu’il quitte rapidement pour entrer à EDF en 1982 où il finit comme directeur de la stratégie et de la prospective et chef économiste en 2007.

JP vient d’écrire un rapport sur La transition énergétique (Fondation pour l’innovation politique, Fondapol, 2 tomes, 2023). Le premier volume rappelle les décisions qui ont permis le déploiement rapide du programme nucléaire français dans les années 1960-75 et rend hommage aux ingénieurs qui, grâce à l’impulsion donnée par le Général de Gaulle et Georges Pompidou, ont été les artisans de cette réussite : Besse (X 48), Giraud (X 44), Guillaumat (X 28), Hug (X 49), Massé (X 16) …

Souveraineté énergétique par JP Bouttes

En s’appuyant sur l’analyse des réussites des Américains et des Chinois, le second volume passe en revue les erreurs qui ont abouti à la situation catastrophique actuelle du secteur électrique et de l’industrie française et décrit les conditions pour qu’un Etat stratège et pédagogue réalise une transition énergétique cumulant coût abordable, sécurité d’approvisionnement et respect de la planète Terre. Vaste programme !

Les travaux de JP résonnent avec ceux de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France. Rédigé par Antoine Armand, député Renaissance, arrière-petit-fils de Louis Armand (X 24), le rapport de la commission pointe six grandes erreurs qui ont conduit la France à accumuler un retard considérable en souveraineté énergétique et en tire six leçons générales et six chantiers opérationnels déclinés en 30 propositions à mettre en avant pour les décennies à venir.

J-P a été conseiller scientifique de l’Inria (1986-93) et professeur chargé de cours de sciences économiques à l’X (1992-2004). Ila également été membre du Comité d’orientation de la Chaire Développement Durable à l’X et professeur invité de North China Electric Power University à Pékin. Parmi ses œuvres, on peut citer une brochure sur L’Europe de l’électricité (IFRI, 2016, avec François Dassa), un livre audio sur L’énergie, histoire et enjeux (Frémeaux, 2022, avec Dominique Bourg) et un gros rapport sur Les déchets nucléaires (Fondapol, 5 tomes, 2022).

  • Philippe Herzog (X 59), eurocommuniste
Philippe Herzog

Philippe est né en 1940 à Bruay-en-Artois. Son père était ingénieur métallurgiste, grand prix de la recherche scientifique nationale, ses grands-parents paternels juifs croates morts à Auschwitz en 1943. Après des études à Nancy puis au lycée Saint Louis, il entre à l’X en 1959 et y crée un groupe de gauche. Il en sort dans le corps des administrateurs de l’INSEE et s’illustre avec la création d’un modèle macroéconomique dénommé ZOGOL (contraction de Herzog et du co-auteur Olive). Il enseigne l’économie comme professeur des universités de 1969 à 2004, notamment à Paris X Nanterre. Membre du PCF dès 1965, il y a un rôle actif au Comité central et au Bureau politique, dirige la revue Économie et politique mais il le quitte en claquant la porte en 1996, en plein XXIXe congrès, en raison de ses divergences sur l’Europe et regrettant que le PC n’ait plus de projet. Il a été député européen, conseiller spécial auprès de Michel Barnier, Commissaire au Marché intérieur et aux Services, membre du Conseil économique et social, membre du Conseil d’Analyse économique. Militant passionné de l’Europe, il est membre du Conseil de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe et président fondateur de l’association Confrontations Europe qu’il a créée en 1991 avec Michel Rocard. Depuis une vingtaine d’années, il poursuit une recherche d’ordre philosophique et historique sur la civilisation européenne.

Philippe a trois enfants de son premier mariage avec Helen. Il s’est remarié en 1994 avec Claude Fischer, fondatrice des Entretiens Européens et Eurafricains et animatrice d’Open world, un Cercle cinéphile.

Il a écrit de nombreux ouvrages dont La France peut se ressaisir (1987), D’une révolution à l’autre (2018) ou Les failles de la raison, pour un nouveau discours de la méthode (2022, la Jaune et la Rouge, avril 2023). Il est chevalier de la Légion d’honneur. Cliquez ici pour plus de détails sur sa carrière. 

  • Robert Hirsch (X 32), grand commis de l’Etat
Robert Hirsch lieutenant à Tours en 1937

Né en 1912 à Paris de Jules Hirsch, industriel et de Naïda Ach, Robert Henry Hirsch fait sa prépa à Janson et entre en 32 à l’X dont il sort dans l’Armée de l’air. Il vole d’abord sur Bloch 200, avec lequel il fait des prouesses en septembre 39 puis sur LeO451. Descendu en flammes par la Luftwaffe en mai 40 sur la route de Montcornet (là ou de Gaulle tentait d’arrêter les Allemands), il poursuit son action jusqu’à l’Armistice puis entre en Résistance sous le nom de Lassus.

Robert Hirsch en fin de carrière

Après la guerre, Robert a différentes fonctions administratives : Préfet de Charente Maritime, directeur général de la Sûreté nationale, période pendant laquelle survient l’affaire des fuites, préfet de Seine inférieure, préfet Igame de la Région Nord. Il est administrateur général du CEA de 1963 à 1970, période d’intense activité tant en matière de nucléaire civil, avec la guerre des filières, gagnée par le PWR américain contre l’UNGG français en 1969, et la mise en service du réacteur à neutrons rapides Phénix en 1973, qu’en matière militaire avec notre première bombe H qui explose dans le Pacifique en 1968. Il devient ensuite Pdg du Gaz de France en 1970, de la Sodern (Société anonyme d’études et de réalisations nucléaires) en 1975, de LEP (Laboratoires d’électronique et de physique appliquée) et de TRT (Télécommunications radio-électriques et téléphoniques) en 1980.

Outre ses fonctions de management, Robert a été Administrateur d’EDF, du CNES, d’Elf-Aquitaine, de La Radiotechnique et Président du Comité permanent des réformes administratives.

Il avait épousé en 1937 Jacqueline Ogé qui lui a donné 5 enfants (par ordre alphabétique !) : Antoine, Brigitte, Catherine, Daniel, Elisabeth. Il avait reçu de nombreuses décorations dont Grand-Officier de la Légion d’honneur et Médaille de la Résistance. Il est mort en 2003 à Gif-sur-Yvette. On trouve deux articles sur Robert Hirsch dans la Jaune et la Rouge mais il ne s’agit que de son illustre homonyme de la Comédie française…

  • Vincent Luciani (X 05), artefacteur
Vincent Luciani

Né à Paris en 1985 d’un père chercheur en physique théorique à l’X, d’origine corse et d’une mère éditrice d’origine iranienne, Vincent fait ses études secondaires à Lakanal (Sceaux) puis sa prépa à Henri IV. Il entre à l’X en 2005 et manifeste rapidement son sens de l’action collective en étant membre de l’équipe de handball, son sens de l’organisation en étant président de l’association Point Gamma (2007) et son sens du concret en complétant son diplôme de l’X par un mastère en management stratégique (HEC 2009), tout en se ménageant des temps de repos pour s’oxygéner sur ses terres corses en arpentant le GR 20.

Après quelques mois comme analyste chez Axa Private equity, devenu Ardian (2009-10), Vincent entre en 2010 chez McKinsey comme project manager pour l’aéronautique puis fonde en 2014 avec Guillaume de Roquemaurel (X 03)  Augusta consulting, société de conseil en marketing et publicité, spécialiste de data driven marketing, qui fusionne en 2016 avec Little big data, spécialiste de data creativity, puis en 2017 avec l’agence de medias Net Booster, cotée sur Euronext, pour devenir Artefact, une alliance unique entre experts du marketing digital et pionniers des technologies data, réunis autour d’une même vision : faire du marketing un service. Pour les annonceurs, comme Accor, Carrefour, Estée Lauder, Orange, l’Oréal ou Seb, Artefact c’est « Art » (intuition et créativité) et « Fact » (Data science) et c’est aujourd’hui un leader dans le conseil et le service en Data et IA avec 1300 collaborateurs.

Marié avec une restauratrice d’oeuvres d’art anciennes, Vincent a deux filles. Il figure sous le numéro 25 dans le Choiseul 100 de cette année (les 100 dirigeants français de moins de 40 ans qui vont compter, selon l’Institut Choiseul). Vincent nous dit : On a le vent dans le dos, notre ambition est de créer un champion français et de le porter à l’échelle internationale. Bon vent, cher Vincent, la France a besoin de jeunes entrepreneurs comme toi, qui n’ont pas froid dans le dos !

  • Rolland Russier (X 67), voyageur
Rolland Russier

Rolland est né en 1948 à Valence (Drôme), dans une famille provinciale aisée. Son père était dentiste et il a 3 grands-parents instituteurs, bonne preuve que les X ne sont pas tous fils d’archevêques ! Il a toujours aimé les chemins de traverse. Il voulait être animateur sportif, il fit beaucoup de ski pendant ses études secondaires à Valence puis en prépa au Lycée du Parc à Lyon. Il réussit quand même à intégrer l’X mais ne fut pas un cocon lambda : GénéK ! Il en parlera dans un prochain livre…

A sa sortie de l’X, passionné non seulement de ski mais aussi de moto, il profite des nouvelles règles (merci mai 68) de remboursement de la pantoufle pour faire l’ENSPM (Ecole Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs). Il décide ensuite d’explorer le monde, avec cinq sous en poche comme Lavarède, à la recherche d’aventures et de lieux inattendus, et il a été servi ! Le hasard, un grain de folie aidant, lui fit côtoyer nombre de lieux magiques, mais aussi de précipices, où il faillit plusieurs fois sombrer.

Après 3 ans de voyage autour du monde, Rolland va vivre une passion pour le monde des grands projets de travaux publics et de transport avec Artelia, leader européen de conseil, ingénierie et management de projet, dont il a été un cadre fondateur. Mais il doit commencer par faire le CHEBAP (Centre de Hautes Études du Béton Armé et Précontraint) car son patron lui dit : « Russier, vous êtes polytechnicien, donc vous ne savez rien faire. Il vous faut une école d’application ».

Le bonheur de l’ingénierie, nous dit Rolland, est de voir en vrai le fruit d’années de rêves et de travail. La retraite venue, il vient d’écrire le récit de son voyage initiatique : Incessantes tribulations, sous-titré A la recherche des neiges perdues. Voyage, humour, aventure, insouciance ! Et la découverte de notre monde, beau et chaleureux parfois, souvent sombre ou sulfureux aussi : vaste programme, qu’il prend plaisir à mettre en mots, mêlant insouciance et humour à des pages plus sombres et dramatiques.

  • Pascale Sourisse (X 81), thalèsienne
Pascale Sourisse

Née à Nantes en 1962 d’un père médecin, ancien président de la Société française d’anesthésie et de réanimation et d’une mère également médecin, Pascale Dixneuf prépare l’X à Louis le Grand. Elle intègre l’X à 19 ans et en sort dans les Télécom. Après quelques sauts de puce pour se former à la Compagnie générale des Eaux (84-85), chez Jeumont-Schneider (85-86), France Télécom (87-90) et au ministère de l’Industrie (90-94), elle entre en 1995 chez Alcatel Space. Elle en est nommée PDG en 2001 et devient PDG d’Alcatel Alenia Space en 2005 suite à la fusion avec Alenia Spazio et PDG de Thalès Alenia Space et membre du Comité Exécutif de Thalès après le transfert des activités spatiales d’Alcatel à Thalès dont elle est nommée DG de la division Systèmes d’information et communication sécurisés en 2008 et PDG de Thalès International en 2013.

Pascale est commandeur de la Légion d’honneur et du Mérite. Elle a épousé en 1989 Rémi Sourisse, son camarade de promo, qui lui a donné deux enfants. Elle est administrateur de Renault et de Vinci et membre de l’Académie des Technologies. Solveig Godeluck lui a consacré un article dans le numéro spécial de la Jaune et la Rouge consacré aux Femmes de Polytechnique.

Passionnée de voile, comme tout breton qui se respecte, Pascale sait se faire respecter. Ne l’appelle-t-on pas la dame de fer ? Dixneuf serait d’ailleurs une déformation de Guezennec qui signifie combat en vieux breton !

Notes de lecture

  • L’engagement, par Arnaud Montebourg

Dans cette autobiographie, le démondialisateur raconte comment il a vécu la fermeture des hauts fourneaux de Florange, les déboires de Peugeot, la vente d’Alstom aux Américains, ses actions contre la technostructure, la bataille du Made in France pour une reconquête industrielle, ses démêlés avec Bruxelles et la confrontation avec Macron, Valls et Hollande, menant à la rupture et à la reconversion dans l’apiculture avec Bleu, blanc, ruche

Dédicace d’Arnaud à Hubert

Si nous donnons asile dans notre blog aux mémoires de l’ancien ministre du Redressement productif, ce n’est pas en raison de sa gentille dédicace mais pour sa plume acide contre ceux qu’il appelle le Cercle de la raison et les Enarques bercyens payés à vie pour passer d’un poste à un autre en s’évitant le moindre risque, et surtout pour ses portraits de polytechniciens pas piqués des vers. Jugez-en : Emmanuel Sartorius (X 69), auteur d’un rapport critique sur le groupe Peugeot en difficulté en 2012 : hardi et rusé qui ne s’en laisserait pas conter… guère causant, ne souriant jamais… que son austérité janséniste rassurait… Bernard Esambert (X 54) : un gaulliste pur sucre, amoureux de la France, un homme passionné et délicieux. Ambroise Roux (X 40), extraordinaire bâtisseur de la CGE. Serge Tchuruk (X 58) : tristement célèbre inventeur du concept idiot de la France sans usines. Mais c’est à Patrick Kron (X 73), dont il n’a pas digéré qu’il ait vendu Alstom à General Electric en 2014, qu’il réserve ses plus vives critiques, frisant quelquefois la diffamation : aimant à rappeler qu’il avait été major de sa promotion… une tête de biscuit manqué… un invétéré courtisan… cynique et odieux… tellement antipathique… Mais il n’épargne pas non plus les hommes politiques, y compris ses propres « amis » dont chacun en prend pour son grade, sauf Colbert, créatif et bâtisseur… qui disait que rien n’est impossible… ! C’est ainsi que Manuel Valls est un de ces types qu’on trouvait en quantité au PS de l’époque, François Hollande un excellent sismographe… qui craignait la confrontation et Emmanuel Macron : Comment ai-je pu m’entendre avec ce garçon … déguisé en homme de gauche… qui sortait des arrière-cuisines de la fabrique de l’argent ?

Dans une postface datée de novembre 2022, Arnaud nous dit que la France doit se retrousser les manches sans délai. Bien vu ! Mais il ajoute que ce serait un contresens et une injustice que de faire peser sur ceux qui sont déjà actifs le besoin d’effort supplémentaire… Pour lui, ce sont ceux qui ne travaillent pas, ou pas assez, ou trop peu, qu’il faut remettre au travail…  L’un n’empêche pas l’autre, cf nos voisins allemands et autres !

Courrier des lecteurs

  • Cher Hubert, Merci infiniment pour cette belle évocation de mon père et ton amicale référence à mon livre. Le démarrage se passe plutôt bien … Amitiés, Vianney Bollier (64).
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  • Bonjour Hubert, Merci de m’avoir inscrit sur cette liste. Tu fais un travail remarquable et la lecture des faits d’armes de nos congénères est très enrichissante. Il faudra bien un jour que tu figures dans cette liste ! Amitiés. Jean-Pierre Hauet (64).
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  • Cher ami, Je vous remercie d’avoir pensé à mon père. Daniel Hirsch
  • J’ai découvert X Mines Auteurs (XMA) de façon fortuite, au détour d’un article de la série Dallax de Hubert Lévy-Lambert (53) dans lequel il évoquait XMA et conseillait la lecture d’une nouvelle… Jean-Jacques Lavigne (74). C’était Greta et la malédiction de la fée verte. HLL
  • Bravo et merci de cette nouvelle moisson de portraits passionnants. Je note que : 1/ Bollier, héros tragique, a épousé Noëlle avant d’être arrêté à Noël ; 2/ tu diffuses des preuves de l’existence de D.ieu (dues à un HEC) ; 3/ tu partages l’histoire pionnière de ta courageuse camarade Jennifer ; 4/ tu fais la promotion d’un des actifs de Vivapierre (Village club du soleil à Soustons, proche de Latché) et le président t’en remercie ; 5/ visionnaire l’extrait de la préface de la RCB par Massé ; 6/ https://mgm-ec.fr/ semble passionnant même s’il croit au hasard. Guillaume LL (HEC 82).
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  • Bonjour Hubert, et merci beaucoup ! Je suis très touché et fier que tu aies choisi de faire mon portrait ! Cela va donner un beau coup de pouce à Artefact ! … Encore merci et bravo pour tout ce que tu as fait pour les X, je suis un lecteur régulier de ta tribune. Vincent Luciani (05). Voir ci-dessus. HLL.
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  • Cher camarade, cher Hubert, je suis très touché par ta proposition. Quand je vois la liste impressionnante des camarades qui m’ont précédé, j’ai peur de ne pas leur arriver à la cheville. Mais je ne vais pas bouder mon plaisir. Rolland Russier (67). Voir ci-dessus. HLL.
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  • Cher Camarade, Un grand merci de tes efforts de mémoire toujours passionnants mais qui cette fois m’ont permis de découvrir la vie courte mais si héroïque du beau-frère de ma grand-tante André Bollier. Frédéric Tronel (96). Merci. Je fais suivre ton message à Vianney. HLL
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #17

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens, jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé.

  • André Bollier (X 38), résistant

Né à Paris le 30 mai 1920, André Bollier intègre l’X à 18 ans. A la déclaration de guerre en septembre 39, sa promo est envoyée dans des écoles d’officiers et André se retrouve artilleur hippomobile. Envoyé au front, il est grièvement blessé le 21 juin 40 dans la région de Vesoul et est sauvé par les Allemands qui le soignent et le renvoient dans ses foyers ! Il commence sa deuxième année en novembre 1940 à Villeurbanne où l’X s’est repliée et entre peu après dans la Résistance à Lyon, où il est chargé d’imprimer et diffuser les Petites Ailes, journal du mouvement Combat, sous le pseudonyme de Vélin.

Bien que pouvant avoir un grand corps, il entre aux Câbles de Lyon à l’automne 1941. Il se marie en avril 42 avec Noëlle Benoit. Arrêté à Noël, il parvient à s’échapper à temps pour assister à la naissance de sa fille en février 43. Entré dans la clandestinité, il est arrêté à nouveau en mars 44 mais parvient encore à se libérer. Quand la Milice attaque en force son imprimerie clandestine le 17 juin 44 avec l’aide de soldats allemands, André tente de s’enfuir mais, grièvement blessé, il retourne son revolver contre lui pour échapper à la torture.

Il a été fait Compagnon de la Libération à titre posthume.

Né peu après la mort de son père, Vianney (X 64), président de X Résistance, a écrit un article sur lui dans la Jaune et la Rouge de décembre 2004 et lui rend hommage dans un beau livre qui vient de paraitre aux Editions du Félin : André Bollier, Vélin.

  • Olivier Bonnassies (X 86), théologien
Olivier Bonnassies

Né en 1966 d’un père protestant, directeur d’Air France, et d’une mère catholique, au foyer, qui ont failli devenir Témoins de Jéhovah, Olivier entre à l’X en 1986. Après une année de préparation à l’ENA à l’IEP Paris (1989-1990), il se demande quel est le sens de la vie, quel est son but, d’où vient-on, où va-t-on ? Il tombe alors sur un livre de Jean Daujat, un brillant normalien, intitulé Y a-t-il une vérité ? , ce qui le conduit à considérer qu’il y a des preuves très sérieuses de l’existence de Dieu. Il passe alors une licence de théologie à l’Institut Catholique (1994). Il intègre ensuite l’Institut HEC Start up (1994-1995) après quoi il devient serial entrepreneur et crée de nombreuses sociétés de conseil et de communication : GTI (presse), METALOG (informatique), STELLA (communication et publicité) et GENERAL MEDIA (Internet e-commerce de Wanadoo). Il est en outre Gérant d’OPALE SMR, de MEDIALOG, de MDN PRODUCTIONS et de PANAGHIA PRODUCTIONS.

Parallèlement à ses nombreuses activités professionnelles, Olivier a créé en 2012 le site d’information Aleteia, qui est aujourd’hui le premier site catholique du monde et lancé le mouvement des Vierges pèlerines avec l’association Notre-Dame de France. Il a également fondé l’association Marie de Nazareth pour la création du Centre international Marie de Nazareth, à Nazareth (Israël) et il diffuse un message quotidien : Une minute avec Marie et fait les vidéos de la chaîne YouTube de Marie de Nazareth.

