« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »
Voici, de Adeline Agut (X 06) à Yves Weisselberger (X 79), mes nouveaux portraits de polytechniciens Xtraordinaires et, de Gérard Araud (X 73) à Jean Tirole (X 73), mes petits potins du mois écoulé.
*** PETITS PORTRAITS ***
- Adeline Agut (X 06), philanthrope

Née à Paris en 87 d’un père médecin et d’une mère prof de maths, Adeline entre à l’X en 2006 et poursuit sa formation avec un Master à Stanford en 2009. Elle commence sa carrière chez Sofreco où elle s’occupe pendant 4 ans d’études d’environnement qui l’amènent à vivre 7 mois au Cameroun. Elle passe ensuite 2 ans chez OHT puis 2 ans comme consultante en innovation durable, ce qui la fait travailler pour Roger Voice, Linkee ou la Coface. Elle passe ensuite 2 ans chez Vinci puis co-crée en 2020 Iroco, complété en 2023 par Rezofora, avec pour objet d’accompagner les organisations dans la transformation environnementale et sociale.
Pour Adeline, qui est mariée avec 2 enfants, le bénévolat est une seconde nature : elle participe à des formations à l’X sur la RSE, anime des ateliers ludiques de la Fresque du Climat et de la Fresque du numérique. Elle a été en 2007 tutrice de l’association Partage qui s’adresse aux lycéens issus de ZEP (une grande école, pourquoi pas moi) ; elle a travaillé pour l’association Local energy network, notamment pour l’étude d’impact d’une centrale hydroélectrique au Népal (2012-14) ; elle a été administratrice de L’énergie d’apprendre et elle s’occupe du groupe X solidarité. Vous en saurez plus à son sujet dans son interview par Lisliere Dantas Une carrière dans le développement durable (mars 2020). Bravo, chère Adeline !
- Bruno Angles (X 84), assureur

Né en 1964 à Paris, Bruno passe son enfance au Luxembourg où son père dirigeait les services de la Commission juridique du Parlement Européen, sa mère étant professeur de français. Après une prépa à Ginette, il entre à l’X en 84 et réussit, tout en étant capitaine de l’équipe de rugby, à en sortir dans le Corps des ponts. Il passe quelques années à la DDE d’Ille-et-Vilaine, puis est nommé au cabinet de Bernard Bosson, ministre de l’Équipement et devient en 94 DG de la Société du Tunnel du Mont-Blanc. En 96, attiré par le vent du privé, il pantoufle chez McKinsey, qu’il quitte en 2004 pour Vinci qu’il quitte peu après pour Mercer Delta, puis, sans temps morts, enchaine avec Macquarie, Crédit Suisse puis AG2R la Mondiale dont il est DG depuis 2 ans.
Malgré toutes ses activités professionnelles, Bruno trouve le temps de se marier, de faire 4 enfants, de passer un MBA au Collège des Ingénieurs, d’être administrateur de la RATP et de la Fondation de France et de présider l’AX à une époque où je pensais pouvoir apporter un sang neuf à cette vénérable institution. Ceux qui lisent Dallax savent que je n’y ai pas réussi mais, comme il est dit dans l’Ecclésiaste, que Bruno connait bien, il y a un temps pour la guerre et un temps pour la paix : c’est sous son successeur Marwan Lahoud (84) que j’ai pu célébrer mon succès en citant lors de l’AG de l’AX de 2021 les Trompettes de Jéricho de Victor Hugo : A la septième fois, les murailles tombèrent…

