Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #16

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens, jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé.

Philippe_Bunau-Varilla en 1924
  • Philippe Bunau-Varilla (X 1878), panaméen

Né à Paris en 1859 de père inconnu, Philippe entre à l’X en 1878 et en sort dans le corps des Ponts. Il part à Panama en 1884 pour participer à la construction du canal lancée par Ferdinand de Lesseps. Il est quelque temps directeur général de la Compagnie universelle du canal interocéanique de Panama. Après un retour en France dû à la fièvre jaune, il crée avec son frère Maurice une société qui obtient le contrat de la section la plus délicate du canal, le massif de Culebra, avec les écluses conçues par Eiffel. Mais en 1889 la faillite de la Compagnie Universelle le contraint à rentrer en France. Les petits actionnaires sont ruinés mais il a fait fortune ! Il échappe aux poursuites qui mènent Lesseps et Eiffel en prison et se lance dans la presse, en achetant Le Matin, tout en continuant à s’occuper du projet de canal. Il participe à la sécession de Panama, alors partie de la Colombie et à la signature en 1903 d’un traité dit Hay-Bunau-Varilla entre Panama et les USA. Abrogé seulement en 1977, ce traité donne aux USA la souveraineté sur la zone du canal qui sera enfin achevé en 1914.

Après Panama, Philippe s’occupera de chemins de fer en Espagne, au Portugal et au Congo belge et même du métro parisien avant d’être happé par la guerre de 14-18. Il perd une jambe à Verdun, ce qui ne l’empêche pas d’inventer un traitement de l’eau potable pour les tranchées, qui sera baptisé Verdunisation. Il écrit de nombreux livres depuis Panama, le passé, le présent, l’avenir. Panama, le trafic (1892) jusqu’à De Panama à Verdun. Mes combats pour la France (1937). Il meurt en 1940 à Neuilly sur Seine. Il avait épousé en 1889 Ida de Brunhoff, dont la soeur Sophie avait épousé peu avant son frère Maurice. La jaune et la rouge a recensé un livre sur Philippe et son frère en 2008.

  • Gaspard Coriolis (X 1808), mécanicien
Gaspard-Gustave de Coriolis, par Zéphirin Belliard (1841)

Né le 21 mai 1792 d’un père membre d’une famille influente au sein de la noblesse de robe provençale et d’une mère membre d’une famille d’aristocrates lorraine, Gaspard-Gustave de Coriolis est l’ainé de 6 enfants dont 3 meurent en bas âge. Très précoce, il entre en math spé à 14 ans à Nancy et intègre l’X 8ème sur 157 à 16 ans ! Il en sort dans le corps des Ponts. Après diverses affectations en service ordinaire, il obtient d’être nommé en 1817 répétiteurr du cours d’analyse et de mécanique donné par Cauchy. En 1829, il devient professeur d’analyse géométrique et de mécanique générale à Centrale puis en 1831 professeur de mécanique appliquée aux Ponts. Il est élu en 1836 à l’Académie des sciences et est nommé directeur des études de l’X en 1838 jusqu’à sa mort en 1843.

Coriolis a écrit de nombreux ouvrages dont Théorie mathématique des effets du jeu de billard et, ce qui lui vaut sa renommée, Sur les équations du mouvement relatif des systèmes de corps, où il montre que, pour un corps en mouvement sur la surface d’un solide en rotation, il faut ajouter à l’accélération une force perpendiculaire à la vitesse, qui a pour conséquence d’imposer une trajectoire courbe à un corps qui autrement se déplacerait de façon rectiligne. Sur terre, la force de Coriolis détermine la direction générale des vents alizés et des courants marins et explique la rotation des ouragans et des tornades.

Dans Un mathématicien, théoricien de la mécanique appliquée, (2011), Alexandre Moatti (X 78, notre lettre de janvier 2023) explique que Coriolis fait le lien entre la mécanique rationnelle des géomètres et la mécanique appliquée à l’industrie naissante des machines.

Michel Galiana-Mingot
  • Michel Galiana-Mingot (X 68), métaphysicien

Entré à l’X en 1968, année agitée en France y compris sur la Montagne, Michel Galiana-Mingot (MGM) s’intéressait déjà à l’astrophysique. En poursuivant des études ultérieures, il s’est dirigé vers la direction d’entreprises : après une première expérience industrielle, Michel rejoint SONY en 1979. Il prend la direction de la filiale française en 1984, puis celle des opérations Europe en 1993. Il quitte le groupe en 2002 pour mener des missions de retournement, en France comme à l’international et rejoint FONTENAY Operating Partner en 2007. Il retrouve en 1990 sa passion pour l’astrophysique après une rencontre avec l’astrophysicien Michel Cassé, grand spécialiste des étoiles. Puis il se plonge dans les mystères de l’origine de la vie, de l’hominisation et de l’apparition de la conscience. Dans ce parcours, il découvre comment le cosmos et la vie se formaient par les lois de l’émergence et de l’auto-organisation. Éclaircir les mystères de l’Univers et de la vie, et découvrir le sens profond du monde, sont devenus un projet personnel qu’il résume dans Les clés secrètes de l’Univers (2021), suivi de L’univers millefeuille (2022). Michel Cassé nous en dit : « Homme triple, de direction (il est droit), de décision (il est décidé) et de réflexion (il est érudit), MGM déroule devant nous le tapis étoilé et fleuri de la cosmobiologie. Cet honnête homme du XXIème siècle descend le temps comme un fleuve et engrange connaissance sur connaissance depuis la source de la matière jusqu’à l‘embouchure de la vie et de la conscience. Avec une maestria digne d’Hubert Reeves, il partage sans compter les bontés du ciel et de la vie. Rien n’est laissé au hasard, ou plus exactement, la part qui revient au hasard est légitimée… La valeur scientifique et pédagogique de cette somme de savoirs fait de MGM un nouveau guide des égarés. »

  • Jérémy Harroch (X 03), artificier
Jérémy Harroch (ActuIA.com)

Jérémy entre à l’X en 2003. Il passe en 2007 un master en mathématiques financières à NYU. Après deux ans à Knight Capital group, il crée Quantmetry, une société d’Intelligence artificielle de pointe, aujourd’hui leader français du conseil en IA. Quantmetry fournit des services professionnels aux principales assurances, banques et institutions financières internationales, Telco, Énergie, Transport, Automobile, Fabrication, Énergie, Cybersécurité, Aérospatiale, Pharma en France.

Quantmetry s’est associé en novembre 2022 à Capgemini pour construire Capgemini Invent, un leader de la data et de l’IA. Jérémy en a été nommé vice-président. Vous pouvez trouver la présentation de Quantmetry par Jéremy et Karl Neuberger (X 09) dans la jaune et la rouge de mars 2018.

Jérémy est président du groupe X Intelligence artificielle (XIA), groupe X qu’il a créé en 2018 pour promouvoir le partage autour des initiatives liées à la donnée. Il mérite bien son nom (le chef en hébreu !).

  • Jean-Pierre Lefoulon (X 53), mécène
Jean-Pierre Lefoulon

Né à Villeurbanne en 1932, Jean-Pierre faisait partie de la grande promo 1953 qui vient de perdre son doyen Paul Vecchiali (notre lettre d’avril 2022). Il a été longtemps directeur des départements des marchés financiers et de la trésorerie de la BNP et je lui ai souvent emprunté de l’argent lorsque j’étais trésorier de la Société générale !

Grand philanthrope, il était conseiller financier bénévole du diocèse de Paris et de la Fondation des Bernardins et avait créé en 2000 avec son épouse Thérèse, la fondation Lefoulon-Delalande, abritée par l’Institut de France, qui remet chaque année un Grand Prix scientifique très largement doté et soutient la recherche biomédicale dans le domaine cardio-vasculaire, et en faveur des enfants malades.

Sa fondation a participé au financement du musée de l’X ainsi que de l’amphithéâtre de l’Institut ou de la réfection de la Fondation Kerylos à Beaulieu, où il se retrouve aux côtés d’un autre grand donateur, Jean-René Fourtou (X 60).

Jean-Pierre est mort le 2 février 2021 à Garches des suites du covid 19, laissant derrière lui son épouse Thérèse et ses deux fils Vincent et Paul. Xavier Darcos, chancelier de l’Institut, lui a rendu un vibrant hommage lors de la séance de remise des prix de l’Institut 15 février 2021.

  • Alexandre Maymat (X 87), homo sapiens
Alexandre Maymat en 2019

Après une prépa à Janson, Alexandre entre à l’X en 1987 et en sort dans le corps des administrateurs de l’Insee. Après l’Ensae, il passe 4 ans à l’Insee (1992-96) avant de devenir attaché financier auprès du représentant permanent de la France auprès de la CEE (1996-99) puis secrétaire adjoint du Comité économique et financier. Il entre en 2001 à la Société générale qui lui fait faire le tour de banque habituel avant de l’envoyer diriger sa filiale camerounaise (2009-12). En 2012, il est nommé directeur délégué de la Banque de détail à l’international avant de devenir en 2013 directeur des réseaux bancaires internationaux, région Afrique, bassin méditerranéen et outre-mer puis directeur de Global Transaction and Payment Services en 2019, avec un siège au comité de direction de la banque.

Marié et père de 4 enfants, ses collègues découvrent avec stupéfaction qu’il a maintenant un mari ! Il lui aura fallu attendre la cinquantaine pour qu’il puisse faire son coming out, d’abord à lui-même, puis auprès de ses collègues de la SG. Le 17 mai dernier, il poste un texte sur LinkedIn pour ôter le « masque » et aider tous les collaborateurs LGBT+ à se libérer. Dans une interview du aux Echos du 15 décembre 2022, il dit : «Avant mon coming out, j’étais une caricature de l’élite à la française : polytechnicien, blanc, catholique, bourgeois, français, banquier, hétérosexuel, père de 4 enfants… ». Un vrai homo sapiens !

  • Cécile Rastoin (X 88), carmélite

Issue d’une grande famille catholique marseillaise, Cécile Rastoin fait sa prépa à Louis le Grande et entre à l’X en 1988 à la suite de son père Jean (X 51, Armement) et de son grand-père Edouard (X 19, industriel).

Cécile passe son doctorat de physique en astrophysique et techniques spatiales en 1995 et, la même année, peut-être inspirée par son frère Marc, devenu jésuite en 1988, elle entre comme moniale, sous le nom de Sœur Cécile de Jésus Alliance, au Carmel de Montmartre, rue du Chevalier de la Barre. Elle en est élue prieure en 2012 jusqu’en 2018 et à nouveau en 2021.

Cécile sort de temps en temps de son isolement : on a pu l’entendre prêcher un dimanche de Carême à Notre Dame de Paris en 2015. En outre, membre du Bureau du groupe X-Mémorial, elle compile chaque année la liste des camarades qui nous ont quittés, de façon à ce qu’un hommage leur soit rendu lors des commémorations de fin novembre organisées par X-Mémorial à l’église Saint Etienne du Mont.

Elle a écrit plusieurs ouvrages sur Edith Stein, dont Edith Stein et le mystère d’Israël (1998) et Edith Stein (2007, poche 2021). Edith Stein est une juive polonaise née en 1891, convertie en 1922, devenue carmélite en 1935 sous le nom de sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix, assassinée à Auschwitz en 1942 et canonisée en 1998. Polyglotte, elle étudie l’hébreu biblique depuis son enfance, Cécile traduit des œuvres d’Edith Stein et d’autres penseurs juifs et chrétiens contemporains.

Pierre Laszlo a fait le portrait de Cécile dans la Jaune et la Rouge de décembre 2016.

  • Kléber Rossillon (X 73), muséographe
Kléber Rossillon

Né en 1955 à Beynac de Philippe Rossillon, énarque, ancien maire de Beynac-et-Cazenac et de Véronique Seydoux, héritière de la famille Schlumberger, Kléber entre à l’X en 1973. Sorti dans l’Armement il travaille quelques années pour le programme Ariane. En 1995 il abandonne sa carrière dans l’aéronautique pour se consacrer à sa passion des châteaux qui lui vient de ses parents qui avaient acheté en 1965 le château de Castelnaud (Périgord), alors en ruine, qu’il aide à rénover et transformer en une sorte de musée de la guerre au Moyen-Age.

Rattachée au groupe familial SOFRA, la Société Kléber Rossillon emploie aujourd’hui 200 personnes et accueille près de 2 millions de visiteurs par an dans 12 sites dont les châteaux de Marqueyssac, avec son extraordinaire jardin, Langeais, Murol et Suscinio, la tour de Crest, le train de l’Ardèche, le musée de Montmartre, avec ses jardins Renoir, le mémorial de Waterloo, la réplique des grottes Chauvet 2 et Cosquer Méditerranée à Marseille…

Infatigable, Kléber s’attaque maintenant à Gergovie et serait candidat, face à des mastodontes comme Culturespaces ou le Centre des Monuments nationaux, pour reprendre la gestion du musée Jacquemart André !

Kléber préside la FNASSEM (Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et des ensembles monumentaux) et est membre de l’ASVD (Association pour la sauvegarde de la vallée de la Dordogne) qui lutte pour la destruction du pont de déviation de Beynac, déjà à moitié construit, accusé de défigurer la vallée.

Marié en 1985 avec Martine Galland-Brzezinski, Kléber a 5 enfants : Marguerite, X 2006, professeur de maths à Singapour, Suzanne, Geneviève, HEC 2013, qui lui a succédé en 2017 à la tête de sa société, Marius et Lazare, nés avec une régularité toute polytechnicienne tous les deux ans de 1986 à 1994. Plus fort en gestion de sites qu’en gestion financière, il a perdu quelques millions dans l’affaire Madoff et a essayé de se retourner, sans succès, contre sa banque. Sait-il que, même si la mini-réforme de Macron est votée, il risque de perdre également sa retraite qui est basée, comme le système Madoff, sur une pyramide de Ponzi ?

  • Jacques Stern (X 52), étoile informatique
Jacques Stern en 1953

Né en 1932 à Paris, de Dora Braejman et Léon Stern, tailleur juif arrivé de Pologne dans les années 20, Jacques passe la guerre caché dans une ferme avec sa soeur près de Chartres. Après des études à Chaptal puis à Saint Louis, il entre à l’X en 1952 avec le numéro 158 sur 229, assorti du statut de surnombre, qui lui vaut un engagement de servir l’Etat pendant 6 ans, contresigné par son père (à ne pas confondre avec surlimite, statut infligé à Vecchiali, doyen de la 53 – qui sait encore ce que cela signifie ?). Il sort de l’X avec le numéro 78 et enchaine avec Supaéro puis un master of sciences à Harvard. Il commence sa carrière en 1960 comme ingénieur militaire de l’air, au Service technique des télécommunications de l’air, responsable du développement des systèmes informatiques pour la défense aérienne. Ayant terminé son engagement sexennal, faute de quoi il aurait dû rembourser à l’Etat ses frais de scolarité, d’alimentation et de trousseau (sic), soit 855.688 F, il quitte le service de l’Etat en 1964 pour fonder la Société d’études des systèmes d’automation (SESA), remarquable start-up à l’origine de beaucoup d’innovations dont Transpac, l’ancêtre d’Internet.

Il quitte la SESA en 1982 pour prendre la présidence de CII-HB qui vient d’être nationalisée et devient BULL S.A. en 1985, par absorption de SEMS et Transac. Il est remplacé en 1989 par Francis Lorentz, juste avant le calamiteux rachat de Zenith Data Systems et crée Stern Computers Systems.

Membre fondateur de l’Académie des technologies, Jacques a participé, en particulier, aux travaux de l’Académie dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

Jacques Stern remet les prix de la Fondation Janine et Jacques Stern à l’ORT Strasbourg en janvier 2020

Avec son épouse Janine, qui lui a donné 3 fils, tous scientifiques (Marc-Henri, directeur de recherche à l’Institut Curie, Paul-Eric, président de Stern Systèmes d’Information et Laurent, informaticien chez Fnac Darty), il a créé la Fondation Janine et Jacques Stern, en souvenir de ses parents immigrés. Celle-ci attribue chaque année des bourses d’études et des aides pour le soutien scolaire à des élèves de collèges et de lycées.

Jacques est mort en février 2021. Jacques Arnould (X 54) lui a consacré une notice dans la Jaune et la Rouge 764 (avril 2021).