Marié et père de 6 enfants, Olivier a écrit plusieurs ouvrages de théologie dont Une année avec la Vierge Marie (2016) ou Dieu, la science, les preuves (2021), best-seller écrit avec Michel-Yves Bolloré, frère de Vincent, et préfacé par Robert Wilson, prix Nobel de physique 1978, découvreur du rayonnement de fond cosmologique à l’origine du big bang.

  • Jennifer Guillermin (X 53), trans

Bien avant Anne Chopinet (72) qui avait inauguré avec fracas l’entrée officielle des femmes à l’X, et sans parler de Sophie Germain qui avait suivi en 1794 les cours de l’X sous le pseudo d’Antoine Auguste Leblanc, la « bible » des anciens X nous indique qu’il y a une femme dans la promo 1953 : Jennifer Guillermin !

Jean Guillermin en 1953

Jennifer est en effet entrée à l’X en 1953, mais c’était à l’époque un homme, prénommé Jean. Il était dans le même casert que moi, je peux en témoigner ! Sorti dans les Télécom, il se marie et a 5 enfants et fait toute sa carrière à la RTF puis l’ORTF, sans jamais dévoiler son désir de changer de genre qui n’était pas, à cette époque, aussi courant qu’aujourd’hui.

Fin 1982, TDF, dont il est directeur général, est chargée de retransmettre les vœux de Nouvel an du président Mitterrand, alors en villégiature à Latché (Landes). La configuration des lieux fait qu’il faut une grue pour surélever l’antenne parabolique et permettre à l’allocution d’être convenablement transmise. La grue arrive hélas un peu trop tard, l’allocution doit être reportée au 2 janvier et Mitterrand furieux fait virer notre camarade qui n’en pouvait mais !

Jennifer Guillermin en 2003

La 53 a un site très complet, animé par C-M Marle (53), qui retrace la vie de la promo et les itinéraires des camarades qui ont bien voulu les partager. Jean-Jennifer nous y dit : «…Depuis l’âge de onze ans déjà, mon cerveau d’enfant puis d’adolescent refusait secrètement le « genre » masculin que mon anatomie m’avait imposé à ma naissance et que, bien entendu, le « conseil de révision » n’avait pas démenti ! La pression sociale était telle à l’époque qu’il n’était pas question de transgresser ce qui était considéré, alors, et qui reste à certains égards, dans notre civilisation occidentale, un tabou… »

Cliquez ici pour lire l’intégralité des souvenirs de Jean-Jennifer qui est aujourd’hui retiré(e) à Gordes, plus beau village du monde selon Travel+Leisure, où Mitterrand avait aussi une propriété, et cliquez ici si vous voulez passer des vacances près de Latché, dans le magnifique village de vacances de Soustons exploité par Villages Clubs du Soleil.

  • Marion Guillou (X 73), agronome
Marion Guillou

Née en 1954 à Marseille, fille du professeur Charpin, ponte de l’université de médecine de Marseille (Macron 9/9/21), et d’une mère chercheuse en palynologie, Marion prépare les grandes écoles au Lycée Thiers. Elle entre à l’X en 1973, juste après qu’elle ait été ouverte officiellement aux femmes, et en sort dans le corps du Génie rural, des eaux et des forêts, fusionné depuis avec le corps des Ponts. Après l’ENGREF, devenue Agro Paris Tech, elle obtient un doctorat en sciences de l’alimentation à Nantes et travaille quelques années dans un labo du CNRS à Nantes. 

Parmi les nombreux postes qu’elle a occupés, on citera : déléguée régionale à la recherche et à la technologie dans les Pays de la Loire (1986-89), directrice générale de l’Alimentation au ministère de l’agriculture (1996-2000), au moment de la crise de la vache folle, DG puis PDG de l’INRA (2000-2012), présidente d’Agreenium (2015-2020).

Poste qui nous touche particulièrement, Marion a été Présidente du conseil d’administration de l’X de 2008 à 2013, jusqu’à la réforme de la gouvernance de l’Ecole qui a conduit à la nomination de Jacques Biot (X 71) comme Président. Le DG de l’X était alors le général Xavier Michel (X 72), le dernier général à diriger l’X, remplacé en 2012 par l’ingénieur général Yves Demay (X 77). 

Marion est commandeur de la Légion d’honneur et a reçu de nombreuses autres distinctions. Elle a été Conseillère d’Etat en service extraordinaire de 2017 à 2020. Elle est membre du Haut conseil pour le climat, de conseils d’administration de centres de recherche internationaux (Bioversity, CIAT), de sociétés (Véolia, BNP Paribas) et d’institution (l’IFRI), et préside un fonds consacré à la biodiversité cultivée. 

Inquiète des risques d’une crise alimentaire mondiale majeure, Marion a créé l’Initiative commune de programmation sur l’agriculture et le changement climatique (FACCE-JPI), a été membre du comité d’experts de haut niveau (HLPE) auprès du comité mondial de sécurité alimentaire et écrit de nombreux papiers sur la sécurité alimentaire, dont 9 milliards d’hommes à nourrir : Un défi pour demain (2011, avec Gérard Matheron). Alors que le cap des 8 milliards vient d’être dépassé et que l’espèce humaine continue à augmenter de 250.000 par jour, on attend une nouvelle édition ! 

Marion a épousé son camarade de promo Hervé Guillou avec qui elle a eu 3 enfants. Sous le titre « le sens du collectif », Sylvie Hattemer-Lefevre a écrit une notice sur elle dans la Jaune et la Rouge de septembre 2012. 

  • Patrick Liot (X 73), coach
Patrick Liot

Né en 1955 de Jean-Pierre Liot (X 43), entrepreneur de machines agricoles, Patrick fait l’X en 73 et en sort dans les Télécom. Il passe ensuite un MBA à Stanford et suit la formation d’executive coaching d’HEC, dont il sort coach certifié. Il travaille pour General Electric, France Telecom et The Boston Consulting Group avant d’entrer chez Alcatel-Lucent pour en diriger plusieurs divisions opérationnelles et conduire des projets majeurs de transformation. Spécialisé dans les intégrations post fusion et dans les rationalisations de fonctions support, il a conduit l’évolution de plusieurs divisions d’un modèle d’organisation orienté produit vers une orientation marché et d’un modèle de vente direct vers un modèle multicanaux.

Patrick a créé en 2013 Kiomène, cabinet spécialisé dans l’accompagnement de dirigeants et d’équipes de direction d’entreprises pour l’amélioration de leur performance opérationnelle et la conduite de projets de transformation.

J’ai fait la connaissance de Patrick en 2013 en tant que kessier de sa promo, membre actif du comité de pilotage du magnan décennal de mai 2013, dont j’avais pris l’initiative pour les promos en 3. J’espérais participer en 2023 à un nouveau grand magnan des promos en 3, mais il est malheureusement aujourd’hui tombé en désuétude, après que l’AX en ait pris le contrôle au bout de quelques années pour en assurer la pérennité…

Inutile de dire que Patrick n’est pour rien dans l’initiative de Charles de Courson de déposer une motion de censure au nom du groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) contre la mini-réforme des retraites concoctée sur un coin de table par Emmanuel Macron en 2023 à la place de la réforme systémique abandonnée en 2021 sous le prétexte du covid…

  • Hugues Lys (X 12), artisan joaillier
Hugues Lys

A sa sortie de l’X, Hugues fait un MBA au Collège des ingénieurs tout en apprenant la joaillerie en autodidacte avant d’entrer à l’Ecole Boulle. Il travaille plusieurs années en sciences, en ingénierie et dans le génie civil, comme en atteste la « bible » de cette année où il est inscrit comme conducteur de travaux chez Colas ! Après s’être intéressé à l’intelligence artificielle, comme en témoigne son annonce actuelle dans malt.fr (je recherche actuellement une mission en data science), il fait une année sabbatique puis se met à son compte en 2019 en appliquant son goût pour la précision, l’exploration technique, l’innovation et les choses bien faites à la création de bijoux originaux. Mi-joaillier, mi-savant fou, il fait tout en interne : design, travail du métal, sculpture à la cire, moulage à la cire perdue, sertissage et polissage. Son premier bijou est un anneau clignotant.

Hugues affirme qu’en tant qu’artisan, il met une partie de son âme dans chaque pièce qui passe entre ses mains. C’est pourquoi il n’utilise pas de CAO, ni d’impression 3D et ne travaille qu’avec des métaux précieux et des pierres précieuses naturelles.

Cliquez ici pour découvrir la magnifique panoplie de bijoux créés par Hugues et cliquez ici pour lire l’interview d’Hugues et d’Aymeric Voisin (X 2001) par Lucas Delattre, professeur à l’IFM, dans la Jaune et la Rouge d’octobre 2021.

  • Pierre Massé (X 1916), planificateur

Né en 1898, Pierre Benjamin Daniel Massé est reçu second à l’X en 1916. Il est également reçu à Normale mais choisit l’X. Il en sort 6ème dans le corps des Ponts. Envoyé se battre dans le 19ème RI, il obtient la Croix de guerre après l’offensive du Chemin des Dames. Il entre en 1928 dans l’industrie électrique et construit des usines hydrauliques. Il participe activement à la Résistance avec son épouse. Il est nommé en 1946 directeur de l’équipement d’EDF qui vient d’être nationalisée puis directeur général adjoint en 1948.

De Gaulle, qui considérait le plan comme une ardente obligation, le nomme Commissaire général du Plan en 1959. Créé en 1946 par Jean Monnet, qui disait que les hommes n’acceptent les changements que dans la nécessité, le CGP a disparu en 2006 pour être remplacé par le CAS, lui-même remplacé par France Stratégie en 2013, avant de renaitre en 2020 sous la férule très politique de François Bayrou. Il quitte le CGP en 1965 pour devenir président d’EDF avant d’être nommé en 1969 président de la Fondation de France qui venait d’être créée. Il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1977 avec les mots comprendre, construire, convaincre gravés sur son épée. Il meurt à Paris en 1987. Il était grand officier de la Légion d’honneur. Une rue de Paris porte son nom dans le XIVème.

Membre des commissions de l’Eau, de l’Energie et de l’Aménagement du territoire, j’ai eu le plaisir de le rencontrer au CGP rue de Martignac et il m’a fait l’honneur de préfacer, alors que j’étais sous-directeur chargé de la RCB à la Direction de la Prévision, un petit livre que j’avais écrit avec Henri Guillaume, futur Commissaire au Plan (1984-87), sur la Rationalisation des Choix Budgétaires (PUF, Collection Sup, 1971). Dans sa longue préface, on peut lire : « L’expansion remarquable de la production française au cours de 25 dernières années est due pour une large part aux progrès de rationalité accomplis dans la conduite de l’économie… Hommes politiques et analystes doivent apprendre à dialoguer ensemble… Peut-on imaginer un jour que les pupitres des parlementaires seraient remplacés par des consoles reliées à des ordinateurs puissants leur permettant de connaitre les conséquences de toute nature des décisions qu’ils envisagent de prendre ? Mais j’aborde peut-être ici la politique-fiction… ». Un demi-siècle plus tard, il aurait été déçu de voir comment nos députés ont discuté du projet de réforme des retraites, loin de toute rationalité.

Pierre Massé a écrit de nombreux livres dont Hydrodynamique fluviale (1943), Le Choix des investissements (1959), Le Plan ou l’Anti-hasard (1965), Les Dividendes du progrès (1969) et Aléas et progrès : entre Candide et Cassandre (1984).

Cliquez ici pour lire l’article que Jean- Marc Daniel (X 74) lui a consacré dans le Monde du 11 janvier 2010, intitulé Le planificateur des années 60.

Bis repetita

  • Gérard Araud (X 73, notre lettre numéro 1), vient de sortir une histoire diplomatique de la France entre les deux guerres sous le titre Nous étions seuls. « Quand on a de tels alliés, on n’a pas besoin d’ennemis !  » constate-t-il dans cette violente critique du comportement des Anglais et des Américains, agrémentée de nombreux portraits : Barthou, , Berthelot, Briand, Daladier, Lloyd George, Keynes, Poincaré, Saint-John Perse…
  • Patrick Artus (X 70, notre lettre d’avril 2022) vient de sortir, avec Olivier Pastré, De l’économie d’abondance à l’économie de rareté (Odile Jacob, 182 p). Partant du fait que le travail, les matières premières et l’énergie sont devenus rares, Patrick livre ne voit d’autre solution à la crise de l’énergie qu’une augmentation des transferts sociaux et une augmentation corrélative des impôts ! Qu’importe que la France soit déjà le champion des transferts et des impôts et celui où on travaille le moins, n’en déplaise aux opposants à la mini-réforme des retraites qui vient d’échapper de justesse à la motion de censure des Liot (voir ci-dessus). De minimis not curat praetor !
  • Gala Vinogradova (D 14, notre lettre de mars 2022) joue les 16, 23 et 24 mai à 19 h 30 à l’Espace Icare (31 boulevard Gambetta, Issy-les-Moulineaux) Le Journal d’Audrey Hepburn, pièce que la mairie d’Issy les Moulineaux a choisie comme son coup de cœur du mois. Le sujet est Audrey Hepburn et Anne Frank – un parallèle, un espoir ? Philippe Georges (X 79) en dit : « Une superbe leçon de vie, d’élégance et d’empathie.  Quelle émotion de voir surgir devant nous, vivante, pétillante et délicieuse, Audrey Hepburn, venue nous conter avec sa grâce, son élégance et sa légèreté les grandes lignes de sa vie par le chant, la danse et des personnages variés qu’elle incarne tour à tour, seule sur scène…». 
  • Patrick Puy (X 75, notre lettre de janvier dernier), spécialiste de la restructuration d’entreprises en grande difficulté financière, qui venait d’être embauché par Michel Ohayon pour redresser la situation de Go Sport, vient d’être remercié par le même, moins de 2 mois après sa prise de fonctions !

Courrier des lecteurs

  • Bonjour Hubert Je lis toujours avec intérêt et souvent avec délectation tes portraits d’Xtraordinaires. Pour enrichir cette galerie, je me permets de proposer un tandem : Jérome Giaccomoni et Mathieu Gobbi, tous les deux de la 88. Ils ont fondé la société « Aérophile » qui a redonné vie aux ballons captifs dont ils ont installé de nombreux exemplaires dans toutes les parties du monde. On leur doit le ballon d’Airparif au parc André Citroën. J’ai eu l’occasion d’interagir avec eux en 1999 à deux occasions. Jean-Louis Bobin (54) Bien noté pour ma liste d’attente, merci. HLL
  • Merci : mettre en avant cette variété des profils et destins, avec de très belles figures, est une contribution d’intérêt général…! Je passe de mon côté un peu de temps à combattre ce que j’appelle « la fabrique du pessimisme », pessimisme médiatique, et médiatisé par de grands acteurs associatifs. Continue tes portraits ! Jean de Bodman (69)
  • Non je ne me désabonnerai pas, car je les lis toujours intégralement avec beaucoup d’intérêt. Bonne continuation. Confraternellement, Félix Bogliolo (72)
  • Cher Hubert, Merci beaucoup pour cette attention amicale qui me touche. Ton texte est très beau mais tu me pardonneras de te proposer quelques petites modifications… Je lis la plupart de tes lettres avec intérêt ! Amitiés, Vianney Bollier (64). Fait, HLL.
  • Cher camarade, Merci de m’avoir inscrit, j’apprécie ta verve au travers de ces portraits. Amicalement, Gérard Bontron (57).
  • Merci Hubert, Je continuerai à lire avec beaucoup d’intérêt tes portraits ! Amitiés, Pascal Bouillon (79).
  • Cher camarade, Merci de m’avoir inscrit sur ta liste, car j’apprécie beaucoup ces portraits que tu nous envoies. Bien cordialement. Michel Brouillard (58)
  • Cher camarade, Merci pour cette inscription. Je lis tes portraits avec intérêt. Amicalement. Henri Cesbron Lavau (68).
  • Hubert, merci de me citer dans ton palmarès juste après Coriolis ! Mon seul mérite est d’avoir découvert les grands mystères de l’Univers et de la vie, et de faire partager aux autres mon étonnement et mon enthousiasme. Michel Galiana-Mingot (68) www.mgm-ec.fr
  • Cher Camarade, un grand merci. J’apprécie bcp tes portraits d’Xtraordinaires. Je ne me souviens pas d’avoir vu son nom (peut être omission de ma part) sinon, je suggère un nom, celui de notre camarade Truelle, DG des App Auteuil. Bien cordialement. Jérôme Granboulan (74). Merci. Je l’ajoute à la liste d’attente. HLL.
  • Bonjour et merci bien pour cet ajout, promesse de documents très intéressants ! Bien cordialement. Aude Guignard ( ?).
  • Cher camarade, Merci. Tes Portraits sont toujours très intéressants, je ne me désinscrirai donc pas de la liste. Bien amicalement. Christian Guittet (70).
  • Cher Hubert, Merci, c’est passionnant comme toujours. J’ai notamment lu avec intérêt le portrait de Cécile Rastoin (X88) et commandé son dernier livre. Il pourrait être intéressant de rappeler l’engagement de Sœur Cécile auprès de la communauté polytechnicienne : membre du Bureau du groupe X-Mémorial, elle compile chaque année avec minutie la liste des camarades qui nous ont quittés, de façon à ce qu’un hommage leur soit rendu lors des commémorations de fin novembre organisées par X-Mémorial. Amicalement. Olivier Herz (79). Fait. HLL
  • Un grand merci, cher Hubert. Toutes mes amitiés à vous deux. Pierre Laszlo (X d’honneur).
  • Bonjour cher Hubert, Je découvre tes portraits, qui montrent la belle diversité de trajectoires des X ! Avec plaisir pour rejoindre ton patchwork … Laure Lignon (06)
  • Hubert, Je te remercie pour tes portraits que je lis et que  j’apprécie beaucoup. Tu es un homme de coeur, et de tête bien sûr.  Bien à toi. Jacques Marvillet (61).
  • Merci ! Alexandre Maymat (87)
  • Cher Camarade, J’ai toujours grand plaisir à lire tes portraits. La variété des destinées humaines me fascine. Si tu peux me laisser accéder à ces documents j’en serai très heureux. Cordialement. Serge Perrine (71).
  • Cher camarade, Très touchée d’être dans les portraits DallaX ! quel honneur ! J’ai regardé avec intérêt les autres dans cette « série » que je découvre. Quelle est diverse et variée notre communauté polytechnicienne ! Pour ce qui est de mon portrait, une petite nuance : j’ai passé mon doctorat en « astrophysique et techniques spatiales », cela précise de quelle physique il s’agit et confirme mon goût pour le ciel ! Je n’ai pas vraiment été influencée par mon frère dans mon choix vocationnel, malgré les apparences… mais je ne vais pas ergoter là-dessus. Plus que la génétique, c’est certainement l’apprentissage de l’hébreu qui nous a aimantés vers la Torah. Autre bémol j’ai été prieure de 2012 à 2018 et le suit à nouveau depuis 2021. Notre Ordre du Carmel étant de la catégorie « mendiant » (comme les franciscains et les dominicains) il est démocratique avec des élections tous les trois ans (et une limite de six ans d’affilée sauf exception)). Voilà pour la petite précision mathématique sur la durée des mandats… Je travaille actuellement pour qu’Edith Stein devienne Docteur de l’Eglise (le plus haut titre honorifique de l’Eglise catholique). Cela serait hautement symbolique et porteur car elle a écrit de belles choses sur le peuple juif et sa mission actuelle. Mais surtout merci de ta créativité pour faire connaître que l’X mène à tout. Sr Cécile Rastoin (88). Chère soeur (est-ce ainsi qu’il faut t’appeler ?), je te remercie de ton gentil commentaire qui me fait très plaisir. Je le publierai in extenso dans ma lettre de mars mais j’ai d’ores et déjà modifié ma lettre de février pour y inclure le thème de ta thèse et ta réélection, dont je te félicite. Bien à toi. HLL
  • Merci, cher Hubert, pour cette mise à l’honneur au milieu de bien plus prestigieux camarades. Il y a quelques petites erreurs sans importance, mais je note que tu es au plus près de l’actualité avec ma mise en cause du site de la bataille de Gergovie. J’espère que tu en auras de bonnes nouvelles.  Bien à toi. Kléber Rossillon (73).
  • Cher Hubert, Je découvre ta feuille mensuelle : superbe initiative. Je me suis abonné à ton blog. Et espère que mes pérégrinations improbables te feront passer un bon moment. Cordialement. Rolland Russier (67).
  • Cher camarade, Je regarde avec plaisir et intérêt tes biographies sur des X extraordinaires. Si cela peut t’intéresser, et pour changer de la biologie moléculaire ou de l’informatique quantique, je te signale des X ingénieurs militaires géographes… Adrien Durand… Pierre Peytier… Jean Baptiste Coraboeuf… Jean Prosper Testu…. Ces quatre X sont ainsi parmi les premiers vrais pyrénéistes des hautes montagnes. Avec mon bon souvenir, Christian Saint Guilhem (56). Bien noté, je les mets sur ma liste d’attente, merci. HLL
  • Merci Hubert, tu fais là une fois de plus un beau et bon travail. Amitiés. Daniel Tardy (53).
  • Merci Hubert, c’est une bonne lecture. Avec ma fidèle amitié pour vous deux. François de Wissocq (53). 

Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur du Mus’X

PS Suite à un alourdissement des modalités de facturation de mailchimp, ce message vous est dorénavant envoyé via polytechnique.net, dont je remercie les responsables pour leur efficacité.

En application du RGPD, vous pouvez vous désabonner en cliquant ici.

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #16

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens, jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé.

Philippe_Bunau-Varilla en 1924
  • Philippe Bunau-Varilla (X 1878), panaméen

Né à Paris en 1859 de père inconnu, Philippe entre à l’X en 1878 et en sort dans le corps des Ponts. Il part à Panama en 1884 pour participer à la construction du canal lancée par Ferdinand de Lesseps. Il est quelque temps directeur général de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama. Après un retour en France dû à la fièvre jaune, il crée avec son frère Maurice une société qui obtient le contrat de la section la plus délicate du canal, le massif de Culebra, avec les écluses conçues par Eiffel. Mais en 1889 la faillite de la Compagnie Universelle le contraint à rentrer en France. Les petits actionnaires sont ruinés mais il a fait fortune ! Il échappe aux poursuites qui mènent Lesseps et Eiffel en prison et se lance dans la presse, en achetant Le Matin, tout en continuant à s’occuper du projet de canal. Il participe à la sécession de Panama, alors partie de la Colombie et à la signature en 1903 d’un traité dit Hay-Bunau-Varilla entre Panama et les USA. Abrogé seulement en 1977, ce traité donne aux USA la souveraineté sur la zone du canal qui sera enfin achevé en 1914.

Après Panama, Philippe s’occupera de chemins de fer en Espagne, au Portugal et au Congo belge et même du métro parisien avant d’être happé par la guerre de 14-18. Il perd une jambe à Verdun, ce qui ne l’empêche pas d’inventer un traitement de l’eau potable pour les tranchées, qui sera baptisé Verdunisation. Il écrit de nombreux livres depuis Panama, le passé, le présent, l’avenir. Panama, le trafic (1892) jusqu’à De Panama à Verdun. Mes combats pour la France (1937). Il meurt en 1940 à Neuilly sur Seine. Il avait épousé en 1889 Ida de Brunhoff, dont la soeur Sophie avait épousé peu avant son frère Maurice. La jaune et la rouge a recensé un livre sur Philippe et son frère en 2008.

  • Gaspard Coriolis (X 1808), mécanicien
Gaspard-Gustave de Coriolis, par Zéphirin Belliard (1841)

Né le 21 mai 1792 d’un père membre d’une famille influente au sein de la noblesse de robe provençale et d’une mère membre d’une famille d’aristocrates lorraine, Gaspard-Gustave de Coriolis est l’ainé de 6 enfants dont 3 meurent en bas âge. Très précoce, il entre en math spé à 14 ans à Nancy et intègre l’X 8ème sur 157 à 16 ans ! Il en sort dans le corps des Ponts. Après diverses affectations en service ordinaire, il obtient d’être nommé en 1817 répétiteurr du cours d’analyse et de mécanique donné par Cauchy. En 1829, il devient professeur d’analyse géométrique et de mécanique générale à Centrale puis en 1831 professeur de mécanique appliquée aux Ponts. Il est élu en 1836 à l’Académie des sciences et est nommé directeur des études de l’X en 1838 jusqu’à sa mort en 1843.

Coriolis a écrit de nombreux ouvrages dont Théorie mathématique des effets du jeu de billard et, ce qui lui vaut sa renommée, Sur les équations du mouvement relatif des systèmes de corps, où il montre que, pour un corps en mouvement sur la surface d’un solide en rotation, il faut ajouter à l’accélération une force perpendiculaire à la vitesse, qui a pour conséquence d’imposer une trajectoire courbe à un corps qui autrement se déplacerait de façon rectiligne. Sur terre, la force de Coriolis détermine la direction générale des vents alizés et des courants marins et explique la rotation des ouragans et des tornades.

Dans Un mathématicien, théoricien de la mécanique appliquée, (2011), Alexandre Moatti (X 78, notre lettre de janvier 2023) explique que Coriolis fait le lien entre la mécanique rationnelle des géomètres et la mécanique appliquée à l’industrie naissante des machines.

Michel Galiana-Mingot
  • Michel Galiana-Mingot (X 68), métaphysicien

Entré à l’X en 1968, année agitée en France y compris sur la Montagne, Michel Galiana-Mingot (MGM) s’intéressait déjà à l’astrophysique. En poursuivant des études ultérieures, il s’est dirigé vers la direction d’entreprises : après une première expérience industrielle, Michel rejoint SONY en 1979. Il prend la direction de la filiale française en 1984, puis celle des opérations Europe en 1993. Il quitte le groupe en 2002 pour mener des missions de retournement, en France comme à l’international et rejoint FONTENAY Operating Partner en 2007. Il retrouve en 1990 sa passion pour l’astrophysique après une rencontre avec l’astrophysicien Michel Cassé, grand spécialiste des étoiles. Puis il se plonge dans les mystères de l’origine de la vie, de l’hominisation et de l’apparition de la conscience. Dans ce parcours, il découvre comment le cosmos et la vie se formaient par les lois de l’émergence et de l’auto-organisation. Éclaircir les mystères de l’Univers et de la vie, et découvrir le sens profond du monde, sont devenus un projet personnel qu’il résume dans Les clés secrètes de l’Univers (2021), suivi de L’univers millefeuille (2022). Michel Cassé nous en dit : « Homme triple, de direction (il est droit), de décision (il est décidé) et de réflexion (il est érudit), MGM déroule devant nous le tapis étoilé et fleuri de la cosmobiologie. Cet honnête homme du XXIème siècle descend le temps comme un fleuve et engrange connaissance sur connaissance depuis la source de la matière jusqu’à l‘embouchure de la vie et de la conscience. Avec une maestria digne d’Hubert Reeves, il partage sans compter les bontés du ciel et de la vie. Rien n’est laissé au hasard, ou plus exactement, la part qui revient au hasard est légitimée… La valeur scientifique et pédagogique de cette somme de savoirs fait de MGM un nouveau guide des égarés. »

  • Jérémy Harroch (X 03), artificier
Jérémy Harroch (ActuIA.com)

Jérémy entre à l’X en 2003. Il passe en 2007 un master en mathématiques financières à NYU. Après deux ans à Knight Capital group, il crée Quantmetry, une société d’Intelligence artificielle de pointe, aujourd’hui leader français du conseil en IA. Quantmetry fournit des services professionnels aux principales assurances, banques et institutions financières internationales, Telco, Énergie, Transport, Automobile, Fabrication, Énergie, Cybersécurité, Aérospatiale, Pharma en France.

Quantmetry s’est associé en novembre 2022 à Capgemini pour construire Capgemini Invent, un leader de la data et de l’IA. Jérémy en a été nommé vice-président. Vous pouvez trouver la présentation de Quantmetry par Jéremy et Karl Neuberger (X 09) dans la jaune et la rouge de mars 2018.

Jérémy est président du groupe X Intelligence artificielle (XIA), groupe X qu’il a créé en 2018 pour promouvoir le partage autour des initiatives liées à la donnée. Il mérite bien son nom (le chef en hébreu !).

  • Jean-Pierre Lefoulon (X 53), mécène
Jean-Pierre Lefoulon

Né à Villeurbanne en 1932, Jean-Pierre faisait partie de la grande promo 1953 qui vient de perdre son doyen Paul Vecchiali (notre lettre d’avril 2022). Il a été longtemps directeur des départements des marchés financiers et de la trésorerie de la BNP et je lui ai souvent emprunté de l’argent lorsque j’étais trésorier de la Société générale !

Grand philanthrope, il était conseiller financier bénévole du diocèse de Paris et de la Fondation des Bernardins et avait créé en 2000 avec son épouse Thérèse, la fondation Lefoulon-Delalande, abritée par l’Institut de France, qui remet chaque année un Grand Prix scientifique très largement doté et soutient la recherche biomédicale dans le domaine cardio-vasculaire, et en faveur des enfants malades.

Sa fondation a participé au financement du musée de l’X ainsi que de l’amphithéâtre de l’Institut ou de la réfection de la Fondation Kerylos à Beaulieu, où il se retrouve aux côtés d’un autre grand donateur, Jean-René Fourtou (X 60).

Jean-Pierre est mort le 2 février 2021 à Garches des suites du covid 19, laissant derrière lui son épouse Thérèse et ses deux fils Vincent et Paul. Xavier Darcos, chancelier de l’Institut, lui a rendu un vibrant hommage lors de la séance de remise des prix de l’Institut 15 février 2021.

  • Alexandre Maymat (X 87), homo sapiens
Alexandre Maymat en 2019

Après une prépa à Janson, Alexandre entre à l’X en 1987 et en sort dans le corps des administrateurs de l’Insee. Après l’Ensae, il passe 4 ans à l’Insee (1992-96) avant de devenir attaché financier auprès du représentant permanent de la France auprès de la CEE (1996-99) puis secrétaire adjoint du Comité économique et financier. Il entre en 2001 à la Société générale qui lui fait faire le tour de banque habituel avant de l’envoyer diriger sa filiale camerounaise (2009-12). En 2012, il est nommé directeur délégué de la Banque de détail à l’international avant de devenir en 2013 directeur des réseaux bancaires internationaux, région Afrique, bassin méditerranéen et outre-mer puis directeur de Global Transaction and Payment Services en 2019, avec un siège au comité de direction de la banque.

Marié et père de 4 enfants, ses collègues découvrent avec stupéfaction qu’il a maintenant un mari ! Il lui aura fallu attendre la cinquantaine pour qu’il puisse faire son coming out, d’abord à lui-même, puis auprès de ses collègues de la SG. Le 17 mai dernier, il poste un texte sur LinkedIn pour ôter le « masque » et aider tous les collaborateurs LGBT+ à se libérer. Dans une interview du aux Echos du 15 décembre 2022, il dit : «Avant mon coming out, j’étais une caricature de l’élite à la française : polytechnicien, blanc, catholique, bourgeois, français, banquier, hétérosexuel, père de 4 enfants… ». Un vrai homo sapiens !

  • Cécile Rastoin (X 88), carmélite

Issue d’une grande famille catholique marseillaise, Cécile Rastoin fait sa prépa à Louis le Grande et entre à l’X en 1988 à la suite de son père Jean (X 51, Armement) et de son grand-père Edouard (X 19, industriel).

Cécile passe son doctorat de physique en astrophysique et techniques spatiales en 1995 et, la même année, peut-être inspirée par son frère Marc, devenu jésuite en 1988, elle entre comme moniale, sous le nom de Sœur Cécile de Jésus Alliance, au Carmel de Montmartre, rue du Chevalier de la Barre. Elle en est élue prieure en 2012 jusqu’en 2018 et à nouveau en 2021.

Cécile sort de temps en temps de son isolement : on a pu l’entendre prêcher un dimanche de Carême à Notre Dame de Paris en 2015. En outre, membre du Bureau du groupe X-Mémorial, elle compile chaque année la liste des camarades qui nous ont quittés, de façon à ce qu’un hommage leur soit rendu lors des commémorations de fin novembre organisées par X-Mémorial à l’église Saint Etienne du Mont.

Elle a écrit plusieurs ouvrages sur Edith Stein, dont Edith Stein et le mystère d’Israël (1998) et Edith Stein (2007, poche 2021). Edith Stein est une juive polonaise née en 1891, convertie en 1922, devenue carmélite en 1935 sous le nom de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, assassinée à Auschwitz en 1942 et canonisée en 1998. Polyglotte, elle étudie l’hébreu biblique depuis son enfance, Cécile traduit des œuvres d’Edith Stein et d’autres penseurs juifs et chrétiens contemporains.

Pierre Laszlo a fait le portrait de Cécile dans la Jaune et la Rouge de décembre 2016.

  • Kléber Rossillon (X 73), muséographe
Kléber Rossillon

Né en 1955 à Beynac de Philippe Rossillon, énarque, ancien maire de Beynac-et-Cazenac et de Véronique Seydoux, héritière de la famille Schlumberger, Kléber entre à l’X en 1973. Sorti dans l’Armement il travaille quelques années pour le programme Ariane. En 1995 il abandonne sa carrière dans l’aéronautique pour se consacrer à sa passion des châteaux qui lui vient de ses parents qui avaient acheté en 1965 le château de Castelnaud (Périgord), alors en ruine, qu’il aide à rénover et transformer en une sorte de musée de la guerre au Moyen-Age.

Rattachée au groupe familial SOFRA, la Société Kléber Rossillon emploie aujourd’hui 200 personnes et accueille près de 2 millions de visiteurs par an dans 12 sites dont les châteaux de Marqueyssac, avec son extraordinaire jardin, Langeais, Murol et Suscinio, la tour de Crest, le train de l’Ardèche, le musée de Montmartre, avec ses jardins Renoir, le mémorial de Waterloo, la réplique des grottes Chauvet 2 et Cosquer Méditerranée à Marseille…

Infatigable, Kléber s’attaque maintenant à Gergovie et serait candidat, face à des mastodontes comme Culturespaces ou le Centre des Monuments nationaux, pour reprendre la gestion du musée Jacquemart André !

Kléber préside la FNASSEM (Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et des ensembles monumentaux) et est membre de l’ASVD (Association pour la sauvegarde de la vallée de la Dordogne) qui lutte pour la destruction du pont de déviation de Beynac, déjà à moitié construit, accusé de défigurer la vallée.

Marié en 1985 avec Martine Galland-Brzezinski, Kléber a 5 enfants : Marguerite, X 2006, professeur de maths à Singapour, Suzanne, Geneviève, HEC 2013, qui lui a succédé en 2017 à la tête de sa société, Marius et Lazare, nés avec une régularité toute polytechnicienne tous les deux ans de 1986 à 1994. Plus fort en gestion de sites qu’en gestion financière, il a perdu quelques millions dans l’affaire Madoff et a essayé de se retourner, sans succès, contre sa banque. Sait-il que, même si la mini-réforme de Macron est votée, il risque de perdre également sa retraite qui est basée, comme le système Madoff, sur une pyramide de Ponzi ?

  • Jacques Stern (X 52), étoile informatique
Jacques Stern en 1953

Né en 1932 à Paris, de Dora Braejman et Léon Stern, tailleur juif arrivé de Pologne dans les années 20, Jacques passe la guerre caché dans une ferme avec sa soeur près de Chartres. Après des études à Chaptal puis à Saint Louis, il entre à l’X en 1952 avec le numéro 158 sur 229, assorti du statut de surnombre, qui lui vaut un engagement de servir l’Etat pendant 6 ans, contresigné par son père (à ne pas confondre avec surlimite, statut infligé à Vecchiali, doyen de la 53 – qui sait encore ce que cela signifie ?). Il sort de l’X avec le numéro 78 et enchaine avec Supaéro puis un master of sciences à Harvard. Il commence sa carrière en 1960 comme ingénieur militaire de l’air, au Service technique des télécommunications de l’air, responsable du développement des systèmes informatiques pour la défense aérienne. Ayant terminé son engagement sexennal, faute de quoi il aurait dû rembourser à l’Etat ses frais de scolarité, d’alimentation et de trousseau (sic), soit 855.688 F, il quitte le service de l’Etat en 1964 pour fonder la Société d’études des systèmes d’automation (SESA), remarquable start-up à l’origine de beaucoup d’innovations dont Transpac, l’ancêtre d’Internet.

Il quitte la SESA en 1982 pour prendre la présidence de CII-HB qui vient d’être nationalisée et devient BULL S.A. en 1985, par absorption de SEMS et Transac. Il est remplacé en 1989 par Francis Lorentz, juste avant le calamiteux rachat de Zenith Data Systems et crée Stern Computers Systems.

Membre fondateur de l’Académie des technologies, Jacques a participé, en particulier, aux travaux de l’Académie dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

Jacques Stern remet les prix de la Fondation Janine et Jacques Stern à l’ORT Strasbourg en janvier 2020

Avec son épouse Janine, qui lui a donné 3 fils, tous scientifiques (Marc-Henri, directeur de recherche à l’Institut Curie, Paul-Eric, président de Stern Systèmes d’Information et Laurent, informaticien chez Fnac Darty), il a créé la Fondation Janine et Jacques Stern, en souvenir de ses parents immigrés. Celle-ci attribue chaque année des bourses d’études et des aides pour le soutien scolaire à des élèves de collèges et de lycées.

Jacques est mort en février 2021. Jacques Arnould (X 54) lui a consacré une notice dans la Jaune et la Rouge 764 (avril 2021).

Bis repetita

  • Jean-Marc Daniel (X 74, notre lettre de septembre dernier) vient de sortir un nouveau livre : Redécouvrir les physiocrates, plaidoyer pour une économie intégrant l’impératif écologique, où il s’attaque à ce qu’il appelle les « pagano-gauchistes », qui reprennent, par les mouvements politiques écologistes, les critiques contre le capitalisme et l’économie de marché qui constituaient le fondement des idées marxistes. Critique du keynesianisme et partisan de réhabiliter François Quesnay, père des physiocrates, il prône le quesnaysianisme
  • Laurent Guillot (X 90, notre précédente lettre), a réussi à remettre Orpea à flot, en convainquant ses créanciers d’abandonner 3,8 G€ de dettes, avec l’aide de la Caisse des Dépôts qui y met 1,5 G€ d’argent frais et en prend le contrôle. Nous pouvons maintenant y mettre nos parents sans crainte qu’ils soient maltraités 😊

Courrier des lecteurs

  • Salut Hubert, Merci beaucoup pour cette nomination ! Voici une version légèrement corrigée sur quelques faits. Mais j’apprécie ton intérêt et j’espère qu’on puisse donner à beaucoup de jeunes X l’envie d’entreprendre ! Bien Cordialement, Karim Beguir (X 97). Merci de ta réponse. Correction effectuée. HLL
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  • Bonjour cher Hubert, Avec retard, je te remercie de m’avoir classé dans les X traordinaires ! Je suis très honoré de côtoyer d’autres camarade prestigieux ou courageux que tu as distingués. J’ai lu le livre de notre camarade Michel Galiana-Mingot, X1968 : Les clés secrètes de l’Univers, Avec beaucoup d’intérêt, et je le recommande. Je ne le connais pas personnellement. Je te le signale à ton attention, comme potentiellement Extraordinaire. Et bonne année ! Jean-Loup Bertaux (X 61). Bien noté, merci. HLL.
  • Cher camarade, Je vous remercie pour votre courriel, et pour cette inscription. Je pense que la qualification du prix Shaw comme “sorte de médaille Fields asiatique” doit être rectifiée. La médaille Fields est réservée à des mathématiciens âgés de moins de 40 ans. Le prix Shaw est un prix fondé à Hong Kong, qui fait partie de la liste des grands prix de mathématiques au niveau mondial avec le prix Abel.  Le prix Shaw n’est pas spécialement asiatique, son jury est international, et ses récipiendaires viennent de partout, plusieurs parmi ceux-ci sont d’ailleurs Français. Avec mes remerciements. Jean-Michel Bismut (X 67). Merci pour tes explications que j’insérerai dans ma prochaine lettre. Etant également intéressé par l’histoire des séfarades, j’en profite pour te demander des précisions sur tes origines portugaises. Merci d’avance. HLL
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  • Merci Hubert pour ces formidables portraits mensuels ! Je ne m’en lasserai jamais… J’aimerais tant écrire le tien – si cela n’a pas déjà été fait. Amitiés. Yann Duchesne (X 77). Merci, cher Yann. C’est déjà fait. Pierre Laszlo a écrit mon portrait dans la Jaune et la Rouge de juin 2022, en me qualifiant gentiment de brillant et tenace ! HLL.
  • Un grand merci pour cette galerie de portraits si divers, tant par les origines que par leurs contributions. Animée avec verve et enthousiasme comme un feuilleton de la grande veine littéraire. Qui met en valeur la richesse de ce vivier peut-être pas assez connu. Ton énergie, ton éclectisme et ton sens de l’animation méritent d’être mis en avant pour valoriser la réforme des retraites. A en juger par l’ardeur à la tâche et le pétillement primesautier qui s’en dégagent, conjugués à l’année de ta promotion, l’âge pivot peut allègrement reculer J Qui en touchera un mot à Elisabeth ? Amicalement. Philippe GEORGES (79). Merci infiniment. HLL
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur du Mus’X

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #15

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens, jeunes et vieux, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Une année 2023 qui commence bien. Et j’en ai encore pas mal sous le pied !