Au moment du confinement en 2020, peu habitué à ce genre de temps mort, Bruno trouve un passe-temps : écrire un livre : De Temps en temps (Cerf, 2024,227 p.). Sous-titré Les multiples visages d’un trésor, il s’y demande : Qu’est-ce que le temps ? Quelle est sa nature ? Quels sont ses pouvoirs ? Comment bien l’allouer pour en faire le meilleur usage ? Ce livre est plein de références qui montrent l’immense culture de l’auteur, non seulement scientifique, d’Alain Aspect à Schrödinger en passant par Darwin, Einstein, Hawking ou Planck, mais aussi littéraire et poétique, de Balzac à Zola en passant par Baudelaire, Borgès, Char, Clausewitz, Gary, Hergé, Hugo, La Fontaine, Lamartine, Morand, Péguy, Pérec, Pessoa, Poe, Proust, Rimbaud, Ronsard, Rostand, Rowling, Saint-Exupéry, Sénèque, Valéry ou Voltaire, ainsi que philosophique, d’Arendt à Spinoza en passant par Aristote, Bachelard, Bergson, Confucius, Hegel, Heidegger, Jankelevitch, Kant, Maritain, Nietzsche, Platon ou Sartre, voire religieuse, avec les Evangiles et les saints Augustin, Bernard de Clairvaux ou Thomas d’Aquin. On regrette toutefois qu’il n’ait pas pris le temps de faire un index et qu’il ait omis le cinéma avec les Temps modernes de Chaplin, la chanson avec le Temps des cerises de Clément et, surtout, l’économie avec Jean-Pierre Dupuy (X 60) sur Valeur sociale et encombrement du temps (CNRS, 1975) ou René Mayer (X Ponts 47), sur les relations entre Prix du sol et prix du temps (PCM, 1965), voire votre serviteur avec le Péage sur les autoroutes et la théorie économique (Transports, 1965) qui montre qu’un péage n’est justifié que sur les autoroutes urbaines, à raison du temps perdu du fait de la congestion. Finalement, lire ce livre prend du temps mais, quand on l’a refermé, on n’a pas l’impression d’avoir perdu son temps même quand on habite dans le Quartier de l’Horloge au pied du Défenseur du temps !
Si vous n’avez pas le temps de lire ce livre, vous ne saurez pas si Bruno est INFJ ou ESTP mais vous pouvez en savoir plus sur lui en un rien de temps en lisant son interview par Alix Verdet et Pierre-René Séguin (X 73) dans la Jaune et la Rouge de mai 22. Et si j’ai fait des erreurs, au temps pour moi 😊
- Xavier Barbaro (X 96), énergéticien

Xavier entre à l’X en 96. Il y est actif à la Kès et au binet Inde espoir. Il fait une formation complémentaire à l’Ecole des ponts (99-01) puis passe 4 ans comme manager chez Neuf Telecom (2001-04) avant de partir faire un MBA à Harvard (2004-06). A son retour, il est adjoint du patron de Louis-Dreyfus Commodities puis directeur du développement de Direct Energy et enfin, en 2008, PDG de Neoen, la pépite créée par Jacques Veyrat (X 83, cf infra), qui a aujourd’hui un portefeuille de 5 G€ d’actifs énergétiques dans le monde, qu’il prévoit de doubler à moyen terme.
Xavier a reçu a obtenu en 2023 le Grand Prix des marchés boursiers Euronext pour une Opération secondaire Large Cap et le prix de l’Entrepreneur de l’année aux BFM Awards. Juste avant les dernières élections législatives, il était l’invité de Laure Closier dans Good Morning Business. Il s’est dit inquiet de l’absence des énergies renouvelables dans le programme du RN, concentré sur l’énergie nucléaire. Cher Xavier, te voilà rassuré maintenant ???
- Jean Borotra (X 20 S), tennisman

JO oblige, notre grand champion de tennis devait avoir son portrait ici ! Né à Biarritz en 1898 d’un père homme de lettres né au Mexique et d’une mère au foyer, Jean interrompt ses études au Lycée St Louis en 1916 pour s’engager dans l’armée comme canonnier. Il finit la guerre sous-lieutenant artilleur et entre à l’X en 20 dans la promo spéciale d’après-guerre. Il est embauché à la sortie par la SATAM comme ingénieur commercial, ce qui ne l’empêche pas de passer beaucoup de temps sur les courts de tennis. Surnommé le Basque bondissant, il gagne 18 tournois du Grand Chelem et fait partie, avec Jacques Brugnon, Henri Cochet et René Lacoste, des Quatre Mousquetaires qui s’illustrent en Coupe Davis dans l’entre-deux-guerres.