Bis repetita

  • Jean-Marc Daniel (X 74, notre lettre de septembre dernier) vient de sortir un nouveau livre : Redécouvrir les physiocrates, plaidoyer pour une économie intégrant l’impératif écologique, où il s’attaque à ce qu’il appelle les « pagano-gauchistes », qui reprennent, par les mouvements politiques écologistes, les critiques contre le capitalisme et l’économie de marché qui constituaient le fondement des idées marxistes. Critique du keynesianisme et partisan de réhabiliter François Quesnay, père des physiocrates, il prône le quesnaysianisme
  • Laurent Guillot (X 90, notre précédente lettre), a réussi à remettre Orpea à flot, en convainquant ses créanciers d’abandonner 3,8 G€ de dettes, avec l’aide de la Caisse des Dépôts qui y met 1,5 G€ d’argent frais et en prend le contrôle. Nous pouvons maintenant y mettre nos parents sans crainte qu’ils soient maltraités 😊

Courrier des lecteurs

  • Salut Hubert, Merci beaucoup pour cette nomination ! Voici une version légèrement corrigée sur quelques faits. Mais j’apprécie ton intérêt et j’espère qu’on puisse donner à beaucoup de jeunes X l’envie d’entreprendre ! Bien Cordialement, Karim Beguir (X 97). Merci de ta réponse. Correction effectuée. HLL
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  • Bonjour cher Hubert, Avec retard, je te remercie de m’avoir classé dans les X traordinaires ! Je suis très honoré de côtoyer d’autres camarade prestigieux ou courageux que tu as distingués. J’ai lu le livre de notre camarade Michel Galiana-Mingot, X1968 : Les clés secrètes de l’Univers, Avec beaucoup d’intérêt, et je le recommande. Je ne le connais pas personnellement. Je te le signale à ton attention, comme potentiellement Extraordinaire. Et bonne année ! Jean-Loup Bertaux (X 61). Bien noté, merci. HLL.
  • Cher camarade, Je vous remercie pour votre courriel, et pour cette inscription. Je pense que la qualification du prix Shaw comme “sorte de médaille Fields asiatique” doit être rectifiée. La médaille Fields est réservée à des mathématiciens âgés de moins de 40 ans. Le prix Shaw est un prix fondé à Hong Kong, qui fait partie de la liste des grands prix de mathématiques au niveau mondial avec le prix Abel.  Le prix Shaw n’est pas spécialement asiatique, son jury est international, et ses récipiendaires viennent de partout, plusieurs parmi ceux-ci sont d’ailleurs Français. Avec mes remerciements. Jean-Michel Bismut (X 67). Merci pour tes explications que j’insérerai dans ma prochaine lettre. Etant également intéressé par l’histoire des séfarades, j’en profite pour te demander des précisions sur tes origines portugaises. Merci d’avance. HLL
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  • Merci Hubert pour ces formidables portraits mensuels ! Je ne m’en lasserai jamais… J’aimerais tant écrire le tien – si cela n’a pas déjà été fait. Amitiés. Yann Duchesne (X 77). Merci, cher Yann. C’est déjà fait. Pierre Laszlo a écrit mon portrait dans la Jaune et la Rouge de juin 2022, en me qualifiant gentiment de brillant et tenace ! HLL.
  • Un grand merci pour cette galerie de portraits si divers, tant par les origines que par leurs contributions. Animée avec verve et enthousiasme comme un feuilleton de la grande veine littéraire. Qui met en valeur la richesse de ce vivier peut-être pas assez connu. Ton énergie, ton éclectisme et ton sens de l’animation méritent d’être mis en avant pour valoriser la réforme des retraites. A en juger par l’ardeur à la tâche et le pétillement primesautier qui s’en dégagent, conjugués à l’année de ta promotion, l’âge pivot peut allègrement reculer J Qui en touchera un mot à Elisabeth ? Amicalement. Philippe GEORGES (79). Merci infiniment. HLL
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur du Mus’X

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #15

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens, jeunes et vieux, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Une année 2023 qui commence bien. Et j’en ai encore pas mal sous le pied !

Max Barel en Grand uniforme © Max Barel par Janine Portal, 1951. Musée de l’Armée
  • Max Barel (X 33), résistant
Plaque située rue Max Barel à Menton

Né à Menton en 1913, Max Barel suit des études secondaires au collège de Nice. Il entre en math spé à Saint Louis en 1931. Reçu à l’X en 1933, il y fonde une cellule communiste : le cercle d’études marxiste. Lieutenant d’artillerie en 1940, il reçoit la croix de guerre avec étoile d’argent durant la bataille de France. Après la défaite, il refuse de prêter serment à Pétain et demande un congé d’armistice. Après des études à l’Institut électrotechnique de Grenoble en 1941, il entre aux Ateliers de construction électrique Delle à Villeurbanne, tout en étant commandant FTP (Francs-Tireurs et Partisans, branche communiste de la Résistance) et fondateur de l’UCIFC (Union des cadres industriels de la France combattante). Arrêté à Lyon le 6 juillet 1944 par la Gestapo, il y meurt le 11 juillet 1944 sous la torture, après cinq jours d’interrogatoire mené par Klaus Barbie. Il avait deux enfants, Annette et Jean. Son père, Virgile Barel, député communiste de Nice de 1936 à 1939 et réélu plusieurs fois de 1946 à 1978, n’aura de cesse qu’il y ait un Procès Barbie, afin que justice soit faite contre le boucher de Lyon.

  • Karim Beguir (X 97), intelligent
Karim Beguir

Franco-Tunisien, Karim entre à l’X en 1997 après une prépa à Janson. Il passe en 2003 un Master en mathématiques appliquées et finance à NYU en double diplôme avec l’ENSAE. En 2014, il fonde avec 2000 € et 2 ordinateurs InstaDeep, une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle, qui devient rapidement un des leaders de l’IA appliquée à la santé, aux transports et à la logistique, avec des bureaux à Paris, Boston, Tunis, Lagos, Dubaï et Le Cap. Instadeep a été sélectionnée à 3 reprises par CB Insights comme l’une des 100 start-ups d’IA les plus prometteuses au monde

Instadeep développe des produits d’IA brevetés tels que sa plateforme de conception de protéines DeepChain et collabore avec de grands groupes comme Google, DeepMind, Nvidia et Intel. Elle a de nombreuses cordes à son arc, comme l’optimisation du trafic ferroviaire à très grande échelle avec la Deutsche Bundesbahn ou le système de détection des variants du Covid avec BioNTech, la biotech allemande qui a fait fortune avec le vaccin à ARN Messager contre le Covid. Entrée dans le capital d’Instadeep au début de 2022, à l’occasion d’une levée de fonds de 100 M$, BioNTech annonce aujourd’hui l’acquisition de la totalité d’Instadeep pour 636 M€. Voir l’interview de Karim sur BFM dans Good Morning Business du 26 janvier.

  • Jean-Michel Bismut (X 67), mathématicien
Jean-Michel Bismut

Né en 1948 à Lisbonne, Jean-Michel Bismut entre à l’X en 1967 et en sort dans le Corps des mines. Après un doctorat d’Etat en mathématiques à Paris VI et quelques années de service à Marseille, il enseigne à l’X de 1975 à 1987 et à Orsay à partir de 1981. Il a reçu en 1984 le prix Montyon et en 1990 le prix Ampère de l’Académie des sciences, dont il est membre depuis 1991. Il est également membre étranger de l’académie des sciences américaine et il a reçu en 2021 avec Jeff Cheeger le prix Shaw, sorte de médaille Fields asiatique, pour leurs idées remarquables qui ont transformé la géométrie moderne, notamment en matière d’optimisation stochastique et de de géométrisation des probabilités.

Jean-Michel a écrit des centaines d’articles et des dizaines de livres depuis Mécanique aléatoire (1981) jusqu’à Hypoelliptic Laplacian and Bott-Chern cohomology (2013). Cliquez ici pour plus de détail sur ses impressionnants travaux.

  • Jean-Paul de Gaudemar (X 67), francophone
Jean-Paul de Gaudemar

Né en 1947, Jean-Paul de Gaudemar entre à l’X en 1967. Après un doctorat d’État en sciences économiques et l’agrégation en sciences économiques et de gestion, il commence sa carrière en 1971 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avant d’être nommé en 1976 Professeur de sciences économiques à l’université d’Aix-Marseille. Il a ensuite été directeur puis président du comité scientifique de la Datar (1982-94), recteur de l’académie de Strasbourg (1991-97) puis de Toulouse (1997-2000), directeur de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation nationale (2000-04) puis recteur d’Aix-Marseille (2004-12).

De 2012 à 2015, Jean-Paul est successivement conseiller éducation auprès de Jean-Marc Ayrault, conseiller spécial au cabinet de Geneviève Fioraso puis conseiller enseignement supérieur et recherche auprès de Najat Vallaud-Belkacem. Il est nommé en 2015 recteur de l’Agence universitaire de la francophonie.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels « La mobilisation générale » (1979), « L’Ordre et la production » (1982), « Dimension régionale et compétitivité internationale » (1989) et « Mobilité du travail et accumulation du capital » (2015). Il vient d’écrire Francophonie meurtrie (l’Harmattan, 2022).

Si je ne craignais pas de passer pour un vulgaire délateur, je lui signalerais que Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, s’est adressé en anglais devant un public majoritairement francophone lors de la Conférence de Paris le 15 décembre dernier à l’OCDE, dont le français est pourtant l’une des 2 langues officielles. Mais il n’était pas le seul : un débat entre 4 grands patrons français, animé par une journaliste française, s’est déroulé également en anglais. J’ai sauvé l’honneur en réussissant à convaincre Maurice Lévy, patron de Publicis, qui intervenait ensuite, de faire son intervention en français ! 

  • Julien Gavaldon (X 99), patriote
Julien Gavaldon

Après des études secondaires à Villefranche de Rouergue, dans la France profonde, et une prépa à Toulouse, qui ne l’a pas empêché de pratiquer snow-board, rap, tennis ou cinéma, Julien entre à l’X en 99. A sa sortie, il entre chez Akka technologies de 2004 à 2009 avant de passer 4 ans chez Alten, à la tête de la direction aéronautique spatial défense. Il est depuis 2014 président du directoire d’Astek, un groupe indépendant spécialisé en ingénierie, en conseil en technologie et en système d’information, créé en 1988. Un des leaders du marché, Astek est en forte croissance et a aujourd’hui plus de 7.000 collaborateurs dans 19 pays : 2500+ en France, 1500+ en Pologne, 500+ en Amérique du Nord, 300+ en Asie et au Moyen-Orient.

A la tête d’un groupe d’investisseurs polytechniciens qui se qualifient de « patriotes » – rien à voir avec le microparti de Florian Philippot –  dont Olivier Dellenbach (X 81), fondateur de Chapsvison (notre lettre de novembre 2022),Julien est candidat au rachat de tout ou partie d’Evidian, entité du groupe Atos spécialisée dans la cybersécurité et la dissuasion nucléaire, mise en vente par Atos à 7 G€ pour renflouer sa trésorerie. Mais la partie est loin d’être gagnée car il est en concurrence avec des pointures comme Airbus, Onepoint ou Thalès…

  • Laurent Guillot (X 90), Orpéiste
Laurent Guillot photo Orpea

Né en 1969, Laurent entre à l’X en 1990 et en sort dans les Ponts et chaussées. Après un DEA de macro-économie en 1993 à Paris I, il commence sa carrière en 1996 à la direction de la Prévision du Ministère de l’Economie et des Finances avant de rejoindre en 1999 le cabinet du Ministre de l’Equipement, des Transports et du Logement. Il entre à Saint Gobain en 2002 comme directeur du plan et il en gravit les échelons jusqu’à en devenir DGA en 2019 mais échoue à en être nommé DG lors du départ de Pierre-André de Chalendar en 2021.

Laurent est nommé en juillet 2022 directeur général du groupe Orpéa, leader européen des Ehpad, en remplacement de Yves Le Masne, limogé en janvier 2022 à la suite du scandale créé par les révélations du livre de Victor Castanet Les fossoyeurs, aggravé par des soupçons de délit d’initié. Parallèlement, Guillaume Pépy, ancien pdg de la SNCF, en était nommé président et le professeur Emmanuel Hirsch directeur de l’éthique.

Suite à ce scandale, les finances du groupe ont subi un choc nécessitant une restructuration urgente. A cet effet, Laurent avait 3 mois pour présenter un plan d’amélioration et de transformation. Malheureusement, les négociations entre le consortium d’investisseurs français mené par la Caisse des dépôts et les créanciers financiers du groupe sont au point mort. Nous souhaitons à Laurent de trouver rapidement une solution pour refinancer ses 9 G€ de dette…

  • Mardiros-Dickran Indjoudjian (X 41), visionnaire
Mardiros Dickran Indjoudjian

Né à Paris en 1920, fils de Jeanne Bersani et Meguerditch Indjoudjian, antiquaire arménien qui venait de s’installer en France pour échapper au génocide des Arméniens par les Turcs, Dickran entre en 1941 à l’X, alors repliée à Villeurbanne. Sorti dans les Télécom, il est affecté au CNET qu’il quitte en 1957 après un bref passage en 1953-54 au cabinet de Roger Duchet, ministre des PTT, pour devenir banquier à la direction industrielle de Paribas où il reste jusqu’en 1992. Parallèlement, il a enseigné l’analyse et les statistiques aux Ponts, aux Télécom et à l’ISUP.

Dickran a participé en 1960 à la création de la SEMA, fondée par Jacques Lesourne (X 48) et en était président d’honneur. Il a  été rédacteur en chef de la Jaune et la Rouge et y a longtemps publié des récréations mathématiques et des problèmes de bridge. Il vient de mourir le 1er janvier peu avant de célébrer ses 103 ans. Il avait épousé Georgette Gerbault en 1943 puis, après un divorce en 1985, Marcelle de Caso en 1986. Il a eu 2 enfants : Jean-François et Dominique.

Dans la Jaune et la Rouge 744 d’avril 2019, Pierre Laszlo explique que notre pays lui doit énormément et le qualifie de Mathématicien, Ingénieur, Visionnaire, un de ces per­son­nages qui sus­ci­tent l’admiration dès qu’on les côtoie…

  • Alexandre Moatti (X 78), positiviste
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Né en 1959 à Boulogne-Billancourt, Alexandre fait sa prépa à Louis le Grand, entre à l’X en 1978 et en sort dans le Corps des mines. Il passe une thèse de doctorat en histoire des sciences en 2011 sur Coriolis (X 1808). Il a occupé différents postes dans l’administration, dans l’industrie et dans des cabinets ministériels. Il était candidat pour succéder à Jacques Biot (X 71) en 2018 à la direction de l’X mais la commission de sélection lui a préféré Eric Labaye (X 80). Il a été président de la SABIX de 2006 à 2014. Cliquez ici pour voir son CV complet.

Alexandre a écrit de nombreux articles sur le numérique, sur la critique de la science, sur l’enseignement supérieur et les grands corps et de nombreux livres depuis Les Indispensables mathématiques et physiques pour tous (2006) jusqu’à Aux racines du transhumanisme (2020), dont il explique que le précurseur était Jean Coutrot (X 13, notre lettre d’août 2022) en passant par Le Mystère Coriolis (X 1808). Il vient de sortir Regard sur les élites françaises, l’Institut Auguste Comte.

L’Institut Auguste-Comte pour les sciences de l’action est une météorite de l’action publique : voulu par Giscard d’Estaing dès 1974, « chantier du président », il est malheureusement supprimé par Mitterrand à son arrivée au pouvoir en 1981. Pour la petite histoire, l’Institut était installé sur l’ancien site de l’X sur la Montagne Sainte Geneviève, dont l’AX occupait jusqu’à l’année dernière une petite partie, la « boite à claque » et où un centre international de conférences est projeté sous l’égide de LVMH, la même société qui vient de renoncer à installer un centre de recherche sur le plâtal suite à la bronca d’une minorité agissante – à laquelle Alexandre est loin d’être étranger – qui avait déjà réussi à faire fuir TotalEnergies.

  • Patrick Puy (X 75), urgentiste
Patrick Puy

Entré à l’X en 1975, Patrick suit ensuite les cours de l’Ecole nationale supérieure des pétroles et moteurs. Après un début de carrière dans le pétrole (Total puis Schlumberger), il va accumuler une impressionnante série de postes de direction générale dans l’industrie : Legrand, Moulinex-Brandt (2001), TDF France (2010-13), Arc International (2013-15), Spir Communication (2016), Novartex (2016), Vivarte (2016-19), Alès Groupe (2019), avant de lancer, fin 2021, un fonds de retournement baptisé Équerre.

Patrick est le grand spécialiste de la restructuration d’entreprises en grande difficulté financière, avec quelquefois des pots cassés, mais il aime citer Churchill avec la sueur et les larmes ! Après Moulinex, Arc et Vivarte, il vient d’être chargé début janvier, avec la bénédiction de notre ministre de l’industrie Roland Lescure (X 87), de restructurer Go Sport, propriété de HPB (Hermione People and Brands), holding de Michel Ohayon qui a également déposé le bilan de Camaïeu et risque de faire de même avec GAP France et la Grande Récré…

  • Alfred Sauvy (X 20 S), démographe
Alfred Sauvy par Louis Monier – Getty images

Alfred Sauvy, né dans les Pyrénées-Orientales en 1898. Engagé volontaire, son père meurt au front en 1918. Après des études à Perpignan puis à Paris, il est mobilisé en 1917 et est gazé à Villers-Cotteret, ce qui ne l’empêche pas de devenir un grand rugbyman. Il entre à l’X après la fin de la guerre dans la promo 20 spéciale (qui sait aujourd’hui ce que furent les promos S ?). Il en sort dans la Statistique Générale de la France, ancêtre de l’Insee, et devient en 1938 conseiller de Paul Reynaud qui, sur ses recommandations, supprimera la semaine de 40 heures instituée par Léon Blum, qu’il qualifie de contresens économique, passant la durée de travail à 41,5 heures ! Idem pour l’abaissement à 60 ans de l’âge de la retraite par Mitterrand en 1982, qu’il qualifiait de contresens impardonnable.

Economiste, démographe et sociologue. Inlassable dénonciateur des phénomènes de dénatalité et de vieillissement, Alfred Sauvy est à l’origine de la création de l’Institut national d’études démographiques (INED) dont il est le premier directeur (1945-1962).  Il a été professeur à Sciences Po de 1940 à 1959 et titulaire de la chaire de de démographie sociale au Collège de France de 1959 à 1969.

Il a écrit de nombreux ouvrages depuis Richesse et population (1943) jusqu’à La vieillesse des nations (2001) en passant par L’Europe submergée (1987) où il s’inquiète du déséquilibre entre les évolutions démographiques de l’Afrique qui explose et de l’Europe qui implose : « La question du terrorisme venant du Proche-Orient est dérisoire à côté du déséquilibre qui se profile en Méditerranée occidentale… »

Aujourd’hui, les écrits précurseurs de Sauvy sont hélas ignorés des princes qui nous gouvernent. Elisabeth Borne (X 81) n’en a pas dit un mot dans sa présentation de la réforme des retraites le 10 janvier alors que c’est une question centrale pour un système de retraite par répartition, quand on sait que le rapport cotisants/retraités, qui était de 4 en 1960, est aujourd’hui tombé à 1,7.