Max Barel en Grand uniforme © Max Barel par Janine Portal, 1951. Musée de l’Armée
  • Max Barel (X 33), résistant
Plaque située rue Max Barel à Menton

Né à Menton en 1913, Max Barel suit des études secondaires au collège de Nice. Il entre en math spé à Saint Louis en 1931. Reçu à l’X en 1933, il y fonde une cellule communiste : le cercle d’études marxiste. Lieutenant d’artillerie en 1940, il reçoit la croix de guerre avec étoile d’argent durant la bataille de France. Après la défaite, il refuse de prêter serment à Pétain et demande un congé d’armistice. Après des études à l’Institut électrotechnique de Grenoble en 1941, il entre aux Ateliers de construction électrique Delle à Villeurbanne, tout en étant commandant FTP (Francs-Tireurs et Partisans, branche communiste de la Résistance) et fondateur de l’UCIFC (Union des cadres industriels de la France combattante). Arrêté à Lyon le 6 juillet 1944 par la Gestapo, il y meurt le 11 juillet 1944 sous la torture, après cinq jours d’interrogatoire mené par Klaus Barbie. Il avait deux enfants, Annette et Jean. Son père, Virgile Barel, député communiste de Nice de 1936 à 1939 et réélu plusieurs fois de 1946 à 1978, n’aura de cesse qu’il y ait un Procès Barbie, afin que justice soit faite contre le boucher de Lyon.

  • Karim Beguir (X 97), intelligent
Karim Beguir

Franco-Tunisien, Karim entre à l’X en 1997 après une prépa à Janson. Il passe en 2003 un Master en mathématiques appliquées et finance à NYU en double diplôme avec l’ENSAE. En 2014, il fonde avec 2000 € et 2 ordinateurs InstaDeep, une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle, qui devient rapidement un des leaders de l’IA appliquée à la santé, aux transports et à la logistique, avec des bureaux à Paris, Boston, Tunis, Lagos, Dubaï et Le Cap. Instadeep a été sélectionnée à 3 reprises par CB Insights comme l’une des 100 start-ups d’IA les plus prometteuses au monde

Instadeep développe des produits d’IA brevetés tels que sa plateforme de conception de protéines DeepChain et collabore avec de grands groupes comme Google, DeepMind, Nvidia et Intel. Elle a de nombreuses cordes à son arc, comme l’optimisation du trafic ferroviaire à très grande échelle avec la Deutsche Bundesbahn ou le système de détection des variants du Covid avec BioNTech, la biotech allemande qui a fait fortune avec le vaccin à ARN Messager contre le Covid. Entrée dans le capital d’Instadeep au début de 2022, à l’occasion d’une levée de fonds de 100 M$, BioNTech annonce aujourd’hui l’acquisition de la totalité d’Instadeep pour 636 M€. Voir l’interview de Karim sur BFM dans Good Morning Business du 26 janvier.

  • Jean-Michel Bismut (X 67), mathématicien
Jean-Michel Bismut

Né en 1948 à Lisbonne, Jean-Michel Bismut entre à l’X en 1967 et en sort dans le Corps des mines. Après un doctorat d’Etat en mathématiques à Paris VI et quelques années de service à Marseille, il enseigne à l’X de 1975 à 1987 et à Orsay à partir de 1981. Il a reçu en 1984 le prix Montyon et en 1990 le prix Ampère de l’Académie des sciences, dont il est membre depuis 1991. Il est également membre étranger de l’académie des sciences américaine et il a reçu en 2021 avec Jeff Cheeger le prix Shaw, sorte de médaille Fields asiatique, pour leurs idées remarquables qui ont transformé la géométrie moderne, notamment en matière d’optimisation stochastique et de de géométrisation des probabilités.

Jean-Michel a écrit des centaines d’articles et des dizaines de livres depuis Mécanique aléatoire (1981) jusqu’à Hypoelliptic Laplacian and Bott-Chern cohomology (2013). Cliquez ici pour plus de détail sur ses impressionnants travaux.

  • Jean-Paul de Gaudemar (X 67), francophone
Jean-Paul de Gaudemar

Né en 1947, Jean-Paul de Gaudemar entre à l’X en 1967. Après un doctorat d’État en sciences économiques et l’agrégation en sciences économiques et de gestion, il commence sa carrière en 1971 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avant d’être nommé en 1976 Professeur de sciences économiques à l’université d’Aix-Marseille. Il a ensuite été directeur puis président du comité scientifique de la Datar (1982-94), recteur de l’académie de Strasbourg (1991-97) puis de Toulouse (1997-2000), directeur de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation nationale (2000-04) puis recteur d’Aix-Marseille (2004-12).

De 2012 à 2015, Jean-Paul est successivement conseiller éducation auprès de Jean-Marc Ayrault, conseiller spécial au cabinet de Geneviève Fioraso puis conseiller enseignement supérieur et recherche auprès de Najat Vallaud-Belkacem. Il est nommé en 2015 recteur de l’Agence universitaire de la francophonie.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels « La mobilisation générale » (1979), « L’Ordre et la production » (1982), « Dimension régionale et compétitivité internationale » (1989) et « Mobilité du travail et accumulation du capital » (2015). Il vient d’écrire Francophonie meurtrie (l’Harmattan, 2022).

Si je ne craignais pas de passer pour un vulgaire délateur, je lui signalerais que Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, s’est adressé en anglais devant un public majoritairement francophone lors de la Conférence de Paris le 15 décembre dernier à l’OCDE, dont le français est pourtant l’une des 2 langues officielles. Mais il n’était pas le seul : un débat entre 4 grands patrons français, animé par une journaliste française, s’est déroulé également en anglais. J’ai sauvé l’honneur en réussissant à convaincre Maurice Lévy, patron de Publicis, qui intervenait ensuite, de faire son intervention en français ! 

  • Julien Gavaldon (X 99), patriote
Julien Gavaldon

Après des études secondaires à Villefranche de Rouergue, dans la France profonde, et une prépa à Toulouse, qui ne l’a pas empêché de pratiquer snow-board, rap, tennis ou cinéma, Julien entre à l’X en 99. A sa sortie, il entre chez Akka technologies de 2004 à 2009 avant de passer 4 ans chez Alten, à la tête de la direction aéronautique spatial défense. Il est depuis 2014 président du directoire d’Astek, un groupe indépendant spécialisé en ingénierie, en conseil en technologie et en système d’information, créé en 1988. Un des leaders du marché, Astek est en forte croissance et a aujourd’hui plus de 7.000 collaborateurs dans 19 pays : 2500+ en France, 1500+ en Pologne, 500+ en Amérique du Nord, 300+ en Asie et au Moyen-Orient.

A la tête d’un groupe d’investisseurs polytechniciens qui se qualifient de « patriotes » – rien à voir avec le microparti de Florian Philippot –  dont Olivier Dellenbach (X 81), fondateur de Chapsvison (notre lettre de novembre 2022),Julien est candidat au rachat de tout ou partie d’Evidian, entité du groupe Atos spécialisée dans la cybersécurité et la dissuasion nucléaire, mise en vente par Atos à 7 G€ pour renflouer sa trésorerie. Mais la partie est loin d’être gagnée car il est en concurrence avec des pointures comme Airbus, Onepoint ou Thalès…

  • Laurent Guillot (X 90), Orpéiste
Laurent Guillot photo Orpea

Né en 1969, Laurent entre à l’X en 1990 et en sort dans les Ponts et chaussées. Après un DEA de macro-économie en 1993 à Paris I, il commence sa carrière en 1996 à la direction de la Prévision du Ministère de l’Economie et des Finances avant de rejoindre en 1999 le cabinet du Ministre de l’Equipement, des Transports et du Logement. Il entre à Saint Gobain en 2002 comme directeur du plan et il en gravit les échelons jusqu’à en devenir DGA en 2019 mais échoue à en être nommé DG lors du départ de Pierre-André de Chalendar en 2021.

Laurent est nommé en juillet 2022 directeur général du groupe Orpéa, leader européen des Ehpad, en remplacement de Yves Le Masne, limogé en janvier 2022 à la suite du scandale créé par les révélations du livre de Victor Castanet Les fossoyeurs, aggravé par des soupçons de délit d’initié. Parallèlement, Guillaume Pépy, ancien pdg de la SNCF, en était nommé président et le professeur Emmanuel Hirsch directeur de l’éthique.

Suite à ce scandale, les finances du groupe ont subi un choc nécessitant une restructuration urgente. A cet effet, Laurent avait 3 mois pour présenter un plan d’amélioration et de transformation. Malheureusement, les négociations entre le consortium d’investisseurs français mené par la Caisse des dépôts et les créanciers financiers du groupe sont au point mort. Nous souhaitons à Laurent de trouver rapidement une solution pour refinancer ses 9 G€ de dette…

  • Mardiros-Dickran Indjoudjian (X 41), visionnaire
Mardiros Dickran Indjoudjian

Né à Paris en 1920, fils de Jeanne Bersani et Meguerditch Indjoudjian, antiquaire arménien qui venait de s’installer en France pour échapper au génocide des Arméniens par les Turcs, Dickran entre en 1941 à l’X, alors repliée à Villeurbanne. Sorti dans les Télécom, il est affecté au CNET qu’il quitte en 1957 après un bref passage en 1953-54 au cabinet de Roger Duchet, ministre des PTT, pour devenir banquier à la direction industrielle de Paribas où il reste jusqu’en 1992. Parallèlement, il a enseigné l’analyse et les statistiques aux Ponts, aux Télécom et à l’ISUP.

Dickran a participé en 1960 à la création de la SEMA, fondée par Jacques Lesourne (X 48) et en était président d’honneur. Il a  été rédacteur en chef de la Jaune et la Rouge et y a longtemps publié des récréations mathématiques et des problèmes de bridge. Il vient de mourir le 1er janvier peu avant de célébrer ses 103 ans. Il avait épousé Georgette Gerbault en 1943 puis, après un divorce en 1985, Marcelle de Caso en 1986. Il a eu 2 enfants : Jean-François et Dominique.

Dans la Jaune et la Rouge 744 d’avril 2019, Pierre Laszlo explique que notre pays lui doit énormément et le qualifie de Mathématicien, Ingénieur, Visionnaire, un de ces per­son­nages qui sus­ci­tent l’admiration dès qu’on les côtoie…

  • Alexandre Moatti (X 78), positiviste
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Né en 1959 à Boulogne-Billancourt, Alexandre fait sa prépa à Louis le Grand, entre à l’X en 1978 et en sort dans le Corps des mines. Il passe une thèse de doctorat en histoire des sciences en 2011 sur Coriolis (X 1808). Il a occupé différents postes dans l’administration, dans l’industrie et dans des cabinets ministériels. Il était candidat pour succéder à Jacques Biot (X 71) en 2018 à la direction de l’X mais la commission de sélection lui a préféré Eric Labaye (X 80). Il a été président de la SABIX de 2006 à 2014. Cliquez ici pour voir son CV complet.

Alexandre a écrit de nombreux articles sur le numérique, sur la critique de la science, sur l’enseignement supérieur et les grands corps et de nombreux livres depuis Les Indispensables mathématiques et physiques pour tous (2006) jusqu’à Aux racines du transhumanisme (2020), dont il explique que le précurseur était Jean Coutrot (X 13, notre lettre d’août 2022) en passant par Le Mystère Coriolis (X 1808). Il vient de sortir Regard sur les élites françaises, l’Institut Auguste Comte.

L’Institut Auguste-Comte pour les sciences de l’action est une météorite de l’action publique : voulu par Giscard d’Estaing dès 1974, « chantier du président », il est malheureusement supprimé par Mitterrand à son arrivée au pouvoir en 1981. Pour la petite histoire, l’Institut était installé sur l’ancien site de l’X sur la Montagne Sainte Geneviève, dont l’AX occupait jusqu’à l’année dernière une petite partie, la « boite à claque » et où un centre international de conférences est projeté sous l’égide de LVMH, la même société qui vient de renoncer à installer un centre de recherche sur le plâtal suite à la bronca d’une minorité agissante – à laquelle Alexandre est loin d’être étranger – qui avait déjà réussi à faire fuir TotalEnergies.

  • Patrick Puy (X 75), urgentiste
Patrick Puy

Entré à l’X en 1975, Patrick suit ensuite les cours de l’Ecole nationale supérieure des pétroles et moteurs. Après un début de carrière dans le pétrole (Total puis Schlumberger), il va accumuler une impressionnante série de postes de direction générale dans l’industrie : Legrand, Moulinex-Brandt (2001), TDF France (2010-13), Arc International (2013-15), Spir Communication (2016), Novartex (2016), Vivarte (2016-19), Alès Groupe (2019), avant de lancer, fin 2021, un fonds de retournement baptisé Équerre.

Patrick est le grand spécialiste de la restructuration d’entreprises en grande difficulté financière, avec quelquefois des pots cassés, mais il aime citer Churchill avec la sueur et les larmes ! Après Moulinex, Arc et Vivarte, il vient d’être chargé début janvier, avec la bénédiction de notre ministre de l’industrie Roland Lescure (X 87), de restructurer Go Sport, propriété de HPB (Hermione People and Brands), holding de Michel Ohayon qui a également déposé le bilan de Camaïeu et risque de faire de même avec GAP France et la Grande Récré…

  • Alfred Sauvy (X 20 S), démographe
Alfred Sauvy par Louis Monier – Getty images

Alfred Sauvy, né dans les Pyrénées-Orientales en 1898. Engagé volontaire, son père meurt au front en 1918. Après des études à Perpignan puis à Paris, il est mobilisé en 1917 et est gazé à Villers-Cotteret, ce qui ne l’empêche pas de devenir un grand rugbyman. Il entre à l’X après la fin de la guerre dans la promo 20 spéciale (qui sait aujourd’hui ce que furent les promos S ?). Il en sort dans la Statistique Générale de la France, ancêtre de l’Insee, et devient en 1938 conseiller de Paul Reynaud qui, sur ses recommandations, supprimera la semaine de 40 heures instituée par Léon Blum, qu’il qualifie de contresens économique, passant la durée de travail à 41,5 heures ! Idem pour l’abaissement à 60 ans de l’âge de la retraite par Mitterrand en 1982, qu’il qualifiait de contresens impardonnable.

Economiste, démographe et sociologue. Inlassable dénonciateur des phénomènes de dénatalité et de vieillissement, Alfred Sauvy est à l’origine de la création de l’Institut national d’études démographiques (INED) dont il est le premier directeur (1945-1962).  Il a été professeur à Sciences Po de 1940 à 1959 et titulaire de la chaire de de démographie sociale au Collège de France de 1959 à 1969.

Il a écrit de nombreux ouvrages depuis Richesse et population (1943) jusqu’à La vieillesse des nations (2001) en passant par L’Europe submergée (1987) où il s’inquiète du déséquilibre entre les évolutions démographiques de l’Afrique qui explose et de l’Europe qui implose : « La question du terrorisme venant du Proche-Orient est dérisoire à côté du déséquilibre qui se profile en Méditerranée occidentale… »

Aujourd’hui, les écrits précurseurs de Sauvy sont hélas ignorés des princes qui nous gouvernent. Elisabeth Borne (X 81) n’en a pas dit un mot dans sa présentation de la réforme des retraites le 10 janvier alors que c’est une question centrale pour un système de retraite par répartition, quand on sait que le rapport cotisants/retraités, qui était de 4 en 1960, est aujourd’hui tombé à 1,7.

Notre démographie n’est certes pas aussi catastrophique qu’après la guerre de 14-18, quand une loi de 1920 avait interdit le préservatif afin d’encourager la natalité après les hécatombes sur les champs de bataille mais quand même, il n’y a eu que 723.000 naissances en France en 2022, le plus faible nombre depuis 1946, alors que la population a cru de 40 à 68 millions, soit +70 %, depuis lors. Et encore, il n’est pas politiquement correct de s’interroger sur l’origine ethnique de ces bébés… On peut donc imaginer ce que dirait Sauvy du dévoiement de la loi Veil, traduit par Améli dans un message très clair : En France, toute femme, majeure ou mineure, peut choisir d’interrompre sa grossesse (IVG ou avortement) et des récentes décisions du gouvernement, qu’Améli vient de me rappeler dans un message personnel : Depuis le 1er janvier 2023, les jeunes de moins de 26 ans peuvent se procurer en pharmacie certains préservatifs sans ordonnance et sans avance de frais. Autre nouveauté, les femmes, à tout âge, peuvent aussi obtenir en pharmacie, sans ordonnance et sans avance de frais, une contraception hormonale d’urgence, (appelée aussi « pilule du lendemain »). [qui vient de valoir au professeur Baulieu d’être promu Commandeur de la Légion d’honneur…]. 

J’ai créé le groupe X démographie en 1995 avec l’appui de Jacques Lesourne (X 48). Ce groupe est hélas en état de mort cérébrale et ce ne sont pas les écrits de bien-pensants comme Hervé Le Bras (X 63) qui le feront renaitre de ses cendres.

Alfred Sauvy est mort à Paris en 1990. Le bulletin de la Sabix numéro 63 lui a été consacré en mai 2019 avec une introduction par Pierre Couveinhes (X 70) sous le titre Une pensée d’une brûlante actualité.

N’ayant pas joint le geste à la parole, il n’a eu qu’une fille, Anne, férue d’alpinisme, que j’ai bien connue.

Bis repetita

  • Philippe d’Iribarne (55, notre lettre de mai 22), a parlé aux anciens HEC de son dernier livre (Le Grand déclassement, notre lettre d’octobre 22) le 25 janvier. Son constat lucide et cruel : le sens du devoir pour beaucoup d’entre nous est malmené par de récentes évolutions, à commencer par une soumission croissante à la fois aux caprices des clients et à ceux des chefs…
  •  
  • Paul Vecchiali (53, notre lettre d’avril 22), a tiré sa révérence en janvier 2023. Grand cinéaste, il était entré à l’X en surli (surlimite d’âge, qui sait encore ce que signifie cette abréviation ?) et avait dû commencer sa carrière comme pitaine de ser. On le voit sur la photo ci-dessous, devant la promotion 1959, saluer le général de Gaulle lors du défilé du 14 juillet 1960.
Le général de Gaulle regarde la promo 59 défiler derrière son pitaine Vecchiali

Courrier des lecteurs

  • Merci, cher Hubert Lévy-Lambert, pour ce petit portrait qui me fait rougir. Bien sincèrement, meilleurs voeux de nouvelle année à tes proches et à toi. Jérôme Bastianelli (90). Merci pour ton gentil message. Vu ta promo, j’aurais préféré te faire jaunir que rougir 🙂 PS Entre temps, Alix vient de m’annoncer que c’est sur toi qu’est échue la lourde succession des portraits de Pierre Laszlo. Tu avais donc des moments perdus 🙂 Bonne année ! HLL
  • Merci, Hubert. Excellent. Je vais suggérer à ma fille de s’abonner aussi. Jacques Biot (71). Pas de problème, même si elle n’est pas dans la tranche d’âge de 7 à 77 ans 😊 HLL
  • Merci cher camarade, on continue à faire des découvertes Jean de Bodman (69)
  • Merci de ce portrait très sympa. Deux remarques – j’ai été « élu » à l’Académie des sciences (pas « nommé ») – dans la formulation on peut penser que c’est mon article qui est une stupidité, alors que c’est l’arrêt de la filière RNR qui est  » un modèle de stupidité ou de cynisme ». Navré que Michel Berry t’ait récusé… Bien cordialement Yves Bréchet (81) Corrigé. HLL
  • Mon cher camarade, voici une présentation vraiment sympathique. Je vois deux pistes de corrections… Avec mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Erwan Chauty (94). Corrigé. HLL
  • Cher Hubert, Décidément, jamais deux sans trois.    Toi d’abord, Pierre Laszlo ensuite, et de nouveau toi. Doux poison des éloges ! Je suis partagé entre la satisfaction et la confusion.,. Mais je n’oublie pas ce que disait Talleyrand : « Rien de ce qui est exagéré n’est signifiant ».   Merci quand même.   Amicalement François Mayer (45).  

Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Démographie

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #14

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Encore une fois, pour répondre à certaines interrogations, voire critiques, je précise qu’extraordinaire n’est pas forcément synonyme d’admirable.

  • Jérôme Bastianelli (X 90), proustien
Jérôme Bastianelli

Né en 1970, Jérôme est le fils de professeurs de mathématiques. A sa sortie de l’X, il entre au corps des ingénieurs de l’aviation civile (fusionné en 2003 avec les ponts). Après quelques années au ministère des transports, il entre au musée du quai Branly Jacques Chirac, dont il est nommé directeur général adjoint en 2009 puis directeur général en 2015.

Il est en outre président de l’association des amis de Marcel Proust auquel il a consacré plusieurs ouvrages dont Dictionnaire Proust Ruskin (Madeleine d’Or 2017), La vraie vie de Vinteuil (Prix Louis Barthou 2020) ou Les Années retrouvées de Marcel Proust (2022).

Critique musical et écrivain, on doit à Jérôme les biographies de Mendelssohn, Tchaïkovski, Bizet et Mompou et la participation à des dictionnaires sur Verdi, Bach et Mozart. Il a en outre quelques violons d’Ingres : il joue du piano et du violon à ses moments perdus, mais en a-t-il ??

Pierre Laszlo a fait le portrait de Jérôme dans la Jaune et la Rouge d’avril 2021.

  • Antonin Baudry (X 94), diplomate
Antonin Baudry alias Abel Lanzac

Né en 1975 à Paris, Antonin fait sa prépa à Louis le Grand, entre à l’X en 94 et en sort dans le Corps des Ponts. Très éclectique, il entre en 98 à Normale Lettres et obtient un DEA en études cinématographiques. En 2002, il est chargé des discours du ministre au cabinet de Dominique de Villepin au quai d’Orsay. Il le suit place Beauvau puis à Matignon avant d’être nommé conseiller culturel à Madrid puis à Washington.

Sous le nom de Abel Lanzac, il raconte en 2010 sous une forme humoristique la préparation du discours de Villepin à l’ONU contre l’invasion de l’Irak dans la BD Quai d’Orsay, illustrée par Christophe Blain, qui vient d’illustrer Un monde sans fin de J-M Jancovici (voir plus bas). Le tome II de Quai d’Orsay obtient le Fauve d’or au festival d’Angoulême en 2013 et un film à succès en sort en 2013. Antonin fait un autre film à succès : Le chant du loup en 2019.

Pierre Laszlo a fait le portrait d’Antonin dans la Jaune et la Rouge d’avril 2015.

  • Yves Brechet (X 81), matérialiste

Né en 1961 à Chamalières, entré à l’X en 81, Yves est un spécialiste des matériaux reconnu par ses pairs. Elu membre de l’Académie des sciences en 2010, il a été Haut-commissaire à l’énergie atomique de 2012 à 2018. Il est actuellement directeur scientifique de Saint-Gobain, professeur à l’université Monash à Melbourne et à l’université McMaster à Hamilton au Canada.

Peu après avoir quitté ses fonctions officielles, ayant retrouvé sa liberté de parole, il écrit en septembre 2019 un article incendiaire dans la revue Progressistes sur l’arrêt du programme ASTRID, une étude de cas de disparition de l’État stratège, qu’il qualifie de faute historique et de modèle de stupidité ou de cynisme.

Son successeur Patrick Landais, interrogé récemment par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée d’établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France, n’a pas mâché ses mots : «Depuis 4 ans, bien qu’ayant à plusieurs reprises indiqué ma disponibilité et mon souhait d’être pleinement associé aux actions de soutien au nucléaire dans le cadre des plans d’investissement d’avenir puis de France relance, les ministères et entités impliquées ne m’ont jamais sollicité pour participer aux réflexions et évaluations ayant conduit aux différentes mesures mises en place… »

On aurait fort à faire s’il fallait classer les responsables de la situation catastrophique de la France en matière énergétique depuis l’arrêt de Superphénix jusqu’à celui de Fessenheim en passant par l’interdiction d’explorer notre propre sous-sol de crainte d’y trouver du gaz…

En passant dans le domaine des transports, on peut féliciter ceux, dont notre actuelle première ministre, qui ont effacé 35 G€ de dette de la SNCF sans demander la moindre contrepartie aux cheminots ébahis et ceux qui leur ont fait le cadeau de Noël inespéré d’interdire l’avion là où il était en concurrence avec la SNCF.

Mais s’il y avait un prix Nobel de l’horreur économique, je voterais sans hésiter pour Claude Bartolone, qui, alors président de l’Assemblée Nationale, préconisait de fermer un maximum de centrales nucléaires car cela créait des emplois pour les démanteler…

  • Erwan Chauty (X 94), jérémiste
Erwan Chauty, sj

Après l’X et l’IFP, Erwan devient Jésuite. Doté de licences canoniques en théologie et en exégèse biblique, d’un doctorat en théologie et d’un doctorat canonique en théologie biblique, Erwan, passionné par le prophète biblique Jérémie, est membre du comité de rédaction des Cahiers Évangile, conseiller théologique de la revue Etudes et maître de conférences en exégèse.

Il a écrit plusieurs livres sur Jérémie, dont Qui aura sa vie comme butin ? Échos narratifs et révélation dans la lecture des oracles personnels de Jérémie (2020), Le livre de Jérémie. Signifier la Parole (2022) et Jérémie (à paraitre début 2023 dans la collection Mon ABC de la Bible) et de nombreux articles dont certains marquent son éclectisme, comme L’étrange calcul de l’oxygène dans l’aventure lunaire de Tintin ou Qu’est-il vraiment arrivé à Dina ?

Futur pape, comme François ? L’avenir le dira. En tout cas, rencontré après la messe annuelle de novembre à St Etienne du Mont en mémoire des X morts dans l’année, Jérémie m’a fortement impressionné par ses hauteurs de vue et son ouverture d’esprit. Ce n’est pas lui qui dirait, à l’instar de son très médiatique confrère Gaël Giraud, sj, ancien professeur à l’X,  que la propriété privée serait un concept issu de l’esclavage !

  • Céline Dufétel (X 00), payeuse
Céline Dufétel

Née en 1982, Céline S. Dufétel passe quelques années à Bethesda (Md) pendant son enfance. Elle entre à l’X en 2000 puis obtient en 2004 un diplôme d’études supérieures au Bendheim Center for Finance de Princeton.

Après des débuts comme associée chez McKinsey & Company puis directrice générale et responsable mondiale du marketing, de la gestion des produits et des services à la clientèle chez Neuberger Berman, Céline entre en 2017 chez T. Rowe Price, gestionnaire d’actifs Fortune 500, comme directrice de l’exploitation et directrice financière, poste qu’elle quitte en août 2021 pour devenir CFO & COO de Checkout.com, spécialiste de solutions de paiement numérique pour les entreprises, dont elle supervise les fonctions financières, de trésorerie et de stratégie de l’entreprise.

Céline a été membre du conseil d’administration de City Harvest, une organisation à but non lucratif basée à New York qui se consacre à aider à collecter de la nourriture pour des organisations communautaires.

Céline faisait partie des 40 femmes de moins de 40 ans (Top 40 under 40) de Fortune en 2020 et des 100 femmes les plus influentes de Barron dans la finance américaine en 2021. Chapeau l’artiste !

  • Jacques Gorphe (X 41), numismate

Né en 1920 à Libourne et mort en 2012, Jacques Gorphe entre à l’X en 1941 et devient historien médiéviste et numismate. Passionné de sa région, le Saintonge, il passe sa vie à reconstituer pièce par pièce le Trésor de Tayac, 500 monnaies d’or gauloises (statères) découvertes en 1893 à Tayac (Gironde), dont un fabuleux torque en or du IIème ou IIIème siècle avant JC. Le trésor a malheureusement été aussitôt dispersé et une grande partie fondue mais le torque et plusieurs statères sont aujourd’hui au musée d’Aquitaine à Bordeaux.

Le Trésor de Tayac, don Gorphe, BnF Richelieu

En 50 ans de ventes publiques à travers le monde, Jacques avait réussi à amasser plusieurs dizaines de statères, dont il a offert 16 en 2010 à la BnF. On peut les voir maintenant dans le magnifique musée qui vient d’ouvrir rue de Richelieu. Courez-y ! Le reste de sa collection été dispersée post mortem à Drouot en 2021.

  • Romain Labbé (D 18), capteur
Romain Labbé

Après un master en mécanique des fluides et une thèse au Laboratoire d’Hydrodynamique de l’X, Romain Labbé a co-fondé Phyling avec Jean-Philippe Boucher et Pierre-Olivier Barrioz. Cette start-up vise à améliorer lesperformances dans le sport grâce à l’instrumentation et l’analyse des données collectées. Accéléré au sein d’X-UP depuis octobre 2018, il a bénéficié du programme X-Grant*, financé par la Campagne Xvous.

Après l’aviron qui a servi de modèle, les fédérations du pentathlon et du rugby ont été les premières à faire appel aux services de Phyling qui accompagne aujourd’hui les professionnels du cyclisme, football, tennis, athlétisme, canoë-kayak, boxe, tennis de table, a accompagné nos cyclistes aux JO de 2020 et les accompagnera à nouveau aux JO de 2024, ainsi peut-être que pour le kayak, l’aviron et le BMX. Mais il faut le sacro-sain agrément des Fédérations internationales. Un travail de Romain !

  • Pierre Laszlo (X X), portraitiste
Pierre Laszlo

Né à Alger en 1938 d’un ingénieur hydraulicien né en Hongrie en 1907 et d’une directrice de studio de danse classique, Pierre étudie la chimie à Grenoble. Après avoir obtenu un doctorat ès sciences à la Sorbonne en 1965, il devient assistant professor à Princeton. Il est professeur à Liège de 1970 à 1999. En 1982, il enseigne la littérature française à l’université Johns-Hopkins en tant que professeur visiteur. Il est professeur titulaire de chimie à l’X de 1986 à 1999, date à laquelle il prend sa retraite universitaire.

Son domaine de recherche est la catalyse de réactions organiques sur des supports inorganiques ainsi que l’analyse par résonance magnétique nucléaire. Il est l’auteur de nombreux ouvrages depuis La Parole des choses, ou le langage de la chimie (1993) jusqu’à Drôle de chimie (2011) en passant par Qu’est-ce que l’alchimie (1996), Pourquoi la mer est-elle bleue (2002) ou A life and career in chemistry, autobiography from the 60’ to the 90’ (2006).

Pierre est connu des lecteurs de la Jaune et la Rouge pour ses portraits qu’il publie depuis des années dans cette revue, ce qui lui a valu, réponse du berger à la bergère, un Portrait du portraitiste par Alix Verdet dans le numéro de septembre 2019 et qui lui vaut, après Patrice Holiner, d’être nommé polytechnicien d’honneur. Il a annoncé récemment qu’il cherchait un jeune pour le remplacer. J’ai annoncé, pour rire, que j’étais candidat. Michel Berry, président du comité éditorial, dont le sens de l’humour n’est pas la première qualité – fils et petit-fils de commissaire de police oblige – a sévèrement pris position contre ma supposée candidature !

  • Christian Marbach (X 56), conteur

Il est inutile de présenter Christian Marbach (56), né en 1937 à Altkirch, sorti de l’X dans le corps des mines, fondateur de Sofinnova en 1971, président de la Cité des Sciences et de l’Industrie en 1987 et immortel organisateur des fêtes du bicentenaire en 1994, dont les Portraits de polytechniciens (2015) m’ont inspiré dans la création de ma série de mini-portraits (ma lettre du 2 mars). Infatigable, après les Contes du Barrandien (2020), dont une traduction en tchèque est en préparation, il vient de sortir Les 7 chats du général Dufour (Isidore Editions, 2022, 320 p.). Illustré comme les deux précédents par Claude Gondard (65), ce livre raconte la vie, vue par ses hypothétiques chats, de ce polytechnicien suisse qui joue un rôle capital dans la fondation de la Croix rouge aux côtés d’Henry Dunant.

Bis repetita

  • Jean-Marc Jancovici (X 81), un vrai écologiste

Je vous ai présenté Jean-Marc dans ma lettre de mars. Ce grand vulgarisateur des problèmes d’énergie était déjà connu sur les réseaux sociaux et les chaines d’information en continu mais il fait maintenant encore plus fort en s’affichant en grand format sur les murs du métropolitain avec sa BD bestseller, Le monde sans fin (Dargaud, 2022, 168 p.), avec Christophe Blain, qui a fait l’inoubliable BD Quai d’Orsay avec Antonin Baudry, cf supra, numéro un toutes catégories des ventes 2022, avec plus 500.000 exemplaires vendus. Chapeau l’artiste !

  • François Mayer (X 45), un vrai écrivain

J’ai fait le mini-portrait de François dans ma lettre d’août. Il a eu l’honneur de la rubrique de Pierre Laszlo dans la Jaune et la Rouge de décembre, sous le titre un peu péjoratif de « littéraire contrarié » alors que, selon certains, la Digue de sable mériterait le prix Goncourt. Je l’ai mis à cet effet entre les mains d’une coach expérimentée. Mais le jury éponyme attend peut-être qu’il fête ses cent ans pour le lui donner.

Courrier des lecteurs

  • Bonjour Hubert. Merci pour ce portrait, même si je ne suis pas certaine de sortir tant que ça de l’ordinaire… il est indiqué que je suis oncologue (c’est à dire médecin spécialisée en cancérologie), ce qui est inexact. Vous serait-il possible de rectifier ? Bien cordialement. Auriane Cano-Chancel (05). C’est fait, chère Auriane. Tes désirs sont des ordres. HLL Pour en savoir plus sur Auriane et les X dans le domaine de la santé, voir La Jaune et la Rouge de novembre 2019.
  • Mon cher Hubert, J’ai tiqué trois fois en lisant ton dernier envoi : 1) A propos de l’immigration africainequi, on le voit tous les jours, se déverse sur une Europe en hiver démographique … j’ai été choqué par le mot « se déverse ». Je ne l’emploierais pour aucune immigration passée, présente ou future, légale ou illégale. Et encore moins de la part d’Européens qui se sont « déversés » sur tous les continents depuis cinq siècles. 2) A propos de l’Amiral Courbet qui … part en Indochine en 1883 à bord du Bayard pour mater la rébellion des Pavillons Noirs et des Annamites appuyés par la Chine. Écrirais-tu que les troupes allemandes ont « maté » les maquisards du Vercors ? 3) A propos de Total,… ce qui le conduit malheureusement à participer à la lutte de certains élèves contre l’implantation d’un centre de recherche de Total sur le campus. Malheureusement ? C’est moins grave mais me semble inutile. Bien à toi. Alain Crémieux (55).
  • Mon cher Alain, J’apprécie beaucoup que tu fasses l’effort de lire ma prose et de la commenter. Je réponds à chacun de tes 3 points. 1) je maintiens le verbe « deverser » car je pense que les Européens d’aujourd’hui sont dans la même situation que les indiens d’Amérique ou les aborigènes d’Australie naguère. 2) je ne sais pas comment on dit « mater » en allemand mais je sais que c’est ce que les dirigeants de l’époque ont demandé à Courbet de faire. 3) je regrette vivement que ces jeunes irresponsables aient découragé Total de s’implanter près de l’école. Cordialement. HLL
  • Merci Hubert. J’ai lu le portrait très fidèle. Bien à toi, Olivier Dellenbach (81).
  • Bonjour Hubert, tu as commis quelques erreurs matérielles dans mon portrait relatif à Eurotunnel : j’ai été nommé administrateur en décembre 2004 (pas avril), Président en février 2005. Cette nomination n’a aucun lien avec le coup de force de N. Miguet, bien au contraire. La restructuration financière de 2007 a laissé 13% du capital aux actionnaires individuels. Le cours de bourse de Getlink a atteint 20€ l’été dernier : l’actionnaire d’origine qui a gardé ses actions s’en sort bien. Amitiés. Jacques Gounon (72). Bien noté, merci, j’ai mis ton message en bas de ma lettre de novembre. Bravo pour le cours de bourse, mais c’est trop tard pour moi qui n’ai plus d’actions depuis longtemps. HLL
  • 1. L’abbaye d’Hautecombe, où étaient enterrés les membres de la maison de Savoie -et donc les rois d’Italie- est au bord du lac du Bourget, plus grand lac français -et pas du lac d’Annecy.
    2. Certains choix sont discutables. Qui peut s’enorgueillir d’avoir participé à des répressions dans les anciennes colonies ? A-t-on demandé à Amédée Courbet s’il souhaitait faire partie de cette sélection ?
    3. Comment peut-on juger qu’un X de la promo 2017 est extraordinaire ? Serait-ce d’avoir extraordinairement perdu son temps ? Jean-Pierre Jouannaud (67). Sur le premier point, je suis doublement inexcusable d’avoir fait une erreur de lac car je suis admirateur de Lamartine et j’habite rue Bernard de Clairvaux, l’un des fondateurs de l’abbaye. Sur les deux autres, il ne faut pas confondre extraordinaire et admirable. HLL.

Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne fin d’année

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Annexe récapitulative

Ci-après la liste des portraits que je vous ai présentés depuis le début de l’année : plus de cent, soit plus que Pierre Laszlo depuis l’origine des temps ! C’est dire, même s’il y a quelques recouvrements, que nous ne concourons pas dans la même catégorie. Avis aux membres du Comité éditorial de la Jaune et la Rouge, s’ils me lisent en douce. Et j’en ai encore beaucoup sous le pied, grâce à vous, chers lecteurs !

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #13

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes ou vieux, vivants ou morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, comme d’habitude. Jugez-en !

  • Jean-Loup Bertaux (X 1961), astéroïde

Jean-Loup est né en 1942 à Toulouse. Entré à l’X en 1961, il fait toute sa carrière au CNRS (service d’aéronomie puis Laboratoire Atmosphères & Observations spatiales (Latmos). Il est spécialiste du milieu interstellaire, des vents solaires et des atmosphères planétaires. Il a écrit De l’autre côté du soleil en 1987 et reçu la Médaille Huygens en 2010. L’astéroïde (5235) Jean-Loup découvert en 1990 à Palomar, lui a été dédié.

Quand il a les pieds sur terre, Jean-Loup a un important violon d’Ingres : la démographie. Il est membre du conseil scientifique de l’association Démographie responsable et auteur de Démographie, climat, migrations : l’état d’urgence (2017) et co-signataire de la tribune « Réduire la population contribuerait à l’atténuation du réchauffement climatique » (Le Monde du 9 novembre 2022). Jean-Loup participait le 15 novembre avec Hervé Le Bras (63) à l’émission C ce soir : 8 milliards : sommes-nous trop nombreux ? Et il nous recommande de lire le dernier numéro de Charlie Hebdo qui aborde la question fort sérieusement.

Il a certainement raison mais il ne semble pas politiquement correct de faire remarquer que si la population du globe augmente d’un milliard tous les dix ans, cette augmentation résulte surtout de l’explosion démographique africaine qui, on le voit tous les jours, se déverse sur une Europe en hiver démographique où on discute très sérieusement de constitutionnaliser l’avortement…

  • Auriane Cano-Chancel (X 05), directrice oncologie

Après l’X, Auriane passe un MBA en Bioscience à Cambridge, puis commence sa carrière en tant que consultante en stratégie au sein du cabinet L.E.K. Après quelque temps chez Ipsen, elle intègre en 2014 la filiale France d’AstraZeneca, où elle occupe plusieurs postes en direction marketing et ventes en psychiatrie, en cardio-vasculaire métabolisme, puis en oncologie. Elle rejoint ensuite les équipes Globales d’AstraZeneca à Cambridge, où elle passe 3 ans en tant que Lead Commercial Global de la Franchise Immuno-Oncologie. De retour en France, elle vient d’être nommée vice-présidente responsable de la stratégie et des activités commerciales et médicales de la division française de l’oncologie d’AstraZeneca qui a l’ambition de doubler le taux de survie à 5 ans dans 5 types de cancers et ainsi tendre vers leur guérison, actuellement de 50 %. Sachant qu’elle est acharnée, je suis certain qu’elle va réussir.