Notre démographie n’est certes pas aussi catastrophique qu’après la guerre de 14-18, quand une loi de 1920 avait interdit le préservatif afin d’encourager la natalité après les hécatombes sur les champs de bataille mais quand même, il n’y a eu que 723.000 naissances en France en 2022, le plus faible nombre depuis 1946, alors que la population a cru de 40 à 68 millions, soit +70 %, depuis lors. Et encore, il n’est pas politiquement correct de s’interroger sur l’origine ethnique de ces bébés… On peut donc imaginer ce que dirait Sauvy du dévoiement de la loi Veil, traduit par Améli dans un message très clair : En France, toute femme, majeure ou mineure, peut choisir d’interrompre sa grossesse (IVG ou avortement) et des récentes décisions du gouvernement, qu’Améli vient de me rappeler dans un message personnel : Depuis le 1er janvier 2023, les jeunes de moins de 26 ans peuvent se procurer en pharmacie certains préservatifs sans ordonnance et sans avance de frais. Autre nouveauté, les femmes, à tout âge, peuvent aussi obtenir en pharmacie, sans ordonnance et sans avance de frais, une contraception hormonale d’urgence, (appelée aussi « pilule du lendemain »). [qui vient de valoir au professeur Baulieu d’être promu Commandeur de la Légion d’honneur…]. 

J’ai créé le groupe X démographie en 1995 avec l’appui de Jacques Lesourne (X 48). Ce groupe est hélas en état de mort cérébrale et ce ne sont pas les écrits de bien-pensants comme Hervé Le Bras (X 63) qui le feront renaitre de ses cendres.

Alfred Sauvy est mort à Paris en 1990. Le bulletin de la Sabix numéro 63 lui a été consacré en mai 2019 avec une introduction par Pierre Couveinhes (X 70) sous le titre Une pensée d’une brûlante actualité.

N’ayant pas joint le geste à la parole, il n’a eu qu’une fille, Anne, férue d’alpinisme, que j’ai bien connue.

Bis repetita

  • Philippe d’Iribarne (55, notre lettre de mai 22), a parlé aux anciens HEC de son dernier livre (Le Grand déclassement, notre lettre d’octobre 22) le 25 janvier. Son constat lucide et cruel : le sens du devoir pour beaucoup d’entre nous est malmené par de récentes évolutions, à commencer par une soumission croissante à la fois aux caprices des clients et à ceux des chefs…
  •  
  • Paul Vecchiali (53, notre lettre d’avril 22), a tiré sa révérence en janvier 2023. Grand cinéaste, il était entré à l’X en surli (surlimite d’âge, qui sait encore ce que signifie cette abréviation ?) et avait dû commencer sa carrière comme pitaine de ser. On le voit sur la photo ci-dessous, devant la promotion 1959, saluer le général de Gaulle lors du défilé du 14 juillet 1960.
Le général de Gaulle regarde la promo 59 défiler derrière son pitaine Vecchiali

Courrier des lecteurs

  • Merci, cher Hubert Lévy-Lambert, pour ce petit portrait qui me fait rougir. Bien sincèrement, meilleurs voeux de nouvelle année à tes proches et à toi. Jérôme Bastianelli (90). Merci pour ton gentil message. Vu ta promo, j’aurais préféré te faire jaunir que rougir 🙂 PS Entre temps, Alix vient de m’annoncer que c’est sur toi qu’est échue la lourde succession des portraits de Pierre Laszlo. Tu avais donc des moments perdus 🙂 Bonne année ! HLL
  • Merci, Hubert. Excellent. Je vais suggérer à ma fille de s’abonner aussi. Jacques Biot (71). Pas de problème, même si elle n’est pas dans la tranche d’âge de 7 à 77 ans 😊 HLL
  • Merci cher camarade, on continue à faire des découvertes Jean de Bodman (69)
  • Merci de ce portrait très sympa. Deux remarques – j’ai été « élu » à l’Académie des sciences (pas « nommé ») – dans la formulation on peut penser que c’est mon article qui est une stupidité, alors que c’est l’arrêt de la filière RNR qui est  » un modèle de stupidité ou de cynisme ». Navré que Michel Berry t’ait récusé… Bien cordialement Yves Bréchet (81) Corrigé. HLL
  • Mon cher camarade, voici une présentation vraiment sympathique. Je vois deux pistes de corrections… Avec mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Erwan Chauty (94). Corrigé. HLL
  • Cher Hubert, Décidément, jamais deux sans trois.    Toi d’abord, Pierre Laszlo ensuite, et de nouveau toi. Doux poison des éloges ! Je suis partagé entre la satisfaction et la confusion.,. Mais je n’oublie pas ce que disait Talleyrand : « Rien de ce qui est exagéré n’est signifiant ».   Merci quand même.   Amicalement François Mayer (45).  

Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Démographie

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #14

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici la dernière moisson de polytechniciens qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Encore une fois, pour répondre à certaines interrogations, voire critiques, je précise qu’extraordinaire n’est pas forcément synonyme d’admirable.

  • Jérôme Bastianelli (X 90), proustien
Jérôme Bastianelli

Né en 1970, Jérôme est le fils de professeurs de mathématiques. A sa sortie de l’X, il entre au corps des ingénieurs de l’aviation civile (fusionné en 2003 avec les ponts). Après quelques années au ministère des transports, il entre au musée du quai Branly Jacques Chirac, dont il est nommé directeur général adjoint en 2009 puis directeur général en 2015.

Il est en outre président de l’association des amis de Marcel Proust auquel il a consacré plusieurs ouvrages dont Dictionnaire Proust Ruskin (Madeleine d’Or 2017), La vraie vie de Vinteuil (Prix Louis Barthou 2020) ou Les Années retrouvées de Marcel Proust (2022).

Critique musical et écrivain, on doit à Jérôme les biographies de Mendelssohn, Tchaïkovski, Bizet et Mompou et la participation à des dictionnaires sur Verdi, Bach et Mozart. Il a en outre quelques violons d’Ingres : il joue du piano et du violon à ses moments perdus, mais en a-t-il ??

Pierre Laszlo a fait le portrait de Jérôme dans la Jaune et la Rouge d’avril 2021.

  • Antonin Baudry (X 94), diplomate
Antonin Baudry alias Abel Lanzac

Né en 1975 à Paris, Antonin fait sa prépa à Louis le Grand, entre à l’X en 94 et en sort dans le Corps des Ponts. Très éclectique, il entre en 98 à Normale Lettres et obtient un DEA en études cinématographiques. En 2002, il est chargé des discours du ministre au cabinet de Dominique de Villepin au quai d’Orsay. Il le suit place Beauvau puis à Matignon avant d’être nommé conseiller culturel à Madrid puis à Washington.

Sous le nom de Abel Lanzac, il raconte en 2010 sous une forme humoristique la préparation du discours de Villepin à l’ONU contre l’invasion de l’Irak dans la BD Quai d’Orsay, illustrée par Christophe Blain, qui vient d’illustrer Un monde sans fin de J-M Jancovici (voir plus bas). Le tome II de Quai d’Orsay obtient le Fauve d’or au festival d’Angoulême en 2013 et un film à succès en sort en 2013. Antonin fait un autre film à succès : Le chant du loup en 2019.

Pierre Laszlo a fait le portrait d’Antonin dans la Jaune et la Rouge d’avril 2015.

  • Yves Brechet (X 81), matérialiste

Né en 1961 à Chamalières, entré à l’X en 81, Yves est un spécialiste des matériaux reconnu par ses pairs. Elu membre de l’Académie des sciences en 2010, il a été Haut-commissaire à l’énergie atomique de 2012 à 2018. Il est actuellement directeur scientifique de Saint-Gobain, professeur à l’université Monash à Melbourne et à l’université McMaster à Hamilton au Canada.

Peu après avoir quitté ses fonctions officielles, ayant retrouvé sa liberté de parole, il écrit en septembre 2019 un article incendiaire dans la revue Progressistes sur l’arrêt du programme ASTRID, une étude de cas de disparition de l’État stratège, qu’il qualifie de faute historique et de modèle de stupidité ou de cynisme.

Son successeur Patrick Landais, interrogé récemment par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée d’établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France, n’a pas mâché ses mots : «Depuis 4 ans, bien qu’ayant à plusieurs reprises indiqué ma disponibilité et mon souhait d’être pleinement associé aux actions de soutien au nucléaire dans le cadre des plans d’investissement d’avenir puis de France relance, les ministères et entités impliquées ne m’ont jamais sollicité pour participer aux réflexions et évaluations ayant conduit aux différentes mesures mises en place… »

On aurait fort à faire s’il fallait classer les responsables de la situation catastrophique de la France en matière énergétique depuis l’arrêt de Superphénix jusqu’à celui de Fessenheim en passant par l’interdiction d’explorer notre propre sous-sol de crainte d’y trouver du gaz…

En passant dans le domaine des transports, on peut féliciter ceux, dont notre actuelle première ministre, qui ont effacé 35 G€ de dette de la SNCF sans demander la moindre contrepartie aux cheminots ébahis et ceux qui leur ont fait le cadeau de Noël inespéré d’interdire l’avion là où il était en concurrence avec la SNCF.

Mais s’il y avait un prix Nobel de l’horreur économique, je voterais sans hésiter pour Claude Bartolone, qui, alors président de l’Assemblée Nationale, préconisait de fermer un maximum de centrales nucléaires car cela créait des emplois pour les démanteler…

  • Erwan Chauty (X 94), jérémiste
Erwan Chauty, sj

Après l’X et l’IFP, Erwan devient Jésuite. Doté de licences canoniques en théologie et en exégèse biblique, d’un doctorat en théologie et d’un doctorat canonique en théologie biblique, Erwan, passionné par le prophète biblique Jérémie, est membre du comité de rédaction des Cahiers Évangile, conseiller théologique de la revue Etudes et maître de conférences en exégèse.

Il a écrit plusieurs livres sur Jérémie, dont Qui aura sa vie comme butin ? Échos narratifs et révélation dans la lecture des oracles personnels de Jérémie (2020), Le livre de Jérémie. Signifier la Parole (2022) et Jérémie (à paraitre début 2023 dans la collection Mon ABC de la Bible) et de nombreux articles dont certains marquent son éclectisme, comme L’étrange calcul de l’oxygène dans l’aventure lunaire de Tintin ou Qu’est-il vraiment arrivé à Dina ?

Futur pape, comme François ? L’avenir le dira. En tout cas, rencontré après la messe annuelle de novembre à St Etienne du Mont en mémoire des X morts dans l’année, Jérémie m’a fortement impressionné par ses hauteurs de vue et son ouverture d’esprit. Ce n’est pas lui qui dirait, à l’instar de son très médiatique confrère Gaël Giraud, sj, ancien professeur à l’X,  que la propriété privée serait un concept issu de l’esclavage !

  • Céline Dufétel (X 00), payeuse
Céline Dufétel

Née en 1982, Céline S. Dufétel passe quelques années à Bethesda (Md) pendant son enfance. Elle entre à l’X en 2000 puis obtient en 2004 un diplôme d’études supérieures au Bendheim Center for Finance de Princeton.

Après des débuts comme associée chez McKinsey & Company puis directrice générale et responsable mondiale du marketing, de la gestion des produits et des services à la clientèle chez Neuberger Berman, Céline entre en 2017 chez T. Rowe Price, gestionnaire d’actifs Fortune 500, comme directrice de l’exploitation et directrice financière, poste qu’elle quitte en août 2021 pour devenir CFO & COO de Checkout.com, spécialiste de solutions de paiement numérique pour les entreprises, dont elle supervise les fonctions financières, de trésorerie et de stratégie de l’entreprise.

Céline a été membre du conseil d’administration de City Harvest, une organisation à but non lucratif basée à New York qui se consacre à aider à collecter de la nourriture pour des organisations communautaires.

Céline faisait partie des 40 femmes de moins de 40 ans (Top 40 under 40) de Fortune en 2020 et des 100 femmes les plus influentes de Barron dans la finance américaine en 2021. Chapeau l’artiste !

  • Jacques Gorphe (X 41), numismate

Né en 1920 à Libourne et mort en 2012, Jacques Gorphe entre à l’X en 1941 et devient historien médiéviste et numismate. Passionné de sa région, le Saintonge, il passe sa vie à reconstituer pièce par pièce le Trésor de Tayac, 500 monnaies d’or gauloises (statères) découvertes en 1893 à Tayac (Gironde), dont un fabuleux torque en or du IIème ou IIIème siècle avant JC. Le trésor a malheureusement été aussitôt dispersé et une grande partie fondue mais le torque et plusieurs statères sont aujourd’hui au musée d’Aquitaine à Bordeaux.

Le Trésor de Tayac, don Gorphe, BnF Richelieu

En 50 ans de ventes publiques à travers le monde, Jacques avait réussi à amasser plusieurs dizaines de statères, dont il a offert 16 en 2010 à la BnF. On peut les voir maintenant dans le magnifique musée qui vient d’ouvrir rue de Richelieu. Courez-y ! Le reste de sa collection été dispersée post mortem à Drouot en 2021.

  • Romain Labbé (D 18), capteur
Romain Labbé

Après un master en mécanique des fluides et une thèse au Laboratoire d’Hydrodynamique de l’X, Romain Labbé a co-fondé Phyling avec Jean-Philippe Boucher et Pierre-Olivier Barrioz. Cette start-up vise à améliorer lesperformances dans le sport grâce à l’instrumentation et l’analyse des données collectées. Accéléré au sein d’X-UP depuis octobre 2018, il a bénéficié du programme X-Grant*, financé par la Campagne Xvous.

Après l’aviron qui a servi de modèle, les fédérations du pentathlon et du rugby ont été les premières à faire appel aux services de Phyling qui accompagne aujourd’hui les professionnels du cyclisme, football, tennis, athlétisme, canoë-kayak, boxe, tennis de table, a accompagné nos cyclistes aux JO de 2020 et les accompagnera à nouveau aux JO de 2024, ainsi peut-être que pour le kayak, l’aviron et le BMX. Mais il faut le sacro-sain agrément des Fédérations internationales. Un travail de Romain !

  • Pierre Laszlo (X X), portraitiste
Pierre Laszlo

Né à Alger en 1938 d’un ingénieur hydraulicien né en Hongrie en 1907 et d’une directrice de studio de danse classique, Pierre étudie la chimie à Grenoble. Après avoir obtenu un doctorat ès sciences à la Sorbonne en 1965, il devient assistant professor à Princeton. Il est professeur à Liège de 1970 à 1999. En 1982, il enseigne la littérature française à l’université Johns-Hopkins en tant que professeur visiteur. Il est professeur titulaire de chimie à l’X de 1986 à 1999, date à laquelle il prend sa retraite universitaire.

Son domaine de recherche est la catalyse de réactions organiques sur des supports inorganiques ainsi que l’analyse par résonance magnétique nucléaire. Il est l’auteur de nombreux ouvrages depuis La Parole des choses, ou le langage de la chimie (1993) jusqu’à Drôle de chimie (2011) en passant par Qu’est-ce que l’alchimie (1996), Pourquoi la mer est-elle bleue (2002) ou A life and career in chemistry, autobiography from the 60’ to the 90’ (2006).

Pierre est connu des lecteurs de la Jaune et la Rouge pour ses portraits qu’il publie depuis des années dans cette revue, ce qui lui a valu, réponse du berger à la bergère, un Portrait du portraitiste par Alix Verdet dans le numéro de septembre 2019 et qui lui vaut, après Patrice Holiner, d’être nommé polytechnicien d’honneur. Il a annoncé récemment qu’il cherchait un jeune pour le remplacer. J’ai annoncé, pour rire, que j’étais candidat. Michel Berry, président du comité éditorial, dont le sens de l’humour n’est pas la première qualité – fils et petit-fils de commissaire de police oblige – a sévèrement pris position contre ma supposée candidature !

  • Christian Marbach (X 56), conteur

Il est inutile de présenter Christian Marbach (56), né en 1937 à Altkirch, sorti de l’X dans le corps des mines, fondateur de Sofinnova en 1971, président de la Cité des Sciences et de l’Industrie en 1987 et immortel organisateur des fêtes du bicentenaire en 1994, dont les Portraits de polytechniciens (2015) m’ont inspiré dans la création de ma série de mini-portraits (ma lettre du 2 mars). Infatigable, après les Contes du Barrandien (2020), dont une traduction en tchèque est en préparation, il vient de sortir Les 7 chats du général Dufour (Isidore Editions, 2022, 320 p.). Illustré comme les deux précédents par Claude Gondard (65), ce livre raconte la vie, vue par ses hypothétiques chats, de ce polytechnicien suisse qui joue un rôle capital dans la fondation de la Croix rouge aux côtés d’Henry Dunant.

Bis repetita

  • Jean-Marc Jancovici (X 81), un vrai écologiste

Je vous ai présenté Jean-Marc dans ma lettre de mars. Ce grand vulgarisateur des problèmes d’énergie était déjà connu sur les réseaux sociaux et les chaines d’information en continu mais il fait maintenant encore plus fort en s’affichant en grand format sur les murs du métropolitain avec sa BD bestseller, Le monde sans fin (Dargaud, 2022, 168 p.), avec Christophe Blain, qui a fait l’inoubliable BD Quai d’Orsay avec Antonin Baudry, cf supra, numéro un toutes catégories des ventes 2022, avec plus 500.000 exemplaires vendus. Chapeau l’artiste !

  • François Mayer (X 45), un vrai écrivain

J’ai fait le mini-portrait de François dans ma lettre d’août. Il a eu l’honneur de la rubrique de Pierre Laszlo dans la Jaune et la Rouge de décembre, sous le titre un peu péjoratif de « littéraire contrarié » alors que, selon certains, la Digue de sable mériterait le prix Goncourt. Je l’ai mis à cet effet entre les mains d’une coach expérimentée. Mais le jury éponyme attend peut-être qu’il fête ses cent ans pour le lui donner.

Courrier des lecteurs

  • Bonjour Hubert. Merci pour ce portrait, même si je ne suis pas certaine de sortir tant que ça de l’ordinaire… il est indiqué que je suis oncologue (c’est à dire médecin spécialisée en cancérologie), ce qui est inexact. Vous serait-il possible de rectifier ? Bien cordialement. Auriane Cano-Chancel (05). C’est fait, chère Auriane. Tes désirs sont des ordres. HLL Pour en savoir plus sur Auriane et les X dans le domaine de la santé, voir La Jaune et la Rouge de novembre 2019.
  • Mon cher Hubert, J’ai tiqué trois fois en lisant ton dernier envoi : 1) A propos de l’immigration africainequi, on le voit tous les jours, se déverse sur une Europe en hiver démographique … j’ai été choqué par le mot « se déverse ». Je ne l’emploierais pour aucune immigration passée, présente ou future, légale ou illégale. Et encore moins de la part d’Européens qui se sont « déversés » sur tous les continents depuis cinq siècles. 2) A propos de l’Amiral Courbet qui … part en Indochine en 1883 à bord du Bayard pour mater la rébellion des Pavillons Noirs et des Annamites appuyés par la Chine. Écrirais-tu que les troupes allemandes ont « maté » les maquisards du Vercors ? 3) A propos de Total,… ce qui le conduit malheureusement à participer à la lutte de certains élèves contre l’implantation d’un centre de recherche de Total sur le campus. Malheureusement ? C’est moins grave mais me semble inutile. Bien à toi. Alain Crémieux (55).
  • Mon cher Alain, J’apprécie beaucoup que tu fasses l’effort de lire ma prose et de la commenter. Je réponds à chacun de tes 3 points. 1) je maintiens le verbe « deverser » car je pense que les Européens d’aujourd’hui sont dans la même situation que les indiens d’Amérique ou les aborigènes d’Australie naguère. 2) je ne sais pas comment on dit « mater » en allemand mais je sais que c’est ce que les dirigeants de l’époque ont demandé à Courbet de faire. 3) je regrette vivement que ces jeunes irresponsables aient découragé Total de s’implanter près de l’école. Cordialement. HLL
  • Merci Hubert. J’ai lu le portrait très fidèle. Bien à toi, Olivier Dellenbach (81).
  • Bonjour Hubert, tu as commis quelques erreurs matérielles dans mon portrait relatif à Eurotunnel : j’ai été nommé administrateur en décembre 2004 (pas avril), Président en février 2005. Cette nomination n’a aucun lien avec le coup de force de N. Miguet, bien au contraire. La restructuration financière de 2007 a laissé 13% du capital aux actionnaires individuels. Le cours de bourse de Getlink a atteint 20€ l’été dernier : l’actionnaire d’origine qui a gardé ses actions s’en sort bien. Amitiés. Jacques Gounon (72). Bien noté, merci, j’ai mis ton message en bas de ma lettre de novembre. Bravo pour le cours de bourse, mais c’est trop tard pour moi qui n’ai plus d’actions depuis longtemps. HLL
  • 1. L’abbaye d’Hautecombe, où étaient enterrés les membres de la maison de Savoie -et donc les rois d’Italie- est au bord du lac du Bourget, plus grand lac français -et pas du lac d’Annecy.
    2. Certains choix sont discutables. Qui peut s’enorgueillir d’avoir participé à des répressions dans les anciennes colonies ? A-t-on demandé à Amédée Courbet s’il souhaitait faire partie de cette sélection ?
    3. Comment peut-on juger qu’un X de la promo 2017 est extraordinaire ? Serait-ce d’avoir extraordinairement perdu son temps ? Jean-Pierre Jouannaud (67). Sur le premier point, je suis doublement inexcusable d’avoir fait une erreur de lac car je suis admirateur de Lamartine et j’habite rue Bernard de Clairvaux, l’un des fondateurs de l’abbaye. Sur les deux autres, il ne faut pas confondre extraordinaire et admirable. HLL.

Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne fin d’année

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Annexe récapitulative

Ci-après la liste des portraits que je vous ai présentés depuis le début de l’année : plus de cent, soit plus que Pierre Laszlo depuis l’origine des temps ! C’est dire, même s’il y a quelques recouvrements, que nous ne concourons pas dans la même catégorie. Avis aux membres du Comité éditorial de la Jaune et la Rouge, s’ils me lisent en douce. Et j’en ai encore beaucoup sous le pied, grâce à vous, chers lecteurs !

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #13

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes ou vieux, vivants ou morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, comme d’habitude. Jugez-en !

  • Jean-Loup Bertaux (X 1961), astéroïde

Jean-Loup est né en 1942 à Toulouse. Entré à l’X en 1961, il fait toute sa carrière au CNRS (service d’aéronomie puis Laboratoire Atmosphères & Observations spatiales (Latmos). Il est spécialiste du milieu interstellaire, des vents solaires et des atmosphères planétaires. Il a écrit De l’autre côté du soleil en 1987 et reçu la Médaille Huygens en 2010. L’astéroïde (5235) Jean-Loup découvert en 1990 à Palomar, lui a été dédié.

Quand il a les pieds sur terre, Jean-Loup a un important violon d’Ingres : la démographie. Il est membre du conseil scientifique de l’association Démographie responsable et auteur de Démographie, climat, migrations : l’état d’urgence (2017) et co-signataire de la tribune « Réduire la population contribuerait à l’atténuation du réchauffement climatique » (Le Monde du 9 novembre 2022). Jean-Loup participait le 15 novembre avec Hervé Le Bras (63) à l’émission C ce soir : 8 milliards : sommes-nous trop nombreux ? Et il nous recommande de lire le dernier numéro de Charlie Hebdo qui aborde la question fort sérieusement.

Il a certainement raison mais il ne semble pas politiquement correct de faire remarquer que si la population du globe augmente d’un milliard tous les dix ans, cette augmentation résulte surtout de l’explosion démographique africaine qui, on le voit tous les jours, se déverse sur une Europe en hiver démographique où on discute très sérieusement de constitutionnaliser l’avortement…

  • Auriane Cano-Chancel (X 05), directrice oncologie

Après l’X, Auriane passe un MBA en Bioscience à Cambridge, puis commence sa carrière en tant que consultante en stratégie au sein du cabinet L.E.K. Après quelque temps chez Ipsen, elle intègre en 2014 la filiale France d’AstraZeneca, où elle occupe plusieurs postes en direction marketing et ventes en psychiatrie, en cardio-vasculaire métabolisme, puis en oncologie. Elle rejoint ensuite les équipes Globales d’AstraZeneca à Cambridge, où elle passe 3 ans en tant que Lead Commercial Global de la Franchise Immuno-Oncologie. De retour en France, elle vient d’être nommée vice-présidente responsable de la stratégie et des activités commerciales et médicales de la division française de l’oncologie d’AstraZeneca qui a l’ambition de doubler le taux de survie à 5 ans dans 5 types de cancers et ainsi tendre vers leur guérison, actuellement de 50 %. Sachant qu’elle est acharnée, je suis certain qu’elle va réussir.

  • Amédée Courbet (X 1847), amiral
Amédée Courbet par Eugène Appert_BNF_Gallica

Né en 1827 à Abbeville, Amédée Prosper Anatole Courbet est le fils d’un négociant en vins qui meurt en 1836. Il rentre à l’X dans les premiers en 1847 et en sort dans la Marine en 1849 après avoir participé activement à la révolution de 1848. Affecté à Toulon, il embarque sur la Capricieuse puis participe à la guerre de Crimée. Après plusieurs années à Lorient, il part aux Antilles en 1870. Capitaine de vaisseau en 1873, il est nommé gouverneur de Nouvelle Calédonie en 1879. Nommé contre-amiral, il part en Indochine en 1883 à bord du Bayard pour mater la rébellion des Pavillons Noirs et des Annamites appuyés par la Chine. Hué reconquis et la paix revenue, grâce à la victorieuse descente de la rivière Min, il est promu amiral en 1884 et reçoit l’ordre de s’emparer de Formose, ce qu’il réussit après avoir détruit la flotte chinoise à Fuzhou (alias Fou-Tcheou) en 1884. Il meurt peu après du choléra à bord du Bayard. François Coppée lui dédia ce poème :

Courbet, grand et vénéré nom !
Il vient. Il apparut et disparut trop vite,
Et sa gloire brille pour s’éteindre subite,
Ainsi que l’éclair d’un canon.
Ce qu’il fut : un marin. – Un marin c’est-à-dire
L’homme qui n’est heureux qu’en mer, sur le navire
Qui peut devenir son tombeau ;
L’homme qui, pour servir son pays, sacrifie
Et risque chaque jour, à chaque instant, sa vie…
Un marin!… et rien n’est plus beau.
Il eut ces deux amours : la patrie et l’espace…

A l’époque, Alain Peyrefitte n’était pas né et le monde ne tremblait pas encore devant la Chine !

  • Olivier Dellenbach (X 81), sérial entrepreneur

Né en 1961, fils d’un gynécologue alsacien, Olivier Dellenbach passe quelques années dans le conseil à sa sortie de l’X avant de créer la société Nat System en 1988 pour accompagner le déploiement d’ordinateurs PC dans les entreprises. Il la revend en 1998 au canadien Cognicase. Dès 1999, rejoint rapidement par sa femme Béatrice, ESCP 1988, il crée la société e-Front, plateforme technologique visant à développer des applications logicielles verticales dédiées à l’entreprise, qu’il introduit sur Alternext en 2006. Après divers changements d’actionnaire, dont Bridgepoint en 2015, elle est acquise en 2019 par BlackRock pour 1,5 G$ !

Infatigable, il crée aussitôt ChapsVision, éditeur de référence de solutions Big Data d’investigation, avec pour ambition de devenir un acteur majeur souverain de la cyberintelligence pour les entreprises et les administrations françaises, afin de leur fournir une alternative crédible à l’américain Palantir. Et pour ne pas perdre de temps, il accumule les acquisitions externes, dont Coheris, Sparkow, Flandrin, Elektron et Deveryware, financée par la BPI et Tikehau, pour développer sa plateforme d’analyse de données Argonos.

Reconnu par ses pairs, Olivier vient d’être nommé Président du Cluster Data Intelligence du GICAT (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) qui rassemble une trentaine d’acteurs du renseignement.

Directement concerné, il a créé avec sa femme Béatrice la fondation HappyCap, destinée à faciliter les dispositifs permettant aux handicapés moteurs de mieux communiquer avec leurs proches.

  • Jacques Gounon (X 72), tunneliste
Jacques Gounon et Yann Leriche

Né en 1953 à Créteil, Jacques Gounon entre à l’X en 1972 et en sort dans le Corps des ponts. Après quelques années à la DDE d’Indre et Loire où il reconstruit le pont Wilson à Tours, puis au Syctom de Paris, il pantoufle en 1986 au groupe Comatec puis passe en 1991 chez Eiffage. Il fait ensuite un peu de cabinet ministériel, chez Michel Giraud puis Anne-Marie Idrac avant de devenir en 1996 Président de GEC Alsthom. Il est élu en décembre 2004 administrateur d’Eurotunnel et en est nommé PDG en juin 2005, suite à une action concertée des petits porteurs initiée par le sulfureux Nicolas Miguet, jamais vue en France – sauf peut-être à l’AX en 1975 lors des débats sur le déménagement – qui débarque la totalité du conseil en place.

Divisant cette fonction en 2 après 15 ans de pilotage unique, il quitte en 2020 ses fonctions de PDG pour devenir simple président du conseil d’administration, Yann Leriche (X 94), ancien de Transdev, étant nommé directeur général. Pour la petite histoire, je fais partie des petits investisseurs de 1987, presque tous Français – les Anglais avaient sans doute suspecté l’erreur de calcul – qui, impressionnés par les perspectives d’évolution du cours de l’action annoncées dans le prospectus d’introduction, ont été totalement lessivés lors de la restructuration du capital en 1997 puis en 2007 * . Les perspectives de trafic étaient trop optimistes et le coût réel avait été multiplié par le facteur Pi, classique à l’époque en matière de grands projets comme Concorde mais aujourd’hui porté au carré pour l’EPR. Sans y voir un retour d’ascenseur, j’ai eu le plaisir de recevoir quelques années plus tard une donation de Getlink pour le Musée de l’X !

* Voir les commentaires faits par Jacques Gounon in fine

  • Benoit Halgand (X 17), ecolofranciscain

Né à Angers dans une famille très chrétienne de 6 enfants, Benoit fait sa prépa à Ginette et entre en 2017 à l’X où il préside la communauté chrétienne tout en militant pour la cause écologique, ce qui le conduit malheureusement à participer à la lutte de certains élèves contre l’implantation d’un centre de recherche de Total sur le campus. A sa sortie de l’X, il se lance dans une année de formation à l’abbaye d’Hautecombe, au bord du lac du Bourget, en quête d’un équilibre entre militantisme et vie de prière. Début 2019, il s’engage dans le mouvement Pour un réveil écologique, mouvement d’étudiants créé en 2018 avec la volonté de « prendre leur avenir en main en intégrant dans leur quotidien et leurs métiers les enjeux écologiques et en appelant au réveil la société ». En 2020, il passe quelque temps en retraite chez les Franciscains à Vézelay en suite de quoi il envisage de fonder une nouvelle communauté chrétienne pour concilier vie de prière et engagement dans le monde. Nous lui souhaitons le plus grand succès.

  • Maurice Lauré (X 1936), père de la TVA

Né en 1917 à Marrakech où son père était officier, Maurice Lauré passe sa jeunesse à Rabat puis à Saïgon. Il entre à l’X en 1936 et en sort dans le corps des PTT. Fait prisonnier en 1940, il passe son doctorat en droit après la guerre et entre en 1945 à l’Inspection des Finances et en 1952 à la Direction générale des impôts où il invente la Taxe à la valeur ajouté, maintenant adoptée dans de nombreux pays, remplaçant les anciennes taxes sur le chiffre d’affaires qui avaient l’inconvénient d’être en cascade. Il est nommé en 1967 directeur général de la Société générale dont il devient président en 1973. J’ai eu le plaisir d’y travailler à ses côtés de 1972 à 1977. Remercié par la gauche en 1981, il entame une nouvelle carrière à 65 ans à la tête du groupe BHV-Nouvelles Galeries où il reste jusqu’en 1991.

Il est mort en avril 2001. André Babeau a écrit un grand article sur ses idées économiques dans la Jaune et la Rouge de septembre 2002. Pour la petite histoire, une exposition en novembre 2010 à Bercy, à l’occasion du bicentenaire du corps des mines, montrait les portraits des grands noms du corps depuis sa création en 1794. Maurice Lauré aurait été bien surpris de s’y trouver, entre le sénateur Pierre Laffitte et le professeur Paul Lévy ! Comme les Mormons qui baptisent tous les ancêtres de leurs nouvelles ouailles, le Corps des mines, qui venait d’absorber les Télécom en 2009, avait intégré dans cette exposition des personnes qui n’en avaient jamais fait partie de leur vivant !

  • Arnaud Prost (X 12), astronaute de réserve

Né en 1992, Arnaud entre à l’X en 2012 et en sort dans le corps de l’Armement. Il participe en 2015-2016 au projet Moonwalk à Marseille et obtient à cette occasion un brevet de plongeur professionnel. Il fait ensuite Supaéro et passe un master « Astrophysique, Sciences de l’Espace et Planétologie » à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. Il complète sa formation par des stages à l’Institut de physique nucléaire de Moscou et au Jet Propulsion laboratory de Pasadena. Il obtient son brevet de pilote de chasse en 2020. Il a également un brevet de parachutiste et une licence de pilote commercial.

Actuellement affecté au Centre d’essais en vol d’Istres, Arnaud vient d’être nommé dans la réserve du Corps européen des astronautes de l’Agence spatiale européenne, en tant qu’astronaute remplaçant. Avec toutes ses peaux d’âne, espérons qu’il ne sera pas en surpoids 😊

  • Gilles Wainrib (X 03), Owkiniste

A sa sortie de l’X, Gilles fait une thèse en 2007 à l’Institut Jacques Monod (Paris Diderot) à l’interface math-bio sur le rôle du bruit dans le traitement de l’information par les neurones. Il s’intéresse, lors de son postdoc à Stanford en 2010, aux algorithmes d’intelligence artificielle qui s’inspirent du vivant, en particulier en utilisant le hasard et le désordre au coeur de leur processus de fonctionnement. De retour en France en 2011, à l’Université Paris 13 puis à l’ENS, il développe plusieurs collaborations avec des biologistes et des médecins pour l’étude des réseaux d’interactions biologiques en vue d’une meilleure compréhension du fonctionnement du vivant et d’applications à la médecine personnalisée. En 2016, associé avec Thomas Clozel, il crée Owkin, société dont l’objectif est d’introduire l’intelligence artificielle dans la médecine afin de découvrir de nouveaux médicaments. Owkin s’intéresse notamment à la lutte contre le cancer, et collabore avec Amgen pour améliorer la prédiction en matière cardiovasculaire. Sanofi y a investi 180 M$ l’année dernière, valorisant Owkin plus de 1 G$, en faisant une des licornes françaises les plus prometteuses du secteur de la santé, à l’instar de Doctolib ou Dental Monitoring.

Actualités

  • Redécouvrir les physiocrates, par Jean-Marc Daniel (74)

Infatigable, juste après Comprendre les crises économiques (notre lettre du 22 septembre), Jean-Marc Daniel appelle à la rescousse les physiocrates ! Dans un plaidoyer pour une économie intégrant l’impératif écologique, JMD plaide pour une troisième voie entre la destruction progressive et irrémédiable de la nature et celle, tout aussi irrémédiable, de la liberté, notamment d’entreprendre, dont il trouve les prémices chez les physiocrates, de François Quesnay à Pierre Samuel Dupont de Nemours…

Odile Jacob, 2022, 224 p.