  • Amédée Courbet (X 1847), amiral
Amédée Courbet par Eugène Appert_BNF_Gallica

Né en 1827 à Abbeville, Amédée Prosper Anatole Courbet est le fils d’un négociant en vins qui meurt en 1836. Il rentre à l’X dans les premiers en 1847 et en sort dans la Marine en 1849 après avoir participé activement à la révolution de 1848. Affecté à Toulon, il embarque sur la Capricieuse puis participe à la guerre de Crimée. Après plusieurs années à Lorient, il part aux Antilles en 1870. Capitaine de vaisseau en 1873, il est nommé gouverneur de Nouvelle Calédonie en 1879. Nommé contre-amiral, il part en Indochine en 1883 à bord du Bayard pour mater la rébellion des Pavillons Noirs et des Annamites appuyés par la Chine. Hué reconquis et la paix revenue, grâce à la victorieuse descente de la rivière Min, il est promu amiral en 1884 et reçoit l’ordre de s’emparer de Formose, ce qu’il réussit après avoir détruit la flotte chinoise à Fuzhou (alias Fou-Tcheou) en 1884. Il meurt peu après du choléra à bord du Bayard. François Coppée lui dédia ce poème :

Courbet, grand et vénéré nom !
Il vient. Il apparut et disparut trop vite,
Et sa gloire brille pour s’éteindre subite,
Ainsi que l’éclair d’un canon.
Ce qu’il fut : un marin. – Un marin c’est-à-dire
L’homme qui n’est heureux qu’en mer, sur le navire
Qui peut devenir son tombeau ;
L’homme qui, pour servir son pays, sacrifie
Et risque chaque jour, à chaque instant, sa vie…
Un marin!… et rien n’est plus beau.
Il eut ces deux amours : la patrie et l’espace…

A l’époque, Alain Peyrefitte n’était pas né et le monde ne tremblait pas encore devant la Chine !

  • Olivier Dellenbach (X 81), sérial entrepreneur

Né en 1961, fils d’un gynécologue alsacien, Olivier Dellenbach passe quelques années dans le conseil à sa sortie de l’X avant de créer la société Nat System en 1988 pour accompagner le déploiement d’ordinateurs PC dans les entreprises. Il la revend en 1998 au canadien Cognicase. Dès 1999, rejoint rapidement par sa femme Béatrice, ESCP 1988, il crée la société e-Front, plateforme technologique visant à développer des applications logicielles verticales dédiées à l’entreprise, qu’il introduit sur Alternext en 2006. Après divers changements d’actionnaire, dont Bridgepoint en 2015, elle est acquise en 2019 par BlackRock pour 1,5 G$ !

Infatigable, il crée aussitôt ChapsVision, éditeur de référence de solutions Big Data d’investigation, avec pour ambition de devenir un acteur majeur souverain de la cyberintelligence pour les entreprises et les administrations françaises, afin de leur fournir une alternative crédible à l’américain Palantir. Et pour ne pas perdre de temps, il accumule les acquisitions externes, dont Coheris, Sparkow, Flandrin, Elektron et Deveryware, financée par la BPI et Tikehau, pour développer sa plateforme d’analyse de données Argonos.

Reconnu par ses pairs, Olivier vient d’être nommé Président du Cluster Data Intelligence du GICAT (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) qui rassemble une trentaine d’acteurs du renseignement.

Directement concerné, il a créé avec sa femme Béatrice la fondation HappyCap, destinée à faciliter les dispositifs permettant aux handicapés moteurs de mieux communiquer avec leurs proches.

  • Jacques Gounon (X 72), tunneliste
Jacques Gounon et Yann Leriche

Né en 1953 à Créteil, Jacques Gounon entre à l’X en 1972 et en sort dans le Corps des ponts. Après quelques années à la DDE d’Indre et Loire où il reconstruit le pont Wilson à Tours, puis au Syctom de Paris, il pantoufle en 1986 au groupe Comatec puis passe en 1991 chez Eiffage. Il fait ensuite un peu de cabinet ministériel, chez Michel Giraud puis Anne-Marie Idrac avant de devenir en 1996 Président de GEC Alsthom. Il est élu en décembre 2004 administrateur d’Eurotunnel et en est nommé PDG en juin 2005, suite à une action concertée des petits porteurs initiée par le sulfureux Nicolas Miguet, jamais vue en France – sauf peut-être à l’AX en 1975 lors des débats sur le déménagement – qui débarque la totalité du conseil en place.

Divisant cette fonction en 2 après 15 ans de pilotage unique, il quitte en 2020 ses fonctions de PDG pour devenir simple président du conseil d’administration, Yann Leriche (X 94), ancien de Transdev, étant nommé directeur général. Pour la petite histoire, je fais partie des petits investisseurs de 1987, presque tous Français – les Anglais avaient sans doute suspecté l’erreur de calcul – qui, impressionnés par les perspectives d’évolution du cours de l’action annoncées dans le prospectus d’introduction, ont été totalement lessivés lors de la restructuration du capital en 1997 puis en 2007 * . Les perspectives de trafic étaient trop optimistes et le coût réel avait été multiplié par le facteur Pi, classique à l’époque en matière de grands projets comme Concorde mais aujourd’hui porté au carré pour l’EPR. Sans y voir un retour d’ascenseur, j’ai eu le plaisir de recevoir quelques années plus tard une donation de Getlink pour le Musée de l’X !

* Voir les commentaires faits par Jacques Gounon in fine

  • Benoit Halgand (X 17), ecolofranciscain

Né à Angers dans une famille très chrétienne de 6 enfants, Benoit fait sa prépa à Ginette et entre en 2017 à l’X où il préside la communauté chrétienne tout en militant pour la cause écologique, ce qui le conduit malheureusement à participer à la lutte de certains élèves contre l’implantation d’un centre de recherche de Total sur le campus. A sa sortie de l’X, il se lance dans une année de formation à l’abbaye d’Hautecombe, au bord du lac du Bourget, en quête d’un équilibre entre militantisme et vie de prière. Début 2019, il s’engage dans le mouvement Pour un réveil écologique, mouvement d’étudiants créé en 2018 avec la volonté de « prendre leur avenir en main en intégrant dans leur quotidien et leurs métiers les enjeux écologiques et en appelant au réveil la société ». En 2020, il passe quelque temps en retraite chez les Franciscains à Vézelay en suite de quoi il envisage de fonder une nouvelle communauté chrétienne pour concilier vie de prière et engagement dans le monde. Nous lui souhaitons le plus grand succès.

  • Maurice Lauré (X 1936), père de la TVA

Né en 1917 à Marrakech où son père était officier, Maurice Lauré passe sa jeunesse à Rabat puis à Saïgon. Il entre à l’X en 1936 et en sort dans le corps des PTT. Fait prisonnier en 1940, il passe son doctorat en droit après la guerre et entre en 1945 à l’Inspection des Finances et en 1952 à la Direction générale des impôts où il invente la Taxe à la valeur ajouté, maintenant adoptée dans de nombreux pays, remplaçant les anciennes taxes sur le chiffre d’affaires qui avaient l’inconvénient d’être en cascade. Il est nommé en 1967 directeur général de la Société générale dont il devient président en 1973. J’ai eu le plaisir d’y travailler à ses côtés de 1972 à 1977. Remercié par la gauche en 1981, il entame une nouvelle carrière à 65 ans à la tête du groupe BHV-Nouvelles Galeries où il reste jusqu’en 1991.

Il est mort en avril 2001. André Babeau a écrit un grand article sur ses idées économiques dans la Jaune et la Rouge de septembre 2002. Pour la petite histoire, une exposition en novembre 2010 à Bercy, à l’occasion du bicentenaire du corps des mines, montrait les portraits des grands noms du corps depuis sa création en 1794. Maurice Lauré aurait été bien surpris de s’y trouver, entre le sénateur Pierre Laffitte et le professeur Paul Lévy ! Comme les Mormons qui baptisent tous les ancêtres de leurs nouvelles ouailles, le Corps des mines, qui venait d’absorber les Télécom en 2009, avait intégré dans cette exposition des personnes qui n’en avaient jamais fait partie de leur vivant !

  • Arnaud Prost (X 12), astronaute de réserve

Né en 1992, Arnaud entre à l’X en 2012 et en sort dans le corps de l’Armement. Il participe en 2015-2016 au projet Moonwalk à Marseille et obtient à cette occasion un brevet de plongeur professionnel. Il fait ensuite Supaéro et passe un master « Astrophysique, Sciences de l’Espace et Planétologie » à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. Il complète sa formation par des stages à l’Institut de physique nucléaire de Moscou et au Jet Propulsion laboratory de Pasadena. Il obtient son brevet de pilote de chasse en 2020. Il a également un brevet de parachutiste et une licence de pilote commercial.

Actuellement affecté au Centre d’essais en vol d’Istres, Arnaud vient d’être nommé dans la réserve du Corps européen des astronautes de l’Agence spatiale européenne, en tant qu’astronaute remplaçant. Avec toutes ses peaux d’âne, espérons qu’il ne sera pas en surpoids 😊

  • Gilles Wainrib (X 03), Owkiniste

A sa sortie de l’X, Gilles fait une thèse en 2007 à l’Institut Jacques Monod (Paris Diderot) à l’interface math-bio sur le rôle du bruit dans le traitement de l’information par les neurones. Il s’intéresse, lors de son postdoc à Stanford en 2010, aux algorithmes d’intelligence artificielle qui s’inspirent du vivant, en particulier en utilisant le hasard et le désordre au coeur de leur processus de fonctionnement. De retour en France en 2011, à l’Université Paris 13 puis à l’ENS, il développe plusieurs collaborations avec des biologistes et des médecins pour l’étude des réseaux d’interactions biologiques en vue d’une meilleure compréhension du fonctionnement du vivant et d’applications à la médecine personnalisée. En 2016, associé avec Thomas Clozel, il crée Owkin, société dont l’objectif est d’introduire l’intelligence artificielle dans la médecine afin de découvrir de nouveaux médicaments. Owkin s’intéresse notamment à la lutte contre le cancer, et collabore avec Amgen pour améliorer la prédiction en matière cardiovasculaire. Sanofi y a investi 180 M$ l’année dernière, valorisant Owkin plus de 1 G$, en faisant une des licornes françaises les plus prometteuses du secteur de la santé, à l’instar de Doctolib ou Dental Monitoring.

Actualités

  • Redécouvrir les physiocrates, par Jean-Marc Daniel (74)

Infatigable, juste après Comprendre les crises économiques (notre lettre du 22 septembre), Jean-Marc Daniel appelle à la rescousse les physiocrates ! Dans un plaidoyer pour une économie intégrant l’impératif écologique, JMD plaide pour une troisième voie entre la destruction progressive et irrémédiable de la nature et celle, tout aussi irrémédiable, de la liberté, notamment d’entreprendre, dont il trouve les prémices chez les physiocrates, de François Quesnay à Pierre Samuel Dupont de Nemours…

Odile Jacob, 2022, 224 p.

Courrier des lecteurs

  • Merci Hubert. Quel honneur ! Le portrait est parfait. A bientôt, Guillaume Benski (97).
  •  
  • Hubert, tu fais maintenant dans les fake news ? Je ne t’ai pas dit que le comité avait validé ta position lors de sa séance du 15 septembre. J’ai dit au contraire, que le comité, après avoir entendu un exposé de Pierre Laszlo sur la façon dont il concevait ses portraits et la transmission de témoin à Jérôme Bastianelli (X 90) qu’il organise, a approuvé la décision de ne pas retenir ta proposition de publication de tes portraits dans la JR. Tu auras le compte rendu quand il sera validé par le conseil le 17 novembre. Michel Berry (63). Cher Michel, je ne comprends pas bien ta réaction car j’ai scrupuleusement reproduit ton message dans mon courrier des lecteurs du numéro 11 ! Ce serait bien d’ailleurs si la Jaune et la Rouge avait un courrier des lecteurs ? …. HLL.
  •  
  • Bonjour Hubert, Tu trouveras ci-joint, comme convenu, le compte rendu du comité éditorial traitant des portraits de Pierre Laszlo et de ta proposition. Bien à toi. Michel Berry : « … Michel Berry fait le point sur la candidature d’Hubert Lévy-Lambert pour publier dans la JR ses portraits « Xtraordinaires ». Ces portraits ne sont pas du tout dans l’esprit du travail de Pierre Laszlo, qui convient parfaitement à la revue, et en outre il a déjà organisé sa succession. Pas d’objection au sein du comité pour décider de ne pas publier HLL. ». Cher Michel, bravo ! Tu as présenté mes mini-portraits comme concurrents de ceux de Pierre Laszlo, ce qui est notoirement faux car j’en aurai fait cent cette année contre 10 pour Lazszlo (dont le mien, qui était excellent !). Sur cette base erronée, tu as fait prendre à ton comité de 16 personnes, sans que personne ne moufte, une décision unanime digne de l’ère soviétique. HLL.
  •  
  • Je découvre des profils originaux qui nous changent de platitudes convenues sur les polytechniciens : merci. Jean de Bodman (69).
  •  
  • Merci beaucoup pour cet article… Bien à vous. Laura Chaubard (99).
  •  
  • Cher Hubert, merci pour cette nouvelle fournée. Peut-être pourrais-tu envisager une annonce sur le groupe X Facebook, 6100 membres ?… Tru Do-Khac (79). Fait, merci. HLL
  •  
  • Bravo pour cette nouvelle édition des portraits, aussi passionnante et instructive que les précédentes… Olivier Herz (79).
  •  
  • Merci, cher Monsieur, pour cet amical « mini-portrait » qui me touche beaucoup. L’Ecole maintient mon poste et nous parlons déjà du programme d’incorporation des X 2023 ! Bien à vous et croyez bien que je suis très sensible à votre fidélité. Patrice HOLINER.
  •  
  • Merci Hubert, très sympa de ta part. Bien cordialement. Benjamin Revcolevschi (94).
  •  
  • Bonjour Hubert, C’est une jolie lettre bravo… Gala Vino (D 14).

Vous connaissez des Xtraordinaires ? N’hésitez pas à me les signaler mais ne vous impatientez-pas si vous ne les trouvez pas dans ma prochaine lettre car j’ai déjà une belle liste d’attente. Il y a manifestement beaucoup d’Xtraordinaires, pas toujours connus !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur du Musée de l’X

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #12

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes ou vieux, vivants ou morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, comme d’habitude. Jugez-en !

  • Guillaume Benski (X 97), superproducteur
Guillaume Benski et HLL

Né en 1977, père deux enfants joliment prénommés Pamina et Léonard, diplômé de l’X et de Télécom, Guillaume est tombé très vite dans le chaudron du cinéma avec un premier job de superviseur financier chez ARSAM, entreprise de conseil et de financement à destination des producteurs télé et cinéma. Il devient producteur chez Divine Productions en 2006 puis il fonde Superbe Films en 2010.

Il produit un film pour moi en 2016 à l’occasion de l’appel à projets que j’avais lancé pour l’installation d’une statue d’Arago à la place de celle fondue par les Allemands en 1942. Le lauréat a été Wim Delvoye, le seul candidat non interviewé dans le film ...

Après différents films dont A good woman is hard to find (2019), Guillaume nous régale à partir du 2 novembre avec Une robe pour Mrs Harris avec Isabelle Huppert, Lesley Manville et Lambert Wilson. Découvrez-le film et courez le voir !

  • Laura Chaubard (X 99), GénéraliX
Laura Chaubard (c) Jérémy

Née en 1980 de parents respectivement profs de philo et d’histoire, Laura entre à l’X en 99 et en sort dans l’Armement. Elle passe un doctorat d’algorithmique à l’Université Paris Diderot puis passe 6 ans à la DGA en tant qu’experte du big data et de l’intelligence artificielle puis cheffe du bureau des PME stratégiques. Elle entre en 2017 au cabinet de Florence Parly comme conseillère pour l’innovation et le numérique. Elle y portera notamment avec succès la création de l’Agence Innovation Défense, du fonds d’investissement Definvest et d’une Direction Générale du Numérique. Elle est nommée en octobre 2019 DG de la Villette, à la place de la bien nommée Marie Villette, qu’elle quitte 3 ans plus tard pour être DG de l’X à la place de François Bouchet (X 86), nommé Contrôleur général des armées en mission extraordinaire. Je lui ai proposé de lui faire visiter le musée de l’X. Elle le trouvera sans doute un peu rikiki par rapport à la Villette mais elle trouvera peut-être un algorithme pour le faire grandir ! Vous pouvez voir son parcours plus détaillé dans l’exposition 50 ans…

  • Pierre de Cossé-Brissac (X 1918), mémorialiste
May Schneider,_duchesse de Brissac

Pierre de Cossé Brissac (1900-1993), 12e duc de Brissac, entre à l’X en 1918 et en sort dans dans le groupe Schneider, appartenant à la famille de son épouse May (1902-1999), épousée en 1924, qui s’affichera ouvertement avec Paul Morand (1888-1976), grand écrivain vychiste, anglophobe et antisémite, et ira après la guerre en prison pour collaboration. Il était non seulement industriel mais aussi mémorialiste avec de nombreux écrits entre 1950 et 1980, dont En d’autres temps, premier volume d’une chronique du xxe siècle, prix Saint-Simon 1975.

Contre l’avis de ses parents qui la destinaient plutôt à Rainier de Monaco ou à Jean d’Ormesson, sa fille Marie-Pierre, née en 1925 et encore active, a épousé Simon Nora, rencontré dans la Résistance, avant d’épouser un autre juif, Maurice Herzog (1919-2012), grand alpiniste dont la statue a été déboulonnée par sa fille Félicité dans Un héros (2012).

  • Antoine Guyot (X 13), nucléariste

Entré à l’X en 2013 après une prépa à Stan, Antoine passe un an à Berkeley pour apprendre à créer son entreprise puis passe un MS à l’Université Pierre et Marie-Curie. Après quels petits jobs alimentaires, dont assistant free-lance à X-HEC Entrepreneurs, il participe en 2020 à la création de JIMMY, le fournisseur de chaleur qui décarbone l’industrie grâce à son générateur thermique atomique modulaire SMR.

Après un premier tour de table de 2 M€ au début de, Jimmy Energy vient de lever 15 M€ avec l’aide de Polytechnique Ventures (voir Denis Lucquin infra), pour un petit réacteur produisant non pas de l’électricité mais de la chaleur, afin de rendre l’industrie moins dépendante au gaz. Vaste programme !

Jimmy présentait ses ambitieux projets sur BFM Business le 24 octobre.

  • Patrice Holiner (X X), maitre de chapelle
Me Patrice Holiner

Je sais qu’on peut être membre d’honneur de l’AX, selon l’article 3 des statuts mais je ne sais si on peut être polytechniciens d’honneur. Je n’en ai pas trouvé dans la Bible mais si quelqu’un mérite ce titre, c’est sans conteste Maitre Patrice Holiner qui a été directeur musical de l’Ecole pendant quasiment un demi-siècle, des années 70 à 2020.

Vous trouverez plus de détails sur sa carrière dans l’article de Pierre-René Séguin paru à l’occasion de son départ en retraite dans la Jaune et la Rouge de septembre 2020. Mais les grands hommes ne prennent jamais leur retraite et vous pourrez le voir diriger la chorale de l’X le 19 novembre à 10 h 30 à l’Eglise St Etienne du Mont, dans la messe en la, Panis angelicus de César Franck, dans le cadre de la messe solennelle organisée chaque année par X Mémorial à la mémoire des X décédés dans l’année.

  • Abdelouafi Laftit (X 86), ministre de l’intérieur
Abdelouafi Laftit Photo MAP

Né en 1967 à Tafersit (Rif oriental), Abdelouafi entre à l’X en 1986 et fait ensuite l’Ecole des Ponts. Après un bref passage dans le domaine financier en France, il rejoint en 1992 l’Office Marocain d’Exploitation des Ports (ODEP) où il est successivement directeur des ports d’Agadir, Safi et Tanger, avant d’être nommé directeur du Centre régional d’investissement de Tanger-Tétouan en 2002 puis gouverneur de la province Fahs-Anjra en 2003, gouverneur de la province de Nador en 2006, PDG de la Société d’aménagement pour la reconversion de la zone portuaire de Tanger ville en 2010, gouverneur (wali) de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer en 2014 et ministre de l’intérieur en 2017.

C’est sur sa proposition qu’à la suite des accords d’Abraham, initiés par Donald Trump et non remis en cause par son successeur, SM Mohammed VI a entériné en juillet dernier une importante réorganisation des instances représentatives juives marocaines, la troisième seulement depuis 1918 !

Abdelouafi est marié et a 4 enfants.

  • Denis Lucquin (X 77), aventurier
Denis Lucquin

Après l’X, le Génie Rural et Paris Dauphine, Denis commence sa carrière au transfert de technologie de l’INRA puis rejoint le monde du capital risque : Innolion (Crédit Lyonnais), puis Sofinnova Partners où il est pendant 17 ans spécialisé en santé. Il a été Président de Sofinnova pendant 10 ans et a fondé France Biotech, l’association française des entrepreneurs en biotechnologie avant de créer Polytechnique Ventures en juillet 2021 avec Cécile Tharaud (84). Plus de détails dans la Jaune et la Rouge de septembre 2021.

  • Benjamin Revcolevschi (X 94), technologue
Benjamin Revcolevschi

Né en 1974, Benjamin entre à l’X en 94 puis fait Télécom et Dauphine. Il passe 7 ans au BCG (Boston Consulting Group), où il s’occupe des nouvelles technologies. En 2007, il entre chez Neuf Cegetel, où il s’initie à la direction opérationnelle. Il passe ensuite à SFR Business team puis est nommé DG de Fujitsu France. En 2022, il est nommé DG France et Benelux de DXC Technology, leader des services IT appartenant au classement Fortune 500. C’est ainsi que DXC France est Supporteur Officiel de #Paris2024 et fournisseur de logiciels d’entreprises préconfigurés qui permettent au Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 de planifier ses ressources et de gérer ses processus de ressources humaines. 

  • Emmanuel de Straschnov (X 03), nocodeur
Emmanuel de Straschnov

Né en 1983 à Paris de parents sinologues et sinophiles, Emmanuel fait sa Taupe à Louis le Grand, entre à l’X en 2003 et en sort dans le corps des Ponts. Il passe quelques années de conseil en stratégie chez Roland Berger à Shanghai, puis passe en 2012 un MBA à la Harvard Business School. Il y rencontre Joshua Haas et fonde avec lui Bubble, une société qui développe un langage de programmation visuel permettant la réalisation d’applications et de sites internet complexes sans avoir de compétences informatiques, en résumé no code ! Après avoir levé 6 M$ en 2019, Bubble fait un nouveau tour de table en 2021 de 100 M$ !

Emmanuel a épousé en 2019 Fala Chen, une actrice sino-américaine. Ils ont une fille Minnie, née en 2021.

  • Catherine Sueur (X 96), inspectrice
Catherine Sueur photo Eric Malot

Née en 1975 à Orléans, fille d’un sénateur socialiste, Catherine entre à l’X en 1996 puis à l’ENA (promotion René Cassin) dont elle sort dans l’Inspection des finances. Elle a un parcours professionnel impressionnant par sa diversité comme par sa rapidité : quelques années en inspection comme il se doit, puis administratrice générale adjointe du Louvre en 2007, secrétaire générale du Monde en 2011, directrice générale déléguée de Radio France en 2012, directrice générale adjointe de l’APHP en 2017. Elle revient au Monde en 2018 et préside Télérama en 2019. Elle est nommé chef du service de l’IGF le 1er mai 2022 en remplacement de Marie-Christine Lepetit. Elle aura le triste privilège de diriger un corps en extinction suite à la suppression de l’ENA. Qu’en dirait Michel Debré qui avait créé l’ENA pour éviter que les membres des grands corps de l’Etat soient choisis à la tête du client ???

Actualités

  • Le grand déclassement, par Philippe d’Iribarne

Sous-titré « Pourquoi les Français n’aiment plus leur travail », ce livre nous explique que l’entreprise se découvre depuis peu une vocation sociale. L’épanouissement des salariés, le pouvoir partagé, la survie de la planète deviennent brusquement des objectifs prioritaires. Mais cette vision angélique du monde du travail correspond-elle à la réalité ? Ne faudrait-il pas expliquer aux adeptes de la grande démission, qui bénéficient souvent des prestations de l’assurance-chômage, qu’il n’est pas raisonnable de faire venir à grands frais des étrangers pour occuper des postes dont les Français ne veulent pas.

Vous pouvez voir sa biographie dans notre lettre du 30 mai.

Albin Michel, 2022, 176 p.

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Courrier des lecteurs

  • Pour information, le comité éditorial a validé ma position lors de sa réunion du 15 septembre. Amitiés. Michel Berry (X 63). J’apprécierais de recevoir le procès-verbal. Merci d’avance. HLL
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  • Mon cher, La banalisation de l’OAS devrait te couvrir de honte de même que tes commentaires et raccourcis de cette parution au même titre que, en son temps, la banalisation de Bichelonne par certains d’entre nous. Tu finis très mal. Dommage. Michel Chappat (X 73). Il faut me lire au deuxième degré. Je ne crois pas avoir écrit en faveur de l’OAS ni de Bichelonne. HLL
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  • Cher ami Merci. A côté de tes mérites, que dire des miens ? Très amicalement René Coulomb (X 51).
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  • Bonjour, Tu aurais pu, au moins, mettre des guillemets à « tyrannicide ». Très cordialement Alain Crémieux (X 55).  J’aurais alors dû en mettre à tous mes qualificatifs ! HLL
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  • Cher Hubert, Merci beaucoup pour cette publicité. [J’espère être] aussi vaillant que toi à ton âge. Mais qui peut dire ce qu’il en sera ? Vertige de l’avenir inconnu. Tibi, Jean-Pierre Dupuy (X 60).
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  • Clairement pas toujours des modèles, à parcourir la galerie. J’aurais préféré un peu de dérision, du genre “ les gros nuls de l’X, les anti-pougne, la Kes , le Styx , le Bobar … La dérision et l’humour potache, c’est quand même plus en phase avec l’esprit de cette école qui faisait sérieusement son travail sans se prendre au sérieux. Olivier Khayat (X 83).  J’aime bien ta réaction car on me reproche généralement le contraire : trop de dérision, trop d’esprit potache ! HLL
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  • Cher Hubert, …S’agissant des portraits, je me délecte toujours autant à leur lecture… Amitiés fidèles. Marwan Lahoud (X 84). 
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  • C‌her camarade, je viens juste de lire ton message qui m »avait échappé dans la semaine de transition professionnelle entre la direction de la maintenance aéronautique et l’inspection générale des armées-armement. Je n’ai pas de commentaires à faire sur ce mini-portrait où tu cites gentiment les membres polytechniciens de ma famille ! Je te remercie. Bien cordialement. Monique Legrand-Larroche (X 82).
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  • Regretter que Bastien-Thiry ne figure pas sur le monument des X mort pour la France est une ignominie. Retire-moi de ta liste de diffusion. Henri Sterdyniak (X 70). Tu as mal lu. Ce n’est pas moi qui exprime ces regrets ! HLL
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  • Toujours aussi punchy cher Hubert. Richard Toper (X 71).
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #11

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, mais pas forcément des modèles. Jugez-en !

  • Jean Bastien-Thiry (X 47), tyrannicide

Né en 1927 à Lunéville, Jean-Bastien-Thiry est l’ainé de 7 enfants. Son père Pierre (X 20 S), était lieutenant-colonel d’artillerie et son grand-père capitaine de cavalerie. Sorti de l’X puis de Supaéro comme ingénieur militaire de l’air, il conçoit le missile SS10 qui sera utilisé par les armées française, américaine et israélienne. Partisan de l’Algérie française, il considère que la politique algérienne du général de Gaulle est un crime contre l’humanité, terme curieusement repris par Macron dans son discours d’Alger du 14 février 2017 ! S’appuyant sur des écrits de Saint Thomas d’Aquin, il considère le tyrannicide comme légitime et organise plusieurs attentats contre le général de Gaulle, dont Pont sur Seine en septembre 1961 et le Petit Clamart le 22 août 1962, auquel le général échappe miraculeusement, sa voiture ayant été criblée de balles. Condamné par la Cour militaire de justice, il est passé par les armes en mars 1963 au fort d’Ivry. Malgré certaines requêtes, son nom ne figure pas sur le monument aux morts de l’Ecole, pas plus que celui de Louis Rossel (X 1862), délégué à la guerre de la Commune de Paris, fusillé en 1871 par les Versaillais pour trahison.

  • Nicolas Bouleau (X 65), mathématicien philosophe

Né en 1945 à Paris, Nicolas entre à l’X en 1965 et en sort dans le corps des Ponts et Chaussées et passe en même temps un diplôme d’architecte. Il s’occupe quelque temps de la création des villes nouvelles mais bifurque rapidement vers les mathématiques et crée le centre de recherche en mathématiques de l’Ecole des ponts dont il est aujourd’hui professeur émérite. Très éclectique, il s’intéresse aux probabilités, à l’économie et à la philosophie des sciences. Parmi ses nombreux ouvrages dans ces 3 domaines, on peut citer Processus stochastiques et applications (1988), Mathématiques et Risques financiers (2009), Introduction à la philosophie des sciences (2017), Théorie des erreurs (2019) ou Ce que Nature sait, La révolution combinatoire de la biologie et ses dangers (2021), pour lequel il a été interviewé par Robert Ranquet dans la Jaune et la Rouge de mai 2021.

Nicolas tient un blog dont le dernier article, daté du 17 juin 2022, s’intitule Sauver le climat. Il y explique que la crise des subprimes ayant fait l’objet d’un concert médiatique autour du risque systémique, rapidement l’opinion publique a été effrayée, les gouvernements ont remis à flot les banques et les principaux départs de feu ont été éteints. Rien de tel pour le climat…  Cliquez ici pour lire la suite.

  • René Coulomb (X 51), porteur d’eau
Entre les Forums de La Haye et Marseille (2012)
Jusqu’au Forum de La Haye (2000)

Sorti de l’X dans le corps des Ponts et Chaussées, Licencié es Sciences, René Coulomb a fait toute sa carrière dans le secteur de l’eau, étant successivement Ingénieur en Chef des services techniques de la Ville de Paris, Chef du service des Barrages-réservoirs de la Préfecture de la Seine, puis à la Lyonnaise des Eaux en tant que Chargé de la division eau, Directeur adjoint, Directeur, puis Directeur général avant de devenir Membre du Conseil de Surveillance de Suez-Lyonnaise des Eaux puis Conseiller du Président de Suez-Lyonnaise des Eaux. René Coulomb a également exercé de nombreuses responsabilités dans plusieurs organisations professionnelles. Au niveau national en tant que Président de la Société Hydrotechnique de France, Président du SPDE, Président du CI-Eau, Administrateur de l’Agence Seine-Normandie. Il fonde en 1996 le Conseil Mondial de l’Eau dont il devient Vice-Président puis Gouverneur. Il a écrit en 2011 une présentation en 2 volumes de cette structure originale, créée pour alerter les responsables des différents pays, à tous les niveaux, sur la nécessité de donner la priorité à la résolution des problèmes de l’eau au niveau mondial.

  • Jean-Marc Daniel (X 74), économiste libéral

Jean-Marc Daniel est né en 1954 à Bordeaux. Entré à l’X en 1974, il en sort dans le corps des administrateurs de l’Insee. Economiste libéral, il est professeur émérite à l’ESCP et directeur de la revue Sociétal. Très présent sur les réseaux sociaux, il fait des chroniques pour le Monde et pour BFM. Il a écrit de nombreux ouvrages dontLe Gâchis français. 40 ans de mensonges économiques (2015), Histoire de l’économie mondiale (2021) ou La Politique économique (2022). Il a été président éphémère de X Sursaut, entre moi et Laurent Daniel. Il vient de sortir un nouveau livre : Comprendre les crises économiques, fatalité ou nécessité, avec Cristina Peiculi (Puf, 2022, 250 p.). Il y explique que tout le monde parle de crise, tout le temps. Dans ces conditions, la crise devient la normalité. Chercher à comprendre ce qui mérite d’être appelé une crise est essentiel. Et analyser comment les crises naissent, comment elles évoluent, comment elles se résorbent et pourquoi elles sont nécessaires permet de s’y adapter au lieu de les subir.

  • Philippe Hayat (X 85), entrepreneur

Né à Neuilly/Seine en 1964, Philippe Hayat est également diplômé de l’Essec. Il a fondé en 2008 l’association 100 000 Entrepreneurs, visant à transmettre l’envie d’entreprendre aux jeunes, notamment dans les zones dites « sensibles ». Il a écrit plusieurs livres dont Entreprenez ! À l’indignation, préférez l’action (2012), Momo des Halles (2014, lauréat du Festival du premier roman de Chambéry), L’avenir à portée de main (2015) et Où bat le cœur du monde (2019, Prix Filigranes). Son dernier roman, La loi du désordre (2022), se passe à l’aube de la guerre de 14.

  • Jean-Bernard Lévy (X 73), électrocuté

Né en 1955 à Suresnes dans une famille d’origine lorraine, d’un père médecin et d’une mère professeur agrégée, Jean-Bernard entre à l’X en 1973 et en sort dans le Corps des Télécom, absorbé depuis lors par le Corps des mines. Après quelques années aux Télécom, il entre chez chez Matra, puis dirige le cabinet de Gérard Longuet à l’Industrie de 1993 à 95 puis devient Pdg de Matra, Dg d’Oddo, Dg puis Président de Vivendi, Pdg de Thales. Nommé Pdg d’EDF en 2014 et renouvelé en 2019, il vient d’annoncer qu’il souhaite quitter ses fonctions avant l’échéance de son mandat. Il est question qu’il soit remplacé par Luc Rémont (X 88, Armement), directeur chez Schneider Electric, mais le gouvernement tergiverse, hésitant entre la gouvernance à une ou à deux têtes.

Critiqué pour la mauvaise disponibilité des centrales nucléaires, Jean-Bernard n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat lors des journées du Medef du 29 août 2022 en expliquant que la loi du 17 août 2015 avait contraint EDF à fermer des centrales nucléaires, ce qui ne fait pas appel aux mêmes corps de métiers que la construction de nouvelles centrales. Macron a vivement réagi mais c’est bien lui qui a ordonné la fermeture de Fessenheim, en croyant se faire bien voir des écolos, avant de virer un peu tardivement sa cuti.

  • Jean Muzard (X 34), aviateur libre

Né le 17 mai 1914 à Santiago de parents franco-chiliens, Jean Jacques Muzard entre à l’X en 1934, comme son cousin Jean Robert Muzard (X 1930). Il en sort sous-lieutenant dans l’Armée de l’Air et est breveté pilote à Avord en 1937. Retourné au Chili en 1940, il entend l’appel du 18 juin et s’enregistre aux FAFL en mars 1942 à Santiago, comme pilote de chasse. Arrivé en Grande-Bretagne, il est nommé au Squadron 64 de la RAF puis au Squadron 329 « Cigognes » qui participe au Débarquement au-dessus de Caen et Bayeux. Son Spitfire devant atterrir en catastrophe en Normandie occupée, il est sauvé par un boulanger français qui le cache des nazis. Il finit la guerre comme capitaine avec la médaille de la Résistance française, avec rosette, la Croix de guerre avec palmes et la Légion d’honneur. Il meurt le 12 août 1990 au Chili.

François Mitterrand le cite dans la Lettre à Anne n° 830 (12.11.1971) lors de son voyage au Chili, comme un des rares Chiliens à avoir participé au Débarquement.

  • Frédéric Oudéa (X 81), pharmacien

Né en 1963 à Paris, Frédéric Oudéa est le fils d’un brillant gastro-entérologue d’origine hongroise, mort prématurément en 1976, et d’une chercheuse dans l’industrie pharmaceutique. Il entre à l’X en 1981 et fait ensuite l’ENA (promo 87) dont il sort dans l’Inspection des finances. Après la tournée traditionnelle des Inspecteurs et un bref passage au cabinet de Nicolas Sarkozy aux Finances, il entre à la Société générale en 1995. Il est propulsé brutalement en 2008 du poste de directeur financier au poste de directeur général puis de Pdg en remplacement de Daniel Bouton, poussé à la sortie suite à l’affaire Kerviel. Mais ce n’est pas parce que la SG a perdu 3 G€, soit un demi-Kerviel bien tassé, dans la cession de sa filiale russe que Frédéric vient d’annoncer son prochain départ de la SG, pour prendre la présidence de Sanofi. Il ne sera pas le premier Pdg de la SG à se reconvertir : Maurice Lauré (X 36), dont nous parlerons dans une prochaine lettre, n’est-il pas devenu Pdg du BHV et des Nouvelles Galeries à l’âge de 65 ans suite à son éviction par Mitterrand en 1982 ?

Frédéric a 5 enfants dont 2 avec Véronique Morali et 3 avec Amélie Oudéa-Castéra, ancienne championne de tennis, actuellement ministre des sports. Il vient d’être nommé président de la Fondation de l’Ecole polytechnique en remplacement de Denis Ranque (X 70). Cliquez ici pour plus de détails.

  • Angel Prieto (X 16), ange ou bête ?
ANNA WANDA GOGUSEY

Né en 1997, Angel Prieto fait partie, avec Kadi et Laviolette (notre lettre du 28 juillet), des jeunes contestataires qui ont mis un peu d’ambiance à la cérémonie de remise des diplômes du 24 juin sur le platâl. Sorti de l’X dans le corps des Mines, il a suivi la formation du Campus de la Transition. Il a cofondé le Manifeste étudiant pour un réveil écologique et est membre du groupe de travail sur l’ESG de l’Institut français des administrateurs (IFA). D’abord analyste pour Engie, il rejoint fin 2020 The Shift Project (présidé par Jean-Marc Jancovici, X 81, notre lettre du 31 mars), pour piloter le projet Administration publique. Il prend ensuite un poste d’analyste chez McKinsey au Maroc où il conseille des acteurs publics sur la transition bas-carbone en Afrique. Il participe en 2021 en tant qu’élève du corps des Mines à l’élaboration d’un tronc commun pour la formation initiale des hauts-fonctionnaires à la transition écologique et forme un groupe de travail inter-écoles pour verdir les formations de services public.

Cliquez ici pour plus de détails sur les actions d’Angel.

Actualités

Cette nouvelle rubrique vous fait part d’évènements concernant des camarades déjà cités, qui ont récemment défrayé à nouveau la chronique.