Courrier des lecteurs

  • Merci Hubert. Quel honneur ! Le portrait est parfait. A bientôt, Guillaume Benski (97).
  •  
  • Hubert, tu fais maintenant dans les fake news ? Je ne t’ai pas dit que le comité avait validé ta position lors de sa séance du 15 septembre. J’ai dit au contraire, que le comité, après avoir entendu un exposé de Pierre Laszlo sur la façon dont il concevait ses portraits et la transmission de témoin à Jérôme Bastianelli (X 90) qu’il organise, a approuvé la décision de ne pas retenir ta proposition de publication de tes portraits dans la JR. Tu auras le compte rendu quand il sera validé par le conseil le 17 novembre. Michel Berry (63). Cher Michel, je ne comprends pas bien ta réaction car j’ai scrupuleusement reproduit ton message dans mon courrier des lecteurs du numéro 11 ! Ce serait bien d’ailleurs si la Jaune et la Rouge avait un courrier des lecteurs ? …. HLL.
  •  
  • Bonjour Hubert, Tu trouveras ci-joint, comme convenu, le compte rendu du comité éditorial traitant des portraits de Pierre Laszlo et de ta proposition. Bien à toi. Michel Berry : « … Michel Berry fait le point sur la candidature d’Hubert Lévy-Lambert pour publier dans la JR ses portraits « Xtraordinaires ». Ces portraits ne sont pas du tout dans l’esprit du travail de Pierre Laszlo, qui convient parfaitement à la revue, et en outre il a déjà organisé sa succession. Pas d’objection au sein du comité pour décider de ne pas publier HLL. ». Cher Michel, bravo ! Tu as présenté mes mini-portraits comme concurrents de ceux de Pierre Laszlo, ce qui est notoirement faux car j’en aurai fait cent cette année contre 10 pour Lazszlo (dont le mien, qui était excellent !). Sur cette base erronée, tu as fait prendre à ton comité de 16 personnes, sans que personne ne moufte, une décision unanime digne de l’ère soviétique. HLL.
  •  
  • Je découvre des profils originaux qui nous changent de platitudes convenues sur les polytechniciens : merci. Jean de Bodman (69).
  •  
  • Merci beaucoup pour cet article… Bien à vous. Laura Chaubard (99).
  •  
  • Cher Hubert, merci pour cette nouvelle fournée. Peut-être pourrais-tu envisager une annonce sur le groupe X Facebook, 6100 membres ?… Tru Do-Khac (79). Fait, merci. HLL
  •  
  • Bravo pour cette nouvelle édition des portraits, aussi passionnante et instructive que les précédentes… Olivier Herz (79).
  •  
  • Merci, cher Monsieur, pour cet amical « mini-portrait » qui me touche beaucoup. L’Ecole maintient mon poste et nous parlons déjà du programme d’incorporation des X 2023 ! Bien à vous et croyez bien que je suis très sensible à votre fidélité. Patrice HOLINER.
  •  
  • Merci Hubert, très sympa de ta part. Bien cordialement. Benjamin Revcolevschi (94).
  •  
  • Bonjour Hubert, C’est une jolie lettre bravo… Gala Vino (D 14).

Vous connaissez des Xtraordinaires ? N’hésitez pas à me les signaler mais ne vous impatientez-pas si vous ne les trouvez pas dans ma prochaine lettre car j’ai déjà une belle liste d’attente. Il y a manifestement beaucoup d’Xtraordinaires, pas toujours connus !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur du Musée de l’X

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #12

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes ou vieux, vivants ou morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, comme d’habitude. Jugez-en !

  • Guillaume Benski (X 97), superproducteur
Guillaume Benski et HLL

Né en 1977, père deux enfants joliment prénommés Pamina et Léonard, diplômé de l’X et de Télécom, Guillaume est tombé très vite dans le chaudron du cinéma avec un premier job de superviseur financier chez ARSAM, entreprise de conseil et de financement à destination des producteurs télé et cinéma. Il devient producteur chez Divine Productions en 2006 puis il fonde Superbe Films en 2010.

Il produit un film pour moi en 2016 à l’occasion de l’appel à projets que j’avais lancé pour l’installation d’une statue d’Arago à la place de celle fondue par les Allemands en 1942. Le lauréat a été Wim Delvoye, le seul candidat non interviewé dans le film ...

Après différents films dont A good woman is hard to find (2019), Guillaume nous régale à partir du 2 novembre avec Une robe pour Mrs Harris avec Isabelle Huppert, Lesley Manville et Lambert Wilson. Découvrez-le film et courez le voir !

  • Laura Chaubard (X 99), GénéraliX
Laura Chaubard (c) Jérémy

Née en 1980 de parents respectivement profs de philo et d’histoire, Laura entre à l’X en 99 et en sort dans l’Armement. Elle passe un doctorat d’algorithmique à l’Université Paris Diderot puis passe 6 ans à la DGA en tant qu’experte du big data et de l’intelligence artificielle puis cheffe du bureau des PME stratégiques. Elle entre en 2017 au cabinet de Florence Parly comme conseillère pour l’innovation et le numérique. Elle y portera notamment avec succès la création de l’Agence Innovation Défense, du fonds d’investissement Definvest et d’une Direction Générale du Numérique. Elle est nommée en octobre 2019 DG de la Villette, à la place de la bien nommée Marie Villette, qu’elle quitte 3 ans plus tard pour être DG de l’X à la place de François Bouchet (X 86), nommé Contrôleur général des armées en mission extraordinaire. Je lui ai proposé de lui faire visiter le musée de l’X. Elle le trouvera sans doute un peu rikiki par rapport à la Villette mais elle trouvera peut-être un algorithme pour le faire grandir ! Vous pouvez voir son parcours plus détaillé dans l’exposition 50 ans…

  • Pierre de Cossé-Brissac (X 1918), mémorialiste
May Schneider,_duchesse de Brissac

Pierre de Cossé Brissac (1900-1993), 12e duc de Brissac, entre à l’X en 1918 et en sort dans dans le groupe Schneider, appartenant à la famille de son épouse May (1902-1999), épousée en 1924, qui s’affichera ouvertement avec Paul Morand (1888-1976), grand écrivain vychiste, anglophobe et antisémite, et ira après la guerre en prison pour collaboration. Il était non seulement industriel mais aussi mémorialiste avec de nombreux écrits entre 1950 et 1980, dont En d’autres temps, premier volume d’une chronique du xxe siècle, prix Saint-Simon 1975.

Contre l’avis de ses parents qui la destinaient plutôt à Rainier de Monaco ou à Jean d’Ormesson, sa fille Marie-Pierre, née en 1925 et encore active, a épousé Simon Nora, rencontré dans la Résistance, avant d’épouser un autre juif, Maurice Herzog (1919-2012), grand alpiniste dont la statue a été déboulonnée par sa fille Félicité dans Un héros (2012).

  • Antoine Guyot (X 13), nucléariste

Entré à l’X en 2013 après une prépa à Stan, Antoine passe un an à Berkeley pour apprendre à créer son entreprise puis passe un MS à l’Université Pierre et Marie-Curie. Après quels petits jobs alimentaires, dont assistant free-lance à X-HEC Entrepreneurs, il participe en 2020 à la création de JIMMY, le fournisseur de chaleur qui décarbone l’industrie grâce à son générateur thermique atomique modulaire SMR.

Après un premier tour de table de 2 M€ au début de, Jimmy Energy vient de lever 15 M€ avec l’aide de Polytechnique Ventures (voir Denis Lucquin infra), pour un petit réacteur produisant non pas de l’électricité mais de la chaleur, afin de rendre l’industrie moins dépendante au gaz. Vaste programme !

Jimmy présentait ses ambitieux projets sur BFM Business le 24 octobre.

  • Patrice Holiner (X X), maitre de chapelle
Me Patrice Holiner

Je sais qu’on peut être membre d’honneur de l’AX, selon l’article 3 des statuts mais je ne sais si on peut être polytechniciens d’honneur. Je n’en ai pas trouvé dans la Bible mais si quelqu’un mérite ce titre, c’est sans conteste Maitre Patrice Holiner qui a été directeur musical de l’Ecole pendant quasiment un demi-siècle, des années 70 à 2020.

Vous trouverez plus de détails sur sa carrière dans l’article de Pierre-René Séguin paru à l’occasion de son départ en retraite dans la Jaune et la Rouge de septembre 2020. Mais les grands hommes ne prennent jamais leur retraite et vous pourrez le voir diriger la chorale de l’X le 19 novembre à 10 h 30 à l’Eglise St Etienne du Mont, dans la messe en la, Panis angelicus de César Franck, dans le cadre de la messe solennelle organisée chaque année par X Mémorial à la mémoire des X décédés dans l’année.

  • Abdelouafi Laftit (X 86), ministre de l’intérieur
Abdelouafi Laftit Photo MAP

Né en 1967 à Tafersit (Rif oriental), Abdelouafi entre à l’X en 1986 et fait ensuite l’Ecole des Ponts. Après un bref passage dans le domaine financier en France, il rejoint en 1992 l’Office Marocain d’Exploitation des Ports (ODEP) où il est successivement directeur des ports d’Agadir, Safi et Tanger, avant d’être nommé directeur du Centre régional d’investissement de Tanger-Tétouan en 2002 puis gouverneur de la province Fahs-Anjra en 2003, gouverneur de la province de Nador en 2006, PDG de la Société d’aménagement pour la reconversion de la zone portuaire de Tanger ville en 2010, gouverneur (wali) de la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer en 2014 et ministre de l’intérieur en 2017.

C’est sur sa proposition qu’à la suite des accords d’Abraham, initiés par Donald Trump et non remis en cause par son successeur, SM Mohammed VI a entériné en juillet dernier une importante réorganisation des instances représentatives juives marocaines, la troisième seulement depuis 1918 !

Abdelouafi est marié et a 4 enfants.

  • Denis Lucquin (X 77), aventurier
Denis Lucquin

Après l’X, le Génie Rural et Paris Dauphine, Denis commence sa carrière au transfert de technologie de l’INRA puis rejoint le monde du capital risque : Innolion (Crédit Lyonnais), puis Sofinnova Partners où il est pendant 17 ans spécialisé en santé. Il a été Président de Sofinnova pendant 10 ans et a fondé France Biotech, l’association française des entrepreneurs en biotechnologie avant de créer Polytechnique Ventures en juillet 2021 avec Cécile Tharaud (84). Plus de détails dans la Jaune et la Rouge de septembre 2021.

  • Benjamin Revcolevschi (X 94), technologue
Benjamin Revcolevschi

Né en 1974, Benjamin entre à l’X en 94 puis fait Télécom et Dauphine. Il passe 7 ans au BCG (Boston Consulting Group), où il s’occupe des nouvelles technologies. En 2007, il entre chez Neuf Cegetel, où il s’initie à la direction opérationnelle. Il passe ensuite à SFR Business team puis est nommé DG de Fujitsu France. En 2022, il est nommé DG France et Benelux de DXC Technology, leader des services IT appartenant au classement Fortune 500. C’est ainsi que DXC France est Supporteur Officiel de #Paris2024 et fournisseur de logiciels d’entreprises préconfigurés qui permettent au Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 de planifier ses ressources et de gérer ses processus de ressources humaines. 

  • Emmanuel de Straschnov (X 03), nocodeur
Emmanuel de Straschnov

Né en 1983 à Paris de parents sinologues et sinophiles, Emmanuel fait sa Taupe à Louis le Grand, entre à l’X en 2003 et en sort dans le corps des Ponts. Il passe quelques années de conseil en stratégie chez Roland Berger à Shanghai, puis passe en 2012 un MBA à la Harvard Business School. Il y rencontre Joshua Haas et fonde avec lui Bubble, une société qui développe un langage de programmation visuel permettant la réalisation d’applications et de sites internet complexes sans avoir de compétences informatiques, en résumé no code ! Après avoir levé 6 M$ en 2019, Bubble fait un nouveau tour de table en 2021 de 100 M$ !

Emmanuel a épousé en 2019 Fala Chen, une actrice sino-américaine. Ils ont une fille Minnie, née en 2021.

  • Catherine Sueur (X 96), inspectrice
Catherine Sueur photo Eric Malot

Née en 1975 à Orléans, fille d’un sénateur socialiste, Catherine entre à l’X en 1996 puis à l’ENA (promotion René Cassin) dont elle sort dans l’Inspection des finances. Elle a un parcours professionnel impressionnant par sa diversité comme par sa rapidité : quelques années en inspection comme il se doit, puis administratrice générale adjointe du Louvre en 2007, secrétaire générale du Monde en 2011, directrice générale déléguée de Radio France en 2012, directrice générale adjointe de l’APHP en 2017. Elle revient au Monde en 2018 et préside Télérama en 2019. Elle est nommé chef du service de l’IGF le 1er mai 2022 en remplacement de Marie-Christine Lepetit. Elle aura le triste privilège de diriger un corps en extinction suite à la suppression de l’ENA. Qu’en dirait Michel Debré qui avait créé l’ENA pour éviter que les membres des grands corps de l’Etat soient choisis à la tête du client ???

Actualités

  • Le grand déclassement, par Philippe d’Iribarne

Sous-titré « Pourquoi les Français n’aiment plus leur travail », ce livre nous explique que l’entreprise se découvre depuis peu une vocation sociale. L’épanouissement des salariés, le pouvoir partagé, la survie de la planète deviennent brusquement des objectifs prioritaires. Mais cette vision angélique du monde du travail correspond-elle à la réalité ? Ne faudrait-il pas expliquer aux adeptes de la grande démission, qui bénéficient souvent des prestations de l’assurance-chômage, qu’il n’est pas raisonnable de faire venir à grands frais des étrangers pour occuper des postes dont les Français ne veulent pas.

Vous pouvez voir sa biographie dans notre lettre du 30 mai.

Albin Michel, 2022, 176 p.

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Courrier des lecteurs

  • Pour information, le comité éditorial a validé ma position lors de sa réunion du 15 septembre. Amitiés. Michel Berry (X 63). J’apprécierais de recevoir le procès-verbal. Merci d’avance. HLL
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  • Mon cher, La banalisation de l’OAS devrait te couvrir de honte de même que tes commentaires et raccourcis de cette parution au même titre que, en son temps, la banalisation de Bichelonne par certains d’entre nous. Tu finis très mal. Dommage. Michel Chappat (X 73). Il faut me lire au deuxième degré. Je ne crois pas avoir écrit en faveur de l’OAS ni de Bichelonne. HLL
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  • Cher ami Merci. A côté de tes mérites, que dire des miens ? Très amicalement René Coulomb (X 51).
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  • Bonjour, Tu aurais pu, au moins, mettre des guillemets à « tyrannicide ». Très cordialement Alain Crémieux (X 55).  J’aurais alors dû en mettre à tous mes qualificatifs ! HLL
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  • Cher Hubert, Merci beaucoup pour cette publicité. [J’espère être] aussi vaillant que toi à ton âge. Mais qui peut dire ce qu’il en sera ? Vertige de l’avenir inconnu. Tibi, Jean-Pierre Dupuy (X 60).
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  • Clairement pas toujours des modèles, à parcourir la galerie. J’aurais préféré un peu de dérision, du genre “ les gros nuls de l’X, les anti-pougne, la Kes , le Styx , le Bobar … La dérision et l’humour potache, c’est quand même plus en phase avec l’esprit de cette école qui faisait sérieusement son travail sans se prendre au sérieux. Olivier Khayat (X 83).  J’aime bien ta réaction car on me reproche généralement le contraire : trop de dérision, trop d’esprit potache ! HLL
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  • Cher Hubert, …S’agissant des portraits, je me délecte toujours autant à leur lecture… Amitiés fidèles. Marwan Lahoud (X 84). 
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  • C‌her camarade, je viens juste de lire ton message qui m »avait échappé dans la semaine de transition professionnelle entre la direction de la maintenance aéronautique et l’inspection générale des armées-armement. Je n’ai pas de commentaires à faire sur ce mini-portrait où tu cites gentiment les membres polytechniciens de ma famille ! Je te remercie. Bien cordialement. Monique Legrand-Larroche (X 82).
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  • Regretter que Bastien-Thiry ne figure pas sur le monument des X mort pour la France est une ignominie. Retire-moi de ta liste de diffusion. Henri Sterdyniak (X 70). Tu as mal lu. Ce n’est pas moi qui exprime ces regrets ! HLL
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  • Toujours aussi punchy cher Hubert. Richard Toper (X 71).
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #11

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, mais pas forcément des modèles. Jugez-en !

  • Jean Bastien-Thiry (X 47), tyrannicide

Né en 1927 à Lunéville, Jean-Bastien-Thiry est l’ainé de 7 enfants. Son père Pierre (X 20 S), était lieutenant-colonel d’artillerie et son grand-père capitaine de cavalerie. Sorti de l’X puis de Supaéro comme ingénieur militaire de l’air, il conçoit le missile SS10 qui sera utilisé par les armées française, américaine et israélienne. Partisan de l’Algérie française, il considère que la politique algérienne du général de Gaulle est un crime contre l’humanité, terme curieusement repris par Macron dans son discours d’Alger du 14 février 2017 ! S’appuyant sur des écrits de Saint Thomas d’Aquin, il considère le tyrannicide comme légitime et organise plusieurs attentats contre le général de Gaulle, dont Pont sur Seine en septembre 1961 et le Petit Clamart le 22 août 1962, auquel le général échappe miraculeusement, sa voiture ayant été criblée de balles. Condamné par la Cour militaire de justice, il est passé par les armes en mars 1963 au fort d’Ivry. Malgré certaines requêtes, son nom ne figure pas sur le monument aux morts de l’Ecole, pas plus que celui de Louis Rossel (X 1862), délégué à la guerre de la Commune de Paris, fusillé en 1871 par les Versaillais pour trahison.

  • Nicolas Bouleau (X 65), mathématicien philosophe

Né en 1945 à Paris, Nicolas entre à l’X en 1965 et en sort dans le corps des Ponts et Chaussées et passe en même temps un diplôme d’architecte. Il s’occupe quelque temps de la création des villes nouvelles mais bifurque rapidement vers les mathématiques et crée le centre de recherche en mathématiques de l’Ecole des ponts dont il est aujourd’hui professeur émérite. Très éclectique, il s’intéresse aux probabilités, à l’économie et à la philosophie des sciences. Parmi ses nombreux ouvrages dans ces 3 domaines, on peut citer Processus stochastiques et applications (1988), Mathématiques et Risques financiers (2009), Introduction à la philosophie des sciences (2017), Théorie des erreurs (2019) ou Ce que Nature sait, La révolution combinatoire de la biologie et ses dangers (2021), pour lequel il a été interviewé par Robert Ranquet dans la Jaune et la Rouge de mai 2021.

Nicolas tient un blog dont le dernier article, daté du 17 juin 2022, s’intitule Sauver le climat. Il y explique que la crise des subprimes ayant fait l’objet d’un concert médiatique autour du risque systémique, rapidement l’opinion publique a été effrayée, les gouvernements ont remis à flot les banques et les principaux départs de feu ont été éteints. Rien de tel pour le climat…  Cliquez ici pour lire la suite.

  • René Coulomb (X 51), porteur d’eau
Entre les Forums de La Haye et Marseille (2012)
Jusqu’au Forum de La Haye (2000)

Sorti de l’X dans le corps des Ponts et Chaussées, Licencié es Sciences, René Coulomb a fait toute sa carrière dans le secteur de l’eau, étant successivement Ingénieur en Chef des services techniques de la Ville de Paris, Chef du service des Barrages-réservoirs de la Préfecture de la Seine, puis à la Lyonnaise des Eaux en tant que Chargé de la division eau, Directeur adjoint, Directeur, puis Directeur général avant de devenir Membre du Conseil de Surveillance de Suez-Lyonnaise des Eaux puis Conseiller du Président de Suez-Lyonnaise des Eaux. René Coulomb a également exercé de nombreuses responsabilités dans plusieurs organisations professionnelles. Au niveau national en tant que Président de la Société Hydrotechnique de France, Président du SPDE, Président du CI-Eau, Administrateur de l’Agence Seine-Normandie. Il fonde en 1996 le Conseil Mondial de l’Eau dont il devient Vice-Président puis Gouverneur. Il a écrit en 2011 une présentation en 2 volumes de cette structure originale, créée pour alerter les responsables des différents pays, à tous les niveaux, sur la nécessité de donner la priorité à la résolution des problèmes de l’eau au niveau mondial.

  • Jean-Marc Daniel (X 74), économiste libéral

Jean-Marc Daniel est né en 1954 à Bordeaux. Entré à l’X en 1974, il en sort dans le corps des administrateurs de l’Insee. Economiste libéral, il est professeur émérite à l’ESCP et directeur de la revue Sociétal. Très présent sur les réseaux sociaux, il fait des chroniques pour le Monde et pour BFM. Il a écrit de nombreux ouvrages dontLe Gâchis français. 40 ans de mensonges économiques (2015), Histoire de l’économie mondiale (2021) ou La Politique économique (2022). Il a été président éphémère de X Sursaut, entre moi et Laurent Daniel. Il vient de sortir un nouveau livre : Comprendre les crises économiques, fatalité ou nécessité, avec Cristina Peiculi (Puf, 2022, 250 p.). Il y explique que tout le monde parle de crise, tout le temps. Dans ces conditions, la crise devient la normalité. Chercher à comprendre ce qui mérite d’être appelé une crise est essentiel. Et analyser comment les crises naissent, comment elles évoluent, comment elles se résorbent et pourquoi elles sont nécessaires permet de s’y adapter au lieu de les subir.

  • Philippe Hayat (X 85), entrepreneur

Né à Neuilly/Seine en 1964, Philippe Hayat est également diplômé de l’Essec. Il a fondé en 2008 l’association 100 000 Entrepreneurs, visant à transmettre l’envie d’entreprendre aux jeunes, notamment dans les zones dites « sensibles ». Il a écrit plusieurs livres dont Entreprenez ! À l’indignation, préférez l’action (2012), Momo des Halles (2014, lauréat du Festival du premier roman de Chambéry), L’avenir à portée de main (2015) et Où bat le cœur du monde (2019, Prix Filigranes). Son dernier roman, La loi du désordre (2022), se passe à l’aube de la guerre de 14.

  • Jean-Bernard Lévy (X 73), électrocuté

Né en 1955 à Suresnes dans une famille d’origine lorraine, d’un père médecin et d’une mère professeur agrégée, Jean-Bernard entre à l’X en 1973 et en sort dans le Corps des Télécom, absorbé depuis lors par le Corps des mines. Après quelques années aux Télécom, il entre chez chez Matra, puis dirige le cabinet de Gérard Longuet à l’Industrie de 1993 à 95 puis devient Pdg de Matra, Dg d’Oddo, Dg puis Président de Vivendi, Pdg de Thales. Nommé Pdg d’EDF en 2014 et renouvelé en 2019, il vient d’annoncer qu’il souhaite quitter ses fonctions avant l’échéance de son mandat. Il est question qu’il soit remplacé par Luc Rémont (X 88, Armement), directeur chez Schneider Electric, mais le gouvernement tergiverse, hésitant entre la gouvernance à une ou à deux têtes.

Critiqué pour la mauvaise disponibilité des centrales nucléaires, Jean-Bernard n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat lors des journées du Medef du 29 août 2022 en expliquant que la loi du 17 août 2015 avait contraint EDF à fermer des centrales nucléaires, ce qui ne fait pas appel aux mêmes corps de métiers que la construction de nouvelles centrales. Macron a vivement réagi mais c’est bien lui qui a ordonné la fermeture de Fessenheim, en croyant se faire bien voir des écolos, avant de virer un peu tardivement sa cuti.

  • Jean Muzard (X 34), aviateur libre

Né le 17 mai 1914 à Santiago de parents franco-chiliens, Jean Jacques Muzard entre à l’X en 1934, comme son cousin Jean Robert Muzard (X 1930). Il en sort sous-lieutenant dans l’Armée de l’Air et est breveté pilote à Avord en 1937. Retourné au Chili en 1940, il entend l’appel du 18 juin et s’enregistre aux FAFL en mars 1942 à Santiago, comme pilote de chasse. Arrivé en Grande-Bretagne, il est nommé au Squadron 64 de la RAF puis au Squadron 329 « Cigognes » qui participe au Débarquement au-dessus de Caen et Bayeux. Son Spitfire devant atterrir en catastrophe en Normandie occupée, il est sauvé par un boulanger français qui le cache des nazis. Il finit la guerre comme capitaine avec la médaille de la Résistance française, avec rosette, la Croix de guerre avec palmes et la Légion d’honneur. Il meurt le 12 août 1990 au Chili.

François Mitterrand le cite dans la Lettre à Anne n° 830 (12.11.1971) lors de son voyage au Chili, comme un des rares Chiliens à avoir participé au Débarquement.

  • Frédéric Oudéa (X 81), pharmacien

Né en 1963 à Paris, Frédéric Oudéa est le fils d’un brillant gastro-entérologue d’origine hongroise, mort prématurément en 1976, et d’une chercheuse dans l’industrie pharmaceutique. Il entre à l’X en 1981 et fait ensuite l’ENA (promo 87) dont il sort dans l’Inspection des finances. Après la tournée traditionnelle des Inspecteurs et un bref passage au cabinet de Nicolas Sarkozy aux Finances, il entre à la Société générale en 1995. Il est propulsé brutalement en 2008 du poste de directeur financier au poste de directeur général puis de Pdg en remplacement de Daniel Bouton, poussé à la sortie suite à l’affaire Kerviel. Mais ce n’est pas parce que la SG a perdu 3 G€, soit un demi-Kerviel bien tassé, dans la cession de sa filiale russe que Frédéric vient d’annoncer son prochain départ de la SG, pour prendre la présidence de Sanofi. Il ne sera pas le premier Pdg de la SG à se reconvertir : Maurice Lauré (X 36), dont nous parlerons dans une prochaine lettre, n’est-il pas devenu Pdg du BHV et des Nouvelles Galeries à l’âge de 65 ans suite à son éviction par Mitterrand en 1982 ?

Frédéric a 5 enfants dont 2 avec Véronique Morali et 3 avec Amélie Oudéa-Castéra, ancienne championne de tennis, actuellement ministre des sports. Il vient d’être nommé président de la Fondation de l’Ecole polytechnique en remplacement de Denis Ranque (X 70). Cliquez ici pour plus de détails.

  • Angel Prieto (X 16), ange ou bête ?
ANNA WANDA GOGUSEY

Né en 1997, Angel Prieto fait partie, avec Kadi et Laviolette (notre lettre du 28 juillet), des jeunes contestataires qui ont mis un peu d’ambiance à la cérémonie de remise des diplômes du 24 juin sur le platâl. Sorti de l’X dans le corps des Mines, il a suivi la formation du Campus de la Transition. Il a cofondé le Manifeste étudiant pour un réveil écologique et est membre du groupe de travail sur l’ESG de l’Institut français des administrateurs (IFA). D’abord analyste pour Engie, il rejoint fin 2020 The Shift Project (présidé par Jean-Marc Jancovici, X 81, notre lettre du 31 mars), pour piloter le projet Administration publique. Il prend ensuite un poste d’analyste chez McKinsey au Maroc où il conseille des acteurs publics sur la transition bas-carbone en Afrique. Il participe en 2021 en tant qu’élève du corps des Mines à l’élaboration d’un tronc commun pour la formation initiale des hauts-fonctionnaires à la transition écologique et forme un groupe de travail inter-écoles pour verdir les formations de services public.

Cliquez ici pour plus de détails sur les actions d’Angel.

Actualités

Cette nouvelle rubrique vous fait part d’évènements concernant des camarades déjà cités, qui ont récemment défrayé à nouveau la chronique.

  • Antoine Compagnon (X 70, notre lettre du 2 mars et notre recension du 23 avril) après les étés avec Montaigne (2013), Baudelaire (2014) et Pascal (2020), nous a fait passer un été avec Colette (Ed. Equateurs, 2022). Elle a, selon lui, créé quatre mythes : Claudine ; Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd’hui. Un été avec Colette (Ed. Equateurs, 2022, 248 p.)
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  • Jean-Pierre Dupuy (X 60, notre lettre du 27 juin) a publié en 2018 un livre intitulé La Guerre qui ne peut pas avoir lieu. Essai de métaphysique nucléaire. Il y concluait que si une guerre nucléaire mondiale devait se produire dans les prochaines décennies, elle mettrait initialement aux prises les États-Unis d’Amérique et non la Corée du Nord, dont le leader à l’époque se moquait cruellement du président américain, ni la Chine, mais la Russie. L’actualité fait que son livre est redécouvert aujourd’hui. Une publication en anglais va paraître, ainsi que plusieurs autres, dont une au Japon et une en Corée du Sud. Les éditions du Seuil vont le publier en collection de poche Points, actualisé pour tenir compte de la guerre larvée qui oppose la Russie aux puissances de l’OTAN et complété par une nouvelle préface de 30 pages. L’auteur serait heureux de recevoir critiques, objections, réfutations.
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Courrier des lecteurs

  • Je vois que tu n’as rien compris aux raisons qui font que j’objecte à la publication de tes portraits dans la Jaune et la Rouge. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de place, et qu’il y a déjà une rubrique de portraits nettement plus originale et intéressante, celle de Pierre Laszlo. Il y a aussi pas mal d’inexactitudes ou de lacunes dans tes portraits, qui seraient évitées si tu montrais tes portraits aux personnes concernées (concernant le mien, je ne vois pas ce que tu dis d’intéressant pour un lecteur, à part le fait que je te résiste). Surtout, je n’ai pas dit qu’il était malvenu de mettre de l’emphase sur les qualités des X, mais qu’aujourd’hui, les X fassent leur auto-éloge par un auteur X, me semble malvenu. Ça irait pour une revue d’anciens élèves un peu potache et nombriliste, mais j’ai une autre vision de la JR. Michel Berry (63). Cher Michel, les raisons de ton opposition me paraissent spécieuses. J’aimerais connaitre l’avis des membres du Comité éditorial dont le silence est assourdissant. Et, pourquoi pas, l’avis des lecteurs de la Jaune et la Rouge ? HLL
  • Merci Hubert pour ta publication périodique de ces portraits qui me font découvrir à chaque fois des personnalités très intéressantes. Bien cordialement, Pascal Bouillon (79).
  • Cher ami, Si je lis avec intérêt tes portraits, je partage ce que dit Michel Berry. On ne peut faire paraitre dans la Jaune et la Rouge des éloges d’X déclarés « Extraordinaires » par un X. Certains en arrivent même à compléter tes « portraits » pour faire leur auto-éloge ! Quant à François Mayer il demande son portrait ! Même si le Corps des Mines est exceptionnel, la proportion de ses membres dans ta « liste » est sans commune mesure avec leur nombre dans les promotions ! J’ai préféré les articles que tu as publié dans la Jaune et la Rouge sur des X exceptionnels que nous avons connu tous les deux, Pène et Herz. Cordialement. René Coulomb (51). Crois bien que c’est involontaire. J’essaye déjà de panacher les âges et les sexes, les vivants et les morts ainsi que les bons et les mauvais car, contrairement à ce que Berry croit, extraordinaire n’est pas synonyme d’excellent. Je vais essayer d’équilibrer aussi les Corps mais je dois également veiller aux couleurs car il parait que j’ai mis 51 % de jaunes😊 HLL
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  • Cher Hubert, Merci de ton envoi, une fois de plus, fort intéressant. Anecdote qui m’a été rapportée par Jean Touz (X 30 ou 29 (?)) longtemps DRH d’EDF, témoin oculaire de la scène. Lors de l’inauguration de l’usine marémotrice de la Rance, les principaux acteurs furent salués chacun personnellement par De Gaulle. Arrivé au niveau de Robert Gibrat, De Gaulle lui dit : “Je sais tout de vous, M. Gibrat”, faisant allusion à la fois à la période vichyste et à la Rance où Gibrat avait joué un rôle essentiel. Tout De Gaulle, n’est-ce pas !… Michel Gérard (55)
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  • Cher Hubert, Merci pour ce portrait très complet. Deux petites remarques : Je ne suis que l’arrière-petit-neveu d’Amédée Mannheim, et non son arrière-petit-fils, Je suis tromboniste et non trompettiste (coquille corrigée dans la suite de l’article). C’est vraiment secondaire   Ce qui l’est beaucoup moins, c’est l’émotion éprouvée en retrouvant, dans ta lettre, Jean Coutrot qui avait été camarade de lycée, puis de Promo, de mon père Armand Mayer, et était resté un ami intime. François Mayer (X 45). Coquilles corrigées, avec mes excuses. HLL
  • Bonjour Hubert, Je lis toujours avec intérêt tes portraits. Pour répondre à ton appel je te signale 2 camarades : 1 Jean Muzard X 34 Franco-chilien qui s’est engagé dans l’aviation FFL comme pilote de Spitfire. Mais je n’ai pas beaucoup de détails. 2 Pierre Berest X70 qui vient de mourir. Voir ici. Charles-Henri Pin (56). Fait dans le précédent numéro pour Berest et dans le présent pour Muzard. HLL
  • Bonjour Hubert, merci à toi pour faire connaître mon camarade de promo Jean-Michel Pilc et son oeuvre. Bonne rentrée. Tru (79).
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #10

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici une nouvelle moisson de camarades jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours du mois écoulé. Ce sont des personnages pas très ordinaires, jugez-en !

  • Pierre Berest (X 70), mécanicien

Né le 10 mars 1950, Pierre Berest entre à l’X en 1970 et en sort dans le corps des mines. Grand spécialiste du comportement mécanique des ouvrages souterrains, il a notamment dirigé le Laboratoire de mécanique des solides de l’X (LMS) et présidé le Comité français de mécanique des roches. Il présidait depuis 2004 le Groupe permanent d’experts pour les déchets nucléaires (GPD) auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Pierre est mort le 28 juillet 2022. J’adresse une carte postale de condoléances à son épouse Lelia Picabia, à ses filles Isabel, Anne et Claire et à ses petites-filles.

La nuit n’est jamais complète, Il y a toujours puisque je le dis,

Puisque je l’affirme, au bout du chagrin,

Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée

Paul Eluard

  • Michel Berry (X 63), éditorialiste

Né en 1943 à Paris, d’un père commissaire de police et d’une mère enseignante, Michel fait ses études à Lakanal et à Louis le Grand et entre à l’X en 1963. Sorti dans le Corps des mines, comme son jeune frère Gérard (X 67), qui aura l’honneur d’une prochaine lettre, il commence sa carrière comme chercheur au centre de gestion scientifique de l’Ecole des mines (1969-73) puis dirige le Centre de recherche en gestion de l’X (1974-91) avant de de devenir membre du conseil scientifique du CNRS (1992-97) et membre du conseil général des mines (1999-2008). Il a été aussi responsable de la revue Gérer et Comprendre pendant 30 ans (1985-2015), responsable de l’Ecole de Paris du management depuis 1993 et président des Amis de la musique de Deauville depuis 2015 et président du comité éditorial de la Jaune et la Rouge depuis 2013. C’est lui qui, malgré l’avis favorable de Marwan Lahoud, président de l’AX, refuse la diffusion de mes lettres dans la Jaune et la Rouge, pour trois raisons qui sont loin d’être rédhibitoires : pas de place pour une rubrique de plus, portraits incomplets ou inexacts, pas de relecture par les personnes citées et pour une quatrième raison qui me parait inappropriée : trop d’emphase sur les qualités des X, au risque de déplaire aux lecteurs non X de la revue. Peut-être les deux portraits ci-après, et d’autres passés, qui lui ont échappé,  comme David (01) ou Vezin (15) ou à venir comme Bastien-Thiry (47) ou Gergorin (66), lui montreront-t-ils que mes Xtraordinaires ne sont pas toujours des modèles en tout point. Mais un Gascon peut-il se déjuger ?