  • Antoine Compagnon (X 70, notre lettre du 2 mars et notre recension du 23 avril) après les étés avec Montaigne (2013), Baudelaire (2014) et Pascal (2020), nous a fait passer un été avec Colette (Ed. Equateurs, 2022). Elle a, selon lui, créé quatre mythes : Claudine ; Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd’hui. Un été avec Colette (Ed. Equateurs, 2022, 248 p.)
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  • Jean-Pierre Dupuy (X 60, notre lettre du 27 juin) a publié en 2018 un livre intitulé La Guerre qui ne peut pas avoir lieu. Essai de métaphysique nucléaire. Il y concluait que si une guerre nucléaire mondiale devait se produire dans les prochaines décennies, elle mettrait initialement aux prises les États-Unis d’Amérique et non la Corée du Nord, dont le leader à l’époque se moquait cruellement du président américain, ni la Chine, mais la Russie. L’actualité fait que son livre est redécouvert aujourd’hui. Une publication en anglais va paraître, ainsi que plusieurs autres, dont une au Japon et une en Corée du Sud. Les éditions du Seuil vont le publier en collection de poche Points, actualisé pour tenir compte de la guerre larvée qui oppose la Russie aux puissances de l’OTAN et complété par une nouvelle préface de 30 pages. L’auteur serait heureux de recevoir critiques, objections, réfutations.
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Courrier des lecteurs

  • Je vois que tu n’as rien compris aux raisons qui font que j’objecte à la publication de tes portraits dans la Jaune et la Rouge. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de place, et qu’il y a déjà une rubrique de portraits nettement plus originale et intéressante, celle de Pierre Laszlo. Il y a aussi pas mal d’inexactitudes ou de lacunes dans tes portraits, qui seraient évitées si tu montrais tes portraits aux personnes concernées (concernant le mien, je ne vois pas ce que tu dis d’intéressant pour un lecteur, à part le fait que je te résiste). Surtout, je n’ai pas dit qu’il était malvenu de mettre de l’emphase sur les qualités des X, mais qu’aujourd’hui, les X fassent leur auto-éloge par un auteur X, me semble malvenu. Ça irait pour une revue d’anciens élèves un peu potache et nombriliste, mais j’ai une autre vision de la JR. Michel Berry (63). Cher Michel, les raisons de ton opposition me paraissent spécieuses. J’aimerais connaitre l’avis des membres du Comité éditorial dont le silence est assourdissant. Et, pourquoi pas, l’avis des lecteurs de la Jaune et la Rouge ? HLL
  • Merci Hubert pour ta publication périodique de ces portraits qui me font découvrir à chaque fois des personnalités très intéressantes. Bien cordialement, Pascal Bouillon (79).
  • Cher ami, Si je lis avec intérêt tes portraits, je partage ce que dit Michel Berry. On ne peut faire paraitre dans la Jaune et la Rouge des éloges d’X déclarés « Extraordinaires » par un X. Certains en arrivent même à compléter tes « portraits » pour faire leur auto-éloge ! Quant à François Mayer il demande son portrait ! Même si le Corps des Mines est exceptionnel, la proportion de ses membres dans ta « liste » est sans commune mesure avec leur nombre dans les promotions ! J’ai préféré les articles que tu as publié dans la Jaune et la Rouge sur des X exceptionnels que nous avons connu tous les deux, Pène et Herz. Cordialement. René Coulomb (51). Crois bien que c’est involontaire. J’essaye déjà de panacher les âges et les sexes, les vivants et les morts ainsi que les bons et les mauvais car, contrairement à ce que Berry croit, extraordinaire n’est pas synonyme d’excellent. Je vais essayer d’équilibrer aussi les Corps mais je dois également veiller aux couleurs car il parait que j’ai mis 51 % de jaunes😊 HLL
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  • Cher Hubert, Merci de ton envoi, une fois de plus, fort intéressant. Anecdote qui m’a été rapportée par Jean Touz (X 30 ou 29 (?)) longtemps DRH d’EDF, témoin oculaire de la scène. Lors de l’inauguration de l’usine marémotrice de la Rance, les principaux acteurs furent salués chacun personnellement par De Gaulle. Arrivé au niveau de Robert Gibrat, De Gaulle lui dit : “Je sais tout de vous, M. Gibrat”, faisant allusion à la fois à la période vichyste et à la Rance où Gibrat avait joué un rôle essentiel. Tout De Gaulle, n’est-ce pas !… Michel Gérard (55)
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  • Cher Hubert, Merci pour ce portrait très complet. Deux petites remarques : Je ne suis que l’arrière-petit-neveu d’Amédée Mannheim, et non son arrière-petit-fils, Je suis tromboniste et non trompettiste (coquille corrigée dans la suite de l’article). C’est vraiment secondaire   Ce qui l’est beaucoup moins, c’est l’émotion éprouvée en retrouvant, dans ta lettre, Jean Coutrot qui avait été camarade de lycée, puis de Promo, de mon père Armand Mayer, et était resté un ami intime. François Mayer (X 45). Coquilles corrigées, avec mes excuses. HLL
  • Bonjour Hubert, Je lis toujours avec intérêt tes portraits. Pour répondre à ton appel je te signale 2 camarades : 1 Jean Muzard X 34 Franco-chilien qui s’est engagé dans l’aviation FFL comme pilote de Spitfire. Mais je n’ai pas beaucoup de détails. 2 Pierre Berest X70 qui vient de mourir. Voir ici. Charles-Henri Pin (56). Fait dans le précédent numéro pour Berest et dans le présent pour Muzard. HLL
  • Bonjour Hubert, merci à toi pour faire connaître mon camarade de promo Jean-Michel Pilc et son oeuvre. Bonne rentrée. Tru (79).
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #10

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, jugez-en !

  • Pierre Berest (X 70), mécanicien

Né le 10 mars 1950, Pierre Berest entre à l’X en 1970 et en sort dans le corps des mines. Grand spécialiste du comportement mécanique des ouvrages souterrains, il a notamment dirigé le Laboratoire de mécanique des solides de l’X (LMS) et présidé le Comité français de mécanique des roches. Il présidait depuis 2004 le Groupe permanent d’experts pour les déchets nucléaires (GPD) auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Pierre est mort le 28 juillet 2022. J’adresse une carte postale de condoléances à son épouse Lelia Picabia, à ses filles Isabel, Anne et Claire et à ses petites-filles.

La nuit n’est jamais complète, Il y a toujours puisque je le dis,

Puisque je l’affirme, au bout du chagrin,

Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée

Paul Eluard

  • Michel Berry (X 63), éditorialiste

Né en 1943 à Paris, d’un père commissaire de police et d’une mère enseignante, Michel fait ses études à Lakanal et à Louis le Grand et entre à l’X en 1963. Sorti dans le Corps des mines, comme son jeune frère Gérard (X 67), qui aura l’honneur d’une prochaine lettre, il commence sa carrière comme chercheur au centre de gestion scientifique de l’Ecole des mines (1969-73) puis dirige le Centre de recherche en gestion de l’X (1974-91) avant de de devenir membre du conseil scientifique du CNRS (1992-97) et membre du conseil général des mines (1999-2008). Il a été aussi responsable de la revue Gérer et Comprendre pendant 30 ans (1985-2015), responsable de l’Ecole de Paris du management depuis 1993 et président des Amis de la musique de Deauville depuis 2015 et président du comité éditorial de la Jaune et la Rouge depuis 2013. C’est lui qui, malgré l’avis favorable de Marwan Lahoud, président de l’AX, refuse la diffusion de mes lettres dans la Jaune et la Rouge, pour trois raisons qui sont loin d’être rédhibitoires : pas de place pour une rubrique de plus, portraits incomplets ou inexacts, pas de relecture par les personnes citées et pour une quatrième raison qui me parait inappropriée : trop d’emphase sur les qualités des X, au risque de déplaire aux lecteurs non X de la revue. Peut-être les deux portraits ci-après, et d’autres passés, qui lui ont échappé,  comme David (01) ou Vezin (15) ou à venir comme Bastien-Thiry (47) ou Gergorin (66), lui montreront-t-ils que mes Xtraordinaires ne sont pas toujours des modèles en tout point. Mais un Gascon peut-il se déjuger ?

  • Jean-René Coutrot (X 1913), transhumaniste

Né en 1895, Jean-René Coutrot intègre l’X en 1913, promotion dont un quart des membres, dont le major Charles Carcopino-Tusoli, meurent à la guerre de 14-18. Grand sportif, il perd malheureusement sa jambe droite devant Craonne en septembre 1915. Plein d’énergie, il travaille plusieurs années dans une société de papeterie. Chantre de la rationalisation de l’économie, il participe aux activités du Comité national de l’organisation française et de la Commission générale d’organisation scientifique du travail. Il est en 1931 l’un des fondateurs du groupe X-Crise, dont X Sursaut est un lointain avatar. Ce groupe est dissout en 1940, certains de ses membres étant pour la Résistance, d’autres, dont Coutrot, plutôt pour Vichy. Il travaille à l’Ordre nouveau, comme Robert Gibrat (voir plus bas) et milite pour le service civil. Il publie De quoi vivre (1935), dirige les Entretiens de Pontigny et, précurseur du transhumanisme, crée avec Aldous Huxley, auteur du Meilleur des mondes et Alexis Carrel, sulfureux prix Nobel de médecine, la Fondation pour l’étude des problèmes humains, dissoute à la Libération. Déprimé, il se suicide en 1941. On le rencontre souvent dans la Digue de sable de François Mayer (45) sous le pseudo transparent de Pierre Courbot (voir plus bas).

  • Robert Gibrat (X 1922), marémoteur

Né en 1904 à Lorient, Robert Gibrat entre à l’X en 1922 et en sort major dans le Corps des mines. Il enseigne 6 ans à l’Ecole des mines de St Etienne puis travaille 5 ans à la Société générale d’entreprise et participe aux activités du groupe Ordre Nouveau. Il est nommé en 1940 directeur de l’électricité au ministère de la Production industrielle puis secrétaire d’État aux Communications dans le Gouvernement Laval en avril 1942. Bien qu’ayant démissionné dès novembre 1942 lors de l’invasion de la zone libre, il passe un an à Fresnes à la Libération et est condamné à dix ans de dégradation nationale.

Rapidement relevé de sa condamnation, rien à voir avec le sort d’un autre brillant major, Jean Bichelonne (X 1923), ministre de Vichy jusqu’à sa fin, ni avec Jérôme Carcopino, également ministre de Vichy, qui révoqua tous les juifs de l’Education nationale en 1941, ce qui ne l’empêcha pas d’être élu à l’Académie française en 1955, Robert participe après la guerre à la construction de l’usine marémotrice de la Rance puis devient directeur général du Groupement de l’Industrie Atomique (INDATOM), président du Conseil scientifique et technique d’Euratom et Président de la Société des ingénieurs civils de France et de la Société de statistique de Paris.

Mort en 1980, Robert a eu 3 filles : Corinne, épouse de François Mayer (X 45, voir plus bas), Mowgli et Fleur. Cliquez ici pour lire son éloge funèbre par Jacques Dontot (X 1935) pour la Revue des ingénieurs.

  • Laurence Jacques (X 88), biosourcière

Entrée à l’X en 1988 comme son mari Vincent Guigueno, Laurence fait les Mines à titre civil en 1990 et commence sa carrière chez Lafarge, où elle reste près de 20 ans. En 2013, elle rejoint Minafin, société de chimie fine et de chimie biosourcée. Elle y travaille sur un ambitieux projet consistant à mettre sur le marché de l’industrie alimentaire une alternative biosourcée et non toxique à l’hexane.  

Laurence est présidente du groupe Sciences ParisTech au féminin et de la plateforme publique-privée PEPPER.

Cliquez ici pour découvrir son interview de mars dernier pour l’AX et cliquez ici pour lire sa notice dans Femmes de Polytechnique (mars 2013).

  • Monique Legrand-Larroche (X 82), généralissime

Née en janvier 1962, Monique Legrand vient d’avoir sa cinquième étoile. Entrée à l’X en 1982, elle en sort dans l’armement et y occupe diverses fonctions importantes, notamment dans les hélicoptères, dont elle a le brevet de pilote. Elle est depuis 2018 directrice de la maintenance aéronautique du ministère des Armées.

Première femme à décrocher les 5 étoiles, Monique fait partie d’une famille polytechnicienne digne du Guinness des records avec ses deux frères : Marc (X 74, constructeur du viaduc de Millau, mort en 2021) et Henri (X 75), son père : Gilles (X 45, 1926-2016), ses cinq oncles paternels : Michel (X 32), Marc (X 35, mort pour la France en 1940), Jean-Claude (X 38), Luc (X45), Olivier (X 49), son grand-père : Yves Legrand (X 08) et son arrière-grand-père Lucien Maréchal (X 1875) ! Et elle a bien sûr épousé un polytechnicien, Frédéric Larroche (X 81) !! On peut ajouter que sa sœur Marie-France, la seule de sa fratrie à ne pas avoir fait l’X, est quand même ingénieure générale de l’Armement !

Les 6 frères Legrand aux Contamines en 1936. de g à dr Olivier, Gilles, Luc, Jean-Claude, Marc, Michel

Cliquez ici pour plus de détails sur la brillante carrière de Monique.

  • François Mayer (X 45), tromboniste
Photo récente des Dixieland Seniors avec François Mayer 3ème à gauche

Né en 1925, François Mayer est l’arrière-petit-neveu d’Amédée Mannheim (X 1848), qui a laissé son nom à une règle à calcul, le petit-neveu du capitaine Armand Mayer (X 1877), tué en duel en 1892 par le Marquis de Morès, deux ans avant l’affaire Dreyfus et le gendre de Robert Gibrat (X 1922, cf supra). Il a exercé des activités et des responsabilités variées dans l’industrie, jusqu’à être PDG de Creusot Loire Entreprise. Il a réalisé une centaine d’ensembles industriels dans plus de cinquante pays, tout en jouant du trombone dans un groupe New Orleans créé avec des cocons de la 45. Toujours actif après sa retraite, il a écrit La digue de sable (2003), passionnante saga d’une famille bourgeoise dans la France de l’entre-deux-guerres, vue par un enfant curieux, qui n’est autre que l’auteur,

Blues en si bémol majeur (2006) et Un portrait peut en cacher un autre (2010). Reconstitué en 1995 sous le nom de Dixieland seniors, son groupe a joué pour nous lors du premier grand magnan que j’avais organisé en 2013. Il joue encore régulièrement au Petit Journal Saint Michel, juste en face de l’Ecole des Mines. Cliquez ici pour les voir en pleine action et cliquez ici pour lire En coulisse d’un trombone, l’article Atypix que lui a consacré la Jaune et la Rouge à la suite du grand magnan de 2015.

  • Jacques Napoly (X 45), banjiste

Jacques Napoly, missaire de la Promo 45, est mort à 97 ans le 30 juillet 2022. Expert reconnu internationalement en matière de mines métalliques, il a fait toute sa carrière professionnelle au sein du groupe IMETAL (antérieurement Penarroya). 

C’était aussi un homme attachant, véritable athlète, sportif accompli, un ami fidèle, un esprit cultivé, grand lecteur, passionné par tous les nouveaux domaines, dont la physique quantique.

Excellent banjiste, Jacques a été avec François Mayer (cf supra) un des fondateurs de l’orchestre de jazz de la promo 45, et un des piliers de la formation des Dixieland Seniors.

  • Jean-Michel Pilc (X 79), pianiste

Né en 1960 à Paris, pianiste dès son jeune âge, Jean-Michel entre à l’X en 79 et en sort comme ingénieur au CNES à Toulouse (1984-87) avant d’entamer dès 1989 une carrière de musicien professionnel qui le mène en 1995 à New York, où il enseigne à NYU, puis en 2012 à Montréal où il enseigne à McGill. Interprète et compositeur aventureux, Jean-Michel a travaillé avec plusieurs légendes du jazz, a été directeur musical et pianiste de Harry Belafonte et a joué en duo avec Jessye Norman. Il est reconnu pour sa musique qui fusionne le jazz, le classique et la chanson, avec une grande invention mélodique et rythmique, un toucher magique, et une technique exceptionnelle qui captive tous les publics. Outre une riche discographie, on lui doit un livre :  It’s About Music: The Art and Heart of Improvisation (Glenn Lyon books, 2012). Cliquez ici pour voir son site personnel et cliquez ici pour le voir jouer Rimouski sunset.

Bis repetita

  • Gérard Araud (X 1973), ambassadeur

Nous vous avons présenté dans notre lettre de mars cet ambassadeur atypique qui avait écrit ses mémoires en 2019. Le voici qui récidive avec Histoires diplomatiques (Grasset, 2022, 320 p.). Dans ce livre sous-titré Leçons d’hier pour le mode d’aujourd’hui, considérant que l’invasion de l’Ukraine par Poutine nous oblige à tout réinventer, Gérard Araud propose de nourrir le réarmement intellectuel de l’opinion publique française à partir d’exemples tirés de notre histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Allant de la Guerre de succession d’Espagne à l’invasion de l’Irak en passant par le Congrès de Vienne et le Traité de Versailles, il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec, à chaque fois, un rappel historique des faits suivi de l’explication des choix diplomatiques et de leurs conséquences.

Courrier des lecteurs

  • Plein de nouvelles biographies pour la base famille polytechnicienne ! Olivier Azzola, bibliothécaire
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  • Merci Hubert. Très sympa 🙂 amicalement. Jean-François Clervoy (78).
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  • Cher Camarade, je ne sais pas si je le mérite mais je vous remercie pour la parution dans ce bulletin qui est bien Xtraordinaire ! Bien à vous, Djamchid Dalili (79).
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  • Cette lettre est un vrai levier de changement, mais il semble que les instances de gouvernance de l’AX soient plutôt conservatrices ainsi que 80% des camarades ayant voté lors des dernières élections AX… En tout cas, super sympa, cette lettre qui montre une vraie diversité de parcours, ce qui m’invite à réfléchir à en faire une recension sur X-Diversité. Tru-DO-KHAC (79).
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  • Pour compléter mon «mini portrait » [paru dans la lettre numéro 1], voici quelques éléments sur un « guerrier  » bien pacifique : – premier président de la commission française du développement durable – ancien président de l’Institut Pasteur – créateur de la Fondation de l’Ecole Polytechnique , de la Fondation Française pour la Recherche sur l’Epilepsie ( FFRE ) , de la  Fondation pour la Recherche sur le Cerveau ( FRC-Neurodon ) – président de l’Institut Georges Pompidou – auteur d’Une vie d’influence (Flammarion, 2013), prix Saint Simon… Amitiés et bravo pour ton incessante activité pour compléter l’image de marque de l’Ecole… Bernard Esambert (54).
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  • Merci, cher Hubert de m’avoir fait figurer sur ta liste des polytechniciens Xtraordinaires ! Il est vrai que peu d’entre nous ont pu avoir une influence nationale voire internationale, puisque j’ai été à trois reprises responsable européen de la lutte contre les accidents de la route et ai également agi sur les autres continents.​

S’agissant de notre pays, le nombre des victimes annuelles n’a-t-il pas régressé de 18.000 tués en 1972 à 3.000 environ de nos jours malgré un trafic qui a presque triplé entre temps ? Quant au nombre des blessés évités, c’est par millions qu’il se compte. Et la décroissance a été dans l’ensemble similaire ailleurs en Europe, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Tu ne peux évidemment tout dire, mais il se trouve également que j’ai été l’auteur en 1971 des plans actuels du RER de l’Ile-de-France, qui a doté contre les vues de la RATP et de la SNCF de l’époque la région capitale du plus puissant réseau de transports en commun d’Europe, avec notamment la grande station centrale « Chatelet-les-Halles » qui a bouleversé les conditions de transport de millions de Franciliens. Ceci restera ma plus grande fierté d’ingénieur (Cf mon livre  » La saga du RER »).

Je termine sur une suggestion sans doute inutile. Je pense que tu as fait figurer sur ta liste Maurice Lauré, l’inventeur de la TVA qui a conquis et bouleversé le monde. Le Chinois qui achète aujourd’hui une voiture ou le Brésilien un vêtement et acquittent la TVA lui rendent hommage sans le savoir. Il n’est pas beaucoup d’hommes – ou de femmes – dont l’invention ait conquis la planète. Comment se fait-il d’ailleurs que l’Ecole ne lui ait pas consacré une salle alors que ce devrait être l’une de ses plus grandes gloires ? Merci encore. Amitiés. Christian Gérondeau (X 57). Réponse : ce sera bientôt fait mais j’ai une grande liste d’attente ! HLL

  • Merci beaucoup Hubert pour ce portrait ! Je suis un peu jeune pour être un boomer, mais dans ma tête c’est sans doute un peu le cas ! Amitiés, Vincent Le Biez(X 04)
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  • Bravo pour ta précision et ton humour. Les titres de tes rubriques sont toujours très spirituels. CLL
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  • Bonjour Hubert, Tu nous demandes de te signaler les noms de polytechniciens atypiques. Je vais faire preuve d’immodestie : Pourquoi pas moi ?   Je crois avoir été assez atypique, dans ma carrière professionnelle comme dans les activités de retraité.   Mais peut-être pas au niveau suffisant.   A toi de voir ! Sens-toi très libre.   Amicalement François Mayer (45).  R : tes désirs sont des ordres ! HLL
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  • Cher camarade, A la suite de l’article élogieux que tu as fait à mon sujet, je te dois un double merci, d’abord pour m’avoir inclus dans les Xtraordinaires…mais surtout pour avoir créé un nouveau critère dans ce classement, celui de la vie familiale. Tu as toute mon admiration pour l’activité que tu dépenses au profit de notre promo et de l’Ecole. Continue encore longtemps ! Avec toute mon amitié. Michel Perreau (53).
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  • Cher Hubert, « ni cet excès d’honneur, ni cette indignité ». Grande surprise de trouver mon mini portrait parmi les X qui sortent de l’ordinaire. Grand plaisir aussi et surtout de découvrir des camarades dont la diversité des devenir témoigne que les X sont tout sauf normés. Il serait intéressant de rechercher ce que tous les X, si divers soient-ils, ont en commun. Sans doute l’exigence, la rigueur, la passion et une certaine humilité qui les distingue de bien d’autres…  Jean Salmona (56).
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut, de X Monument et d’Amusix…