  • Jean-René Coutrot (X 1913), transhumaniste

Né en 1895, Jean-René Coutrot intègre l’X en 1913, promotion dont un quart des membres, dont le major Charles Carcopino-Tusoli, meurent à la guerre de 14-18. Grand sportif, il perd malheureusement sa jambe droite devant Craonne en septembre 1915. Plein d’énergie, il travaille plusieurs années dans une société de papeterie. Chantre de la rationalisation de l’économie, il participe aux activités du Comité national de l’organisation française et de la Commission générale d’organisation scientifique du travail. Il est en 1931 l’un des fondateurs du groupe X-Crise, dont X Sursaut est un lointain avatar. Ce groupe est dissout en 1940, certains de ses membres étant pour la Résistance, d’autres, dont Coutrot, plutôt pour Vichy. Il travaille à l’Ordre nouveau, comme Robert Gibrat (voir plus bas) et milite pour le service civil. Il publie De quoi vivre (1935), dirige les Entretiens de Pontigny et, précurseur du transhumanisme, crée avec Aldous Huxley, auteur du Meilleur des mondes et Alexis Carrel, sulfureux prix Nobel de médecine, la Fondation pour l’étude des problèmes humains, dissoute à la Libération. Déprimé, il se suicide en 1941. On le rencontre souvent dans la Digue de sable de François Mayer (45) sous le pseudo transparent de Pierre Courbot (voir plus bas).

  • Robert Gibrat (X 1922), marémoteur

Né en 1904 à Lorient, Robert Gibrat entre à l’X en 1922 et en sort major dans le Corps des mines. Il enseigne 6 ans à l’Ecole des mines de St Etienne puis travaille 5 ans à la Société générale d’entreprise et participe aux activités du groupe Ordre Nouveau. Il est nommé en 1940 directeur de l’électricité au ministère de la Production industrielle puis secrétaire d’État aux Communications dans le Gouvernement Laval en avril 1942. Bien qu’ayant démissionné dès novembre 1942 lors de l’invasion de la zone libre, il passe un an à Fresnes à la Libération et est condamné à dix ans de dégradation nationale.

Rapidement relevé de sa condamnation, rien à voir avec le sort d’un autre brillant major, Jean Bichelonne (X 1923), ministre de Vichy jusqu’à sa fin, ni avec Jérôme Carcopino, également ministre de Vichy, qui révoqua tous les juifs de l’Education nationale en 1941, ce qui ne l’empêcha pas d’être élu à l’Académie française en 1955, Robert participe après la guerre à la construction de l’usine marémotrice de la Rance puis devient directeur général du Groupement de l’Industrie Atomique (INDATOM), président du Conseil scientifique et technique d’Euratom et Président de la Société des ingénieurs civils de France et de la Société de statistique de Paris.

Mort en 1980, Robert a eu 3 filles : Corinne, épouse de François Mayer (X 45, voir plus bas), Mowgli et Fleur. Cliquez ici pour lire son éloge funèbre par Jacques Dontot (X 1935) pour la Revue des ingénieurs.

  • Laurence Jacques (X 88), biosourcière

Entrée à l’X en 1988 comme son mari Vincent Guigueno, Laurence fait les Mines à titre civil en 1990 et commence sa carrière chez Lafarge, où elle reste près de 20 ans. En 2013, elle rejoint Minafin, société de chimie fine et de chimie biosourcée. Elle y travaille sur un ambitieux projet consistant à mettre sur le marché de l’industrie alimentaire une alternative biosourcée et non toxique à l’hexane.  

Laurence est présidente du groupe Sciences ParisTech au féminin et de la plateforme publique-privée PEPPER.

Cliquez ici pour découvrir son interview de mars dernier pour l’AX et cliquez ici pour lire sa notice dans Femmes de Polytechnique (mars 2013).

  • Monique Legrand-Larroche (X 82), généralissime

Née en janvier 1962, Monique Legrand vient d’avoir sa cinquième étoile. Entrée à l’X en 1982, elle en sort dans l’armement et y occupe diverses fonctions importantes, notamment dans les hélicoptères, dont elle a le brevet de pilote. Elle est depuis 2018 directrice de la maintenance aéronautique du ministère des Armées.

Première femme à décrocher les 5 étoiles, Monique fait partie d’une famille polytechnicienne digne du Guinness des records avec ses deux frères : Marc (X 74, constructeur du viaduc de Millau, mort en 2021) et Henri (X 75), son père : Gilles (X 45, 1926-2016), ses cinq oncles paternels : Michel (X 32), Marc (X 35, mort pour la France en 1940), Jean-Claude (X 38), Luc (X45), Olivier (X 49), son grand-père : Yves Legrand (X 08) et son arrière-grand-père Lucien Maréchal (X 1875) ! Et elle a bien sûr épousé un polytechnicien, Frédéric Larroche (X 81) !! On peut ajouter que sa sœur Marie-France, la seule de sa fratrie à ne pas avoir fait l’X, est quand même ingénieure générale de l’Armement !

Les 6 frères Legrand aux Contamines en 1936. de g à dr Olivier, Gilles, Luc, Jean-Claude, Marc, Michel

Cliquez ici pour plus de détails sur la brillante carrière de Monique.

  • François Mayer (X 45), tromboniste
Photo récente des Dixieland Seniors avec François Mayer 3ème à gauche

Né en 1925, François Mayer est l’arrière-petit-neveu d’Amédée Mannheim (X 1848), qui a laissé son nom à une règle à calcul, le petit-neveu du capitaine Armand Mayer (X 1877), tué en duel en 1892 par le Marquis de Morès, deux ans avant l’affaire Dreyfus et le gendre de Robert Gibrat (X 1922, cf supra). Il a exercé des activités et des responsabilités variées dans l’industrie, jusqu’à être PDG de Creusot Loire Entreprise. Il a réalisé une centaine d’ensembles industriels dans plus de cinquante pays, tout en jouant du trombone dans un groupe New Orleans créé avec des cocons de la 45. Toujours actif après sa retraite, il a écrit La digue de sable (2003), passionnante saga d’une famille bourgeoise dans la France de l’entre-deux-guerres, vue par un enfant curieux, qui n’est autre que l’auteur,

Blues en si bémol majeur (2006) et Un portrait peut en cacher un autre (2010). Reconstitué en 1995 sous le nom de Dixieland seniors, son groupe a joué pour nous lors du premier grand magnan que j’avais organisé en 2013. Il joue encore régulièrement au Petit Journal Saint Michel, juste en face de l’Ecole des Mines. Cliquez ici pour les voir en pleine action et cliquez ici pour lire En coulisse d’un trombone, l’article Atypix que lui a consacré la Jaune et la Rouge à la suite du grand magnan de 2015.

  • Jacques Napoly (X 45), banjiste

Jacques Napoly, missaire de la Promo 45, est mort à 97 ans le 30 juillet 2022. Expert reconnu internationalement en matière de mines métalliques, il a fait toute sa carrière professionnelle au sein du groupe IMETAL (antérieurement Penarroya). 

C’était aussi un homme attachant, véritable athlète, sportif accompli, un ami fidèle, un esprit cultivé, grand lecteur, passionné par tous les nouveaux domaines, dont la physique quantique.

Excellent banjiste, Jacques a été avec François Mayer (cf supra) un des fondateurs de l’orchestre de jazz de la promo 45, et un des piliers de la formation des Dixieland Seniors.

  • Jean-Michel Pilc (X 79), pianiste

Né en 1960 à Paris, pianiste dès son jeune âge, Jean-Michel entre à l’X en 79 et en sort comme ingénieur au CNES à Toulouse (1984-87) avant d’entamer dès 1989 une carrière de musicien professionnel qui le mène en 1995 à New York, où il enseigne à NYU, puis en 2012 à Montréal où il enseigne à McGill. Interprète et compositeur aventureux, Jean-Michel a travaillé avec plusieurs légendes du jazz, a été directeur musical et pianiste de Harry Belafonte et a joué en duo avec Jessye Norman. Il est reconnu pour sa musique qui fusionne le jazz, le classique et la chanson, avec une grande invention mélodique et rythmique, un toucher magique, et une technique exceptionnelle qui captive tous les publics. Outre une riche discographie, on lui doit un livre :  It’s About Music: The Art and Heart of Improvisation (Glenn Lyon books, 2012). Cliquez ici pour voir son site personnel et cliquez ici pour le voir jouer Rimouski sunset.

Bis repetita

  • Gérard Araud (X 1973), ambassadeur

Nous vous avons présenté dans notre lettre de mars cet ambassadeur atypique qui avait écrit ses mémoires en 2019. Le voici qui récidive avec Histoires diplomatiques (Grasset, 2022, 320 p.). Dans ce livre sous-titré Leçons d’hier pour le mode d’aujourd’hui, considérant que l’invasion de l’Ukraine par Poutine nous oblige à tout réinventer, Gérard Araud propose de nourrir le réarmement intellectuel de l’opinion publique française à partir d’exemples tirés de notre histoire pour mettre en lumière toute la gamme des obstacles inhérents aux relations internationales. Allant de la Guerre de succession d’Espagne à l’invasion de l’Irak en passant par le Congrès de Vienne et le Traité de Versailles, il nous livre un véritable manuel de diplomatie avec, à chaque fois, un rappel historique des faits suivi de l’explication des choix diplomatiques et de leurs conséquences.

Courrier des lecteurs

  • Plein de nouvelles biographies pour la base famille polytechnicienne ! Olivier Azzola, bibliothécaire
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  • Merci Hubert. Très sympa 🙂 amicalement. Jean-François Clervoy (78).
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  • Cher Camarade, je ne sais pas si je le mérite mais je vous remercie pour la parution dans ce bulletin qui est bien Xtraordinaire ! Bien à vous, Djamchid Dalili (79).
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  • Cette lettre est un vrai levier de changement, mais il semble que les instances de gouvernance de l’AX soient plutôt conservatrices ainsi que 80% des camarades ayant voté lors des dernières élections AX… En tout cas, super sympa, cette lettre qui montre une vraie diversité de parcours, ce qui m’invite à réfléchir à en faire une recension sur X-Diversité. Tru-DO-KHAC (79).
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  • Pour compléter mon «mini portrait » [paru dans la lettre numéro 1], voici quelques éléments sur un « guerrier  » bien pacifique : – premier président de la commission française du développement durable – ancien président de l’Institut Pasteur – créateur de la Fondation de l’Ecole Polytechnique , de la Fondation Française pour la Recherche sur l’Epilepsie ( FFRE ) , de la  Fondation pour la Recherche sur le Cerveau ( FRC-Neurodon ) – président de l’Institut Georges Pompidou – auteur d’Une vie d’influence (Flammarion, 2013), prix Saint Simon… Amitiés et bravo pour ton incessante activité pour compléter l’image de marque de l’Ecole… Bernard Esambert (54).
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  • Merci, cher Hubert de m’avoir fait figurer sur ta liste des polytechniciens Xtraordinaires ! Il est vrai que peu d’entre nous ont pu avoir une influence nationale voire internationale, puisque j’ai été à trois reprises responsable européen de la lutte contre les accidents de la route et ai également agi sur les autres continents.​

S’agissant de notre pays, le nombre des victimes annuelles n’a-t-il pas régressé de 18.000 tués en 1972 à 3.000 environ de nos jours malgré un trafic qui a presque triplé entre temps ? Quant au nombre des blessés évités, c’est par millions qu’il se compte. Et la décroissance a été dans l’ensemble similaire ailleurs en Europe, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Tu ne peux évidemment tout dire, mais il se trouve également que j’ai été l’auteur en 1971 des plans actuels du RER de l’Ile-de-France, qui a doté contre les vues de la RATP et de la SNCF de l’époque la région capitale du plus puissant réseau de transports en commun d’Europe, avec notamment la grande station centrale « Chatelet-les-Halles » qui a bouleversé les conditions de transport de millions de Franciliens. Ceci restera ma plus grande fierté d’ingénieur (Cf mon livre  » La saga du RER »).

Je termine sur une suggestion sans doute inutile. Je pense que tu as fait figurer sur ta liste Maurice Lauré, l’inventeur de la TVA qui a conquis et bouleversé le monde. Le Chinois qui achète aujourd’hui une voiture ou le Brésilien un vêtement et acquittent la TVA lui rendent hommage sans le savoir. Il n’est pas beaucoup d’hommes – ou de femmes – dont l’invention ait conquis la planète. Comment se fait-il d’ailleurs que l’Ecole ne lui ait pas consacré une salle alors que ce devrait être l’une de ses plus grandes gloires ? Merci encore. Amitiés. Christian Gérondeau (X 57). Réponse : ce sera bientôt fait mais j’ai une grande liste d’attente ! HLL

  • Merci beaucoup Hubert pour ce portrait ! Je suis un peu jeune pour être un boomer, mais dans ma tête c’est sans doute un peu le cas ! Amitiés, Vincent Le Biez(X 04)
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  • Bravo pour ta précision et ton humour. Les titres de tes rubriques sont toujours très spirituels. CLL
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  • Bonjour Hubert, Tu nous demandes de te signaler les noms de polytechniciens atypiques. Je vais faire preuve d’immodestie : Pourquoi pas moi ?   Je crois avoir été assez atypique, dans ma carrière professionnelle comme dans les activités de retraité.   Mais peut-être pas au niveau suffisant.   A toi de voir ! Sens-toi très libre.   Amicalement François Mayer (45).  R : tes désirs sont des ordres ! HLL
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  • Cher camarade, A la suite de l’article élogieux que tu as fait à mon sujet, je te dois un double merci, d’abord pour m’avoir inclus dans les Xtraordinaires…mais surtout pour avoir créé un nouveau critère dans ce classement, celui de la vie familiale. Tu as toute mon admiration pour l’activité que tu dépenses au profit de notre promo et de l’Ecole. Continue encore longtemps ! Avec toute mon amitié. Michel Perreau (53).
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  • Cher Hubert, « ni cet excès d’honneur, ni cette indignité ». Grande surprise de trouver mon mini portrait parmi les X qui sortent de l’ordinaire. Grand plaisir aussi et surtout de découvrir des camarades dont la diversité des devenir témoigne que les X sont tout sauf normés. Il serait intéressant de rechercher ce que tous les X, si divers soient-ils, ont en commun. Sans doute l’exigence, la rigueur, la passion et une certaine humilité qui les distingue de bien d’autres…  Jean Salmona (56).
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Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bonne lecture

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut, de X Monument et d’Amusix…

Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #9

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici, pour occuper votre été, une nouvelle moisson de camarades jeunes et vieux, vivants et morts, qui ont attiré mon attention au cours de ce mois. Ce sont des personnages pas très ordinaires, jugez-en !

  • Charles Chanson (X 22), artilleur des rizières
Charles Chanson en 1922 (c) Ecole Polytechnique

Né en 1902 à Grenoble, fils du général Henri Chanson (X 1890), petit-fils du général Achille Chanson (X 1858), Charles Chanson sert en Algérie et au Maroc de 1924 à 1932. Il est ensuite inspecteur des études à Polytechnique puis sert à l’État-Major de la 6e armée. Il est affecté à Alger après l’armistice. Après le débarquement de 1942 en Afrique du Nord, il dirige le groupe français de réarmement.et rallie les forces de la France libre. Colonel en 1945, commandant l’artillerie de la 3e division d’infanterie coloniale en Indochine en 1946, il est promu général en 1947 et reçoit en 1948 le commandement des forces terrestres du Tonkin. En 1949, commandant des forces françaises du Viêt-Nam Sud et commissaire de la République, il réunit pouvoirs civils et militaires. Son action de « pacification » est louée par le général de Lattre. Il est victime d’un kamikaze caodaïste en juillet 1951 à Vinh Long (Vietnam). Voir plus de détails sur wikipedia et dans La Jaune et la Rouge d’octobre 1999 et sa biographie par Pierre Guillet Pour l’honneur : le général Chanson en Indochine, 1946–1951 (1992).

  • Jean-François Clervoy (X 78), lunatique
Jean-François Clervoy

Né en 1958 à Longeville les Metz, Jean‑François fait ses études au lycée franco-libanais de Beyrouth puis au Collège militaire de Saint-Cyr-l’École et sa prépa au Prytanée de La Flèche. Sorti de l’X dans l’Armement, il intègre SUPAERO en 1983. Sélectionné pour faire partie du deuxième groupe d’astronautes français en 1985, il obtient son brevet d’Ingénieur Navigant d’Essai à l’EPNER en 1987. Il intègre en 1992 le corps des astronautes de l’ESA qui le détache auprès de la NASA à Houston. Avec deux vols sur Atlantis (1994 et 1997) et une sur Discovery (1999, pour réparer Hubble), il totalise 675 heures dans l’espace. Il a raconté sa mission vers Hubble dans Histoire(s) d’Espace (2009).

Jean-François a pris en 2006 la présidence de Novespace, créée par le CNES en 1986 pour promouvoir des transferts de technologies spatiales vers d’autres secteurs industriels. Il a dans ce cadre créé Air Zéro g pour ouvrir au public les vols paraboliques. Cliquez ici si vous voulez voler en apesanteur avec lui dans un Airbus A 310 !

  • Marc Darmon (X 83), cybermélomane
Marc Darmon

Né en 1964 à Paris, Marc rêve dans sa jeunesse d’être chef d’orchestre, sans doute inspiré par son père Jacques Darmon (X 59, inspecteur des finances) qui présida l’Opéra de Paris mais il finit par entrer à l’X en 1983, et en sort dans les Télécom. Après un début de carrière chez Alcatel, il est aujourd’hui DGA de Thalès et grand spécialiste de la cyber-sécurité, ce qui ne l’empêche pas de faire la chronique des DVD sur la Jaune et la Rouge depuis 2016, en attendant que l’indéboulonnable Jean Salmona (X 56, voir plus bas) lui cède sa page après plus de six décennies de bons et loyaux services !

  • Grégoire Genest (X 13), relativiste
Grégoire Genest

Né en 1994, Grégoire entre en 2013 à l’X, en sort dans la finance, puis crée en 2016 Chrysothemis (en hommage à Sophocle ?) et co-fonde en 2017 NEOS, une nouvelle solution de paiement en magasin. Infatigable, il crée maintenant l’Ecole Albert (en hommage à Einstein) avec Matthieu Heurtel (X 12), ancien du cabinet de Cédric O, qui s’installera dans les anciennes faïenceries de Choisy le Roi, rue de Paradis. A pour ambition de former des promotions de 800 matheux à l’analyse des données pour les entreprises, pour en faire des data scientists.

  • Sirine Kadi (X 17) et Salomé Laviolette (X 17), contestataires
Bifurqueurs-le Monde-Gala Vanson

Le 24 juin, lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’X, dont le fil rouge était trouver sa place, ces deux Xettes sont montées sur la scène et, rejointes par une cinquantaine d’autres élèves de leur promo, se sont lancées, à la grande surprise des familles et de la « strass », dans une vive critique du capitalisme en général et notamment de la non-prise en compte de l’urgence climatique et sociale.

Cliquez ici pour lire l’article forcément dithyrambique consacré par le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) à cette initiative et à des évènements analogues survenus lors de la remise des diplômes de Centrale Nantes, Sciences Po ou AgroParisTech.

Curieusement, Sirine travaille comme économiste à la Direction générale du Trésor. Le loup dans la bergerie !

Vincent Le Biez (04), qui les suit opportunément dans l’ordre alphabétique, leur répond ci-après !

  • Vincent Le Biez (X04), boomer
Vincent Le Biez

Originaire du Cotentin, Vincent Le Biez sort de l’X dans le Corps des Mines. Il débute sa carrière en 2010 à la Direction de l’énergie et de l’environnement d’Ile-de-France (DRIEE-IF). Il rejoint ensuite en 2013 la Direction générale du Trésor où il participe notamment aux négociations conduisant à feu l’accord de Vienne (JCPOA) de 2015. Il rejoint l’Agence des participations de l’État en 2015.

Proche de Hervé Mariton (X 77), il a été secrétaire général de son club de réflexion Réforme et modernité. Passionné de philosophie, il se demande ce que la politique peut apprendre des sciences des systèmes complexes comme la biologie, la théorie des jeux, la physique statistique ou la thermodynamique loin de l’équilibre dans Platon a rendez-vous avec Darwin (Les Belles Lettres, 2021).

Face à la débauche de contestations de la part de jeunes diplômés de grandes écoles qui veulent renverser la table, comme les susvisées Sirine et Salomé (X 17), Vincent leur signale gentiment que la France attend vos solutions, pas vos états d’âme ! (Le Figaro du 28 juin)

  • Aurélie Moy (X 13), redirectionniste
Aurélie Moy, redirectionniste
Vincent Rabaron

Née en 1995, Aurélie intègre l’X en 2013 et commence sa carrière dans un grand cabinet de consultants mais comprend vite que ce n’est pas ainsi qu’elle pourra contribuer à résoudre l’urgence écologique et le dérèglement climatique. C’est ainsi qu’elle crée Ty Villages, un village de maisons minimalistes à St Brieuc avant de partir pour la Drôme, dans un château du XIXème siècle transformé en lieu de vie participatif intergénérationnel pour créer avec Vincent Rabaron (X 02), qui a commencé sa carrière dans une grande entreprise de travaux publics mais a, comme Aurélie, viré sa cuti très vite, Vingt-et-un Vingt-deux, une agence de redirection écologique, et pour enseigner l’acroyoga.

Le château Pergaud
  • Théau Quazza (X 20) et Rémi Soulas (X 20), 4L’éctriXiens
Théau Quazza et Rémi Soulas
4L dans le désert

Théau et Rémi se lancent dans un projet pionnier de participation en équipage électrique à l’édition 2023 du rallye-raid 4L Trophy : 6.000 km à faire en dix jours en février 2023 de Paris à Marrakech à bord d’une Renault 4L convertie en électrique. Actuellement en stage de fin de deuxième année, Théau et Rémi cherchent des sponsors pour les aider à financer l’achat et la conversion d’une 4L et montrer la robustesse de l’électrique jusque dans les profondeurs du désert marocain. 

Cliquez ici pour plus de détails.

  • Jean Salmona (X 56), mélomane
Jean Salmona X Insights

Jean est issu d’une famille séfarade que l’Histoire a promenée de l’Espagne à l’Empire ottoman et la Grèce avant d’arriver à Marseille où il fait ses études et habite encore.  Sorti de l’X dans le corps des Administrateurs de l’INSEE, Jean a fait l’essentiel de sa carrière dans le secteur public. Il a créé en 1971 l’ONG Data for Development dont il a été président jusqu’en 1996. Il a été PDG de CESIA, privatisée en 1998, et qui est devenue Unilog consultants. Il a lancé en 2009 la revue ParisTech Review, devenue Polytechnique Insights. Il est maintenant Associé-gérant de J&P Partners et senior advisor chez Ardian

Grand mélomane et musicien, Jean a écrit Une Fugue de Bach (2015) et fait depuis 1961 la chronique des CD sur la Jaune et la Rouge, accompagné depuis 2016 par Marc Darmon (X 83, voir ci-dessus) qui s’est spécialisé dans les DVD en attendant patiemment qu’il prenne sa retraite !

Cliquez ici pour lire sa biographie par Pierre Laszlo dans la  Jaune et la Rouge de décembre dernier.

  • Michel Virlogeux (X 65), pontificateur
Michel Virlogeux Global pulse magazine.com
Le viaduc de Millau

Né en juillet 1946 à Vichy, Michel fait ses études au Prytanée de La Flèche, entre à l’X en 1965 et en sort dans le corps des Ponts et chaussées. Il commence sa carrière en construisant des routes en Tunisie, à une époque où cette activité n’était pas encore considérée comme un crime contre l’humanité. Dès 1974, il entre au Service technique des routes et autoroutes (Setra) et se spécialise dans la construction de ponts en acier et béton, qui fera sa gloire, avec la conception de plus de 100 ponts en France et à l’étranger : il a à son actif le pont de l’Ile de Ré (1988) ; le pont de Normandie (1995), le pont Vasco de Gama à Lisbonne (1995) ou le viaduc de Millau (2004), dont la renommée de l’architecte Norman Foster a quelque peu éclipsé la sienne.

Mais, comme il dit dans Les grand projets modernes, l’ingénieur et l’architecte (la Jaune et la Rouge n° 614, avril 2006), « quel que soit l’apport de l’architecte, c’est l’ingénieur qui peut seul porter la responsabilité du projet et de sa conception ».

Courrier des lecteurs

  • J’ai écrit qu’à partir de 80 ans, on n’était plus dans la lumière, mais c’était oublier qu’il y avait Hubert qui après avoir fait connaître les polytechniciens morts pour la France, s’occupe de faire sortir de l’ombre des camarades polytechniciens encore vivants. Tu es un vrai Deus ex machina pour nous ! Un grand merci ! Amitiés Jean Brilman (X 59, auteur de Moriturus, notre lettre du 27 juin).
  • Tu nous avais annoncé la publication de tes portraits tous les mois dans la Jaune et la Rouge. Qu’en est-il ? SA

R Effectivement j’envisageais une telle publication et Marwan Lahoud (83), président de l’AX et directeur de la publication, avait déclaré à réception du numéro 1 en mars qu’il trouvait l’idée excellente. Après plusieurs relances, Michel Berry (63), président du comité éditorial, vient toutefois de me faire savoir qu’une telle publication, faisant selon lui double emploi avec les portraits de Pierre Laszlo, « ne lui parait pas cadrer avec la ligne éditoriale de la Jaune et la Rouge ». HLL

  • Merci Hubert de ce portrait de Djamchid DALILI (X78) dans ta lettre #8. Je suis moi-même touché par cette maladie, ceci depuis plus de vingt ans et probablement à la suite d’un immense stress professionnel qui m’a été infligé en 1998 par un « cher camarade » de promotion : J’ai perdu à cette occasion gravement la mémoire (ne sachant plus comment s’appelaient mes enfants). Cette perte a duré plus d’un an, la distinction qui m’a été remise à cette occasion a failli me tuer, et je ne m’en suis sorti qu’en réétudiant…SP.

Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance et bon été.

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

Portraits de polytechniciens #8

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

De Bouchard à Yanka, voici neuf X de tous âges qui ont attiré mon attention au cours de ce mois. Ce sont des personnages pas très ordinaires, jugez-en !

  • Pierre-François-Xavier Bouchard (X 1796), découvreur
PFX Bouchard regarde la Pierre de Rosette

Né en 1771 à Orgelet (Jura) et mort en 1822 à Givet (Ardennes), PFX Bouchard sort de l’X dans le Génie et participe à la Campagne d’Égypte. Il est à l’origine de la découverte de la Pierre de Rosette en 1799 lors de travaux de réfection des fortifications de la ville éponyme. Une grande exposition a lieu jusqu’au 24 juillet à la Grande Bibliothèque pour célébrer le bicentenaire non pas de sa mort mais du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion. Plus de détails sur Bouchard dans la Jaune et la Rouge d’avril 1991 (pp 14-22) et de juin 2021 (pp 68-71).

  • Jean Brilman (X 59), moriturus

Jean Brilman a été notamment consultant en gestion financière, conseiller d’un ministre des finances, professeur d’évaluation des entreprises et directeur à la CEGOS. Il a écrit une vingtaine d’ouvrages sur le management des organisations, sur l’aventure coloniale et sur ses voyages en Chine. Dans son dernier livre, sous-titré le reste à vivre, en référence aux gladiateurs qui saluaient ainsi César avant leur dernier combat, il appelle morituri  les personnes de plus de 80 ans, qui sont 4,2 millions en France dont lui et moi et moi et moi !

  • Djamchid Dalili (X 79), parkinsonien

Atteint par la maladie de Parkinson, Djamchid a fondé à 60 ans la start-up DiamPark, – « une nouvelle méthode pour diagnostiquer et contrôler la maladie de Parkinson« . DiamPark a intégré l’incubateur et pépinière d’entreprises Paris-Salpêtrière (iPEPS-ICM), l’incubateur de l’Institut du Cerveau, en juillet 2021. Cliquez ici pour en savoir plus sur lui et Cliquez ici pour le voir raconter sa dixième vie à l’Institut du cerveau.

  • Jean-Pierre Dupuy (X 60), philosophe

Jean-Pierre Dupuy vient d’écrire dans la revue Cités un article sur la faillite des clercs, où il dénonce la place toute minuscule qu’occupe la culture scientifique dans l’intelligentsia française.

Né en 1941 à Paris, JPD est sorti de l’X dans le Corps des Mines. Avant de créer le CREA (Centre de sciences cognitives et d’épistémologie de l’X) en 1982 et de passer de nombreuses années à Stanford, JPD avait enseigné l’économie appliquée à mes côtés. On peut sans doute trouver aux Puces quelques exemplaires des Choix économiques dans l’entreprise et dans l’administration (Dunod, 1973, 2 tomes). Il a depuis écrit de nombreux livres dont le dernier est La Catastrophe ou la vie : pensées par temps de pandémie (Seuil, 2021).

  • Paul Midy (X 03), marcheur
Gif-sur-Yvette, le 15 juin 2022. Tractation sur le marché de la place de Chevry avec le candidat LREM Paul Midy qui est opposé à Cédric Villani .

Né en 1983 à Fontainebleau, Paul Midy entre à l’X en 2003. Après un master de recherche opérationnelle à Columbia, il entre chez McKinsey, tout en enseignant l’économie de l’entreprise à l’X. Il dirige ensuite Jumia, une start-up du e-commerce en Afrique, devenue la première licorne africaine. Il passe quelques mois chez Frichti en 2018. Impliqué chez les Jeunes de l’UMP dans sa jeunesse, il est nommé directeur général de La République en Marche en 2019. Il vient d’être élu député de l’Essonne ric-rac, avec 18 687 voix contre 18 668 à Cédric Villani qui s’était présenté comme insoumis.

  • Elodie Ziegler Perthuisot (X 96), transformatrice
© Nicolas Gouhier

Née en 1976, Élodie Ziegler Perthuisot a un CV impressionnant : diplômée de l’X, des Télécom et de l’IEP, plus MBA de l’ESSEC. Elle a travaillé successivement chez France Télécom, à l’ART, au cabinet de Jean-Jacques Aillagon à la Culture, au cabinet de Claudie Haigneré aux Affaires européennes, à la Cité des Sciences et de l’Industrie, à la Réunion des Musées Nationaux et à nouveau au Ministère de la Culture comme DirCab de Frédéric Mitterrand. Passant dans le privé, elle entre à la FNAC en 2012, qu’elle quitte en 2018 pour être nommée directrice du marketing de Carrefour qui l’a promue l’année dernière au poste de directrice exécutive E-Commerce, données et transformation numérique, en remplacement d’Amélie Oudéa-Castera, épouse de notre camarade Frédéric Oudéa (81), qui devient patronne de la FFT avant d’être nommée ministre des Sports le mois dernier.

  • Luc Ravel (77), archevêque visité
Mgr Luc Ravel (c) Jean-Marc Loos-MAXPPP

Fils du général Roger Ravel, Luc Ravel est né le 21 mai 1957 à Paris. Après l’X, il fait des études de philosophie et de théologie et est ordonné prêtre en 1988. Nommé par Benoit XVI Evêque aux Armées en 2009, il est nommé archevêque de Strasbourg par François en 2016. Sa devise épiscopale est « Est, Est », qui se traduit par « Oui, Oui », mais il est loin d’être un Béni-oui-oui ! Fermement opposé à l’avortement, il n’hésite pas à écrire en 2015 que …l’idéologie de la bien-pensance fait chaque année 200.000 victimes dans le sein de leur mère. L’IVG devenue droit fondamental est une arme de destruction massive… En 2017, parlant de ses conséquences sur le taux de fécondité de la France, il évoque le grand remplacement. Plus récemment, il est le seul évêque à avoir appelé à voter pour Macron.

Le Pape François vient d’ordonner une visite apostolique, i.e. un audit approfondi, de l’Archidiocèse de Strasbourg. Nous souhaitons que cette visite se passe bien pour notre camarade qui la qualifie d’« attention bienveillante du Pape » et dit l’accueillir « dans la foi et la confiance »

  • Jean-Eric Schoettl (X 67), populiste

Après l’X et un DEA d’informatique et un doctorat en gestion des entreprises, JES commence sa carrière comme maître de recherche en linguistique mathématique à Paris VIII puis fait l’ENA en 1977. Sorti dans le Conseil d’État, il est notamment conseiller technique au secrétariat général du gouvernement, directeur général du CSA, directeur au secrétariat général du gouvernement et secrétaire général du Conseil constitutionnel.

JES a écrit de nombreux articles et vient de sortir La démocratie au péril des prétoires, de l’état de droit au gouvernement des juges (Gallimard, 2022), où il affirme qu’une fissure s’est ouverte, depuis une cinquantaine d’années, entre juge et démocratie représentative. « La montée en puissance du premier anémie la seconde :  l’ascendant croissant du pouvoir juridictionnel sur les autres, loin d’amener davantage de rigueur et de transparence dans le fonctionnement démocratique, n’a fait que remplacer le caprice du prince par le caprice du juge. » Comme quoi un constitutionnaliste déçu peut devenir populiste !

  • Charles-Victor Yanka (X 1903), protonotaire
René Duval (03), Hubert Lévy-Lambert (53) et Charles-Victor Yanka (03) au magnan des 50 ans de la 03

Né en 1882 à Niort et mort en 1980, Mgr Charles-Victor Yanka était Protonotaire apostolique en 1953. Les démêlés de notre camarade Luc Ravel (voir plus haut) avec le Nonce apostolique m’ont rappelé un mémorable déjeuner de 1953 où j’étais assis à la droite d’un autre représentant du Pape.

C’était le déjeuner du cinquantenaire de la promo 1903 à laquelle j’avais été invité en tant que major de la 53. C’est ce qui m’a donné l’idée, cinquante ans après, d’inviter Frank Lirzin, major de la 2003, aux festivités du cinquantenaire de ma propre promo au théâtre du Gymnase où j’avais fait représenter une pièce jouée pendant notre campagne de Kès : « La Tour Eiffel qui tue » et de créer en 2013 les Magnans décennaux. Cliquez ici pour plus de détails sur l’origine de ce qui est devenu Grands magnans.

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Merci d’avance.

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut

A suivre …

Portraits de polytechniciens #7 spécial AG

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire » d’après Ch. de Gaulle

Léa et Steven

J’ai regretté de ne pouvoir assister à l’AG du 20 juin , étant alors à Berlin pour marier ma petite-fille Léa, mais j’avais demandé à Laurent Daniel de porter ma voix en disant :

  • que je suis content que les statuts et le RI soient enfin mis à jour, 
  • mais que je ne comprends pas pourquoi le vote à distance ne s’applique pas à toutes les résolutions ? 
  • ni pourquoi alphavote m’a traité de collaborateur 😒
  • Et que je suis ravi qu’il y ait maintenant un grand nombre de candidats, dont un ticket jeune fort sympathique (Vania M 17 et Denis X 13), malencontreusement écartelé par le comité
  • mais que je regrette que soient ignorées les promos 34 à 76, qui font quand même 76 pages de la Bible et sont la mémoire vivante de la Montagne !
  • et que personne n’ait repris mon projet de maison de retraite, alors que tous devront y passer ☹
  • et qu’il subsiste encore deux catégories de candidats
  • même si les « spontanés » sont maintenant inscrits sur le bulletin de vote, ce qui n’était pas mon cas
  • alors que le comité a le droit de proposer plus de candidats que le nombre de postes à pourvoir.

Connaissance prise du résultat du vote, j’adresse mes félicitations aux deux camarades réélus au conseil de l’AX (Sébastien Dessillons et Laurent Vitse) et, plus encore, aux trois nouveaux élus (Ariane Chazel, Vania Hernandez Bello et Loïc Rocard) et particulièrement à Vania qui va apporter un sérieux coup de jeune au conseil, tout en regrettant qu’aucun candidat « spontané » n’ait été élu. L’exploit de Serge Delwasse de l’année dernière n’a pas été renouvelé.

PS Je remercie la Jaune et la Rouge d’avoir publié dans le numéro 776 mon portrait par Pierre Laszlo, qui me qualifie gentiment de « brillant et tenace » mais je regrette qu’elle n’ait pas pour l’instant cru bon de publier mes portraits mensuels.

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A suivre…

Hubert Lévy-Lambert (X 53)