Jean épouse en 37 Mabel de Forest-Bischoffsheim, sulfureuse riche héritière, qui lui donne un fils et dont il divorce en 48. Il s’illustre malheureusement de manière douteuse en politique en adhérant dès 1933 aux Croix de feu et en étant commissaire général à l’éducation physique et aux sports de Vichy de 40 à 42, contribuant activement à ce titre à la politique anti-juive de Pétain. Après la guerre, il échappe curieusement à l’épuration et reçoit même le titre de déporté-résistant et la cravate de commandeur de la Légion d’honneur en 52, tout en s’affirmant ouvertement pétainiste ! Toujours vert, il remporte encore des tournois à plus de 50 ans et se remarie en 88, à 90 ans ! Il meurt en 94 à Arbonne. Il a son avenue à l’X.
- François Durvye (X 03), otiste

Né en 1983 d’un haut fonctionnaire et d’une enseignante, comme sa grande sœur Isabelle Mordant (X 92, ma lettre de janvier 24), François entre à l’X en 2003 et poursuit sa formation à l’ENSAE en 2006. Il entre en 2007 chez Schlumberger où il occupe différents postes jusqu’en 2019, en passant un an en 2014 à l’International Institute for Management Development (IMD) à Lausanne. Il passe ensuite 2 ans au BCG puis 1 an au groupe Hager. Il est nommé en 2022 DG de Otium Capital, société de placements privés créée en 2019 par Pierre-Edouard Stérin, fondateur de Smartbox, qui a actuellement 1,5 G€ sous gestion et ambitionne d’atteindre 5 G€ d’ici 2030. Il est à ce titre administrateur de nombreuses sociétés dont Jimmy, Oasis House, Quantum Genomics, Néolithe, Ligerio, Atraltech, Prosper ou Alfeor.
François a récemment défrayé la chronique avec l’annonce de la suspension brutale des négociations entreprises pour la vente de Marianne par Daniel Kretinski à P-E Stérin. Daniel Kretinski voulait vendre l’hebdo Marianne car il n’apprécie pas beaucoup la ligne éditoriale de sa directrice Natacha Polony, mais celle-ci n’apprécierait pas beaucoup les fréquentations de François, qui apparait depuis quelque temps sur les photos de l’Etat-major du Rassemblement national, aux côtés de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. François aurait-il su les convaincre, s’ils étaient arrivés au pouvoir, de ne pas distribuer ce qui n’est pas produit, comme le recommande par exemple Patrick Artus (cf infra).
- Tatiana Orlovic (X 20), écolo

Née en 1999 à Créteil, Tatiana est reçue à l’X en 2020. Eclectique, elle y trouve le temps de présider le bureau des arts, l’association Festiv’Arts d’Hiver et ApicultiX qui entretient 7 ruches sur le platâl. Elle effectue son stage dans un atelier artistique d’enfants à Marseille, s’inscrit en licence de design et arts appliqué à l’Université PSL pour son année de césure et prépare en dernière année un master de robotique. S’intéressant à l’agriculture urbaine, elle crée en 2023 Vertile (pour verticale et fertile), qui imagine un carrousel vertical à poser sur une façade, dont un prototype vient d’être inauguré à l’Agrocité, projet d’écologie urbaine participative, sis à Gennevilliers.

Vertile, dont le siège est à Bagneux (Hauts de Seine), vaut à Tatiana d’être la lauréate pour les Hauts de Seine du concours « 101 femmes entrepreneurs » en mars 2024. Bravo, chère Tatiana, tu es une véritable écologiste !
- Jacques Veyrat (X 83), investisseur

Né en 1962 à Chambéry, Jacques intègre l’X en 83. Il en sort dans les Ponts puis passe un MBA au Collège des ingénieurs. Il commence sa carrière professionnelle au CIRI (89-91). Il est ensuite secrétaire général adjoint au Club de Paris (91-93) puis conseiller technique de Bernard Bosson, ministre de l’Équipement, en même temps que Bruno Angles (X 84, voir ci-dessus). Il pantoufle en 95 chez Louis-Dreyfus Armateurs. Il en devient Directeur Général en 97 puis président de sa filiale Louis-Dreyfus Communications (LD Com), qu’il développe à coup d’acquisitions et rebaptise Neuf Telecom puis Neuf Cegetel, qu’il quitte en 2008 après sa vente à SFR. Il devient alors président de Louis Dreyfus SAS qu’il quitte en 2011 pour créer Impala, holding investissant dans la gestion d’actifs, l’industrie, le textile, la sécurité et surtout l’énergie, avec Direct Energy, qu’il vend à TotalEnergies en 2018 pour 1,9 G€, ou Neoen qui est aujourd’hui un des premiers producteurs français d’énergie renouvelable avec le plus grand parc solaire d’Europe, à Cestas (Gironde) et la plus grosse centrale de stockage au monde avec des batteries lithium-ion, en Australie. Valorisée 1,4 G€ lors de son introduction en Bourse en 2018, Neoen vient de faire l’objet d’une OPA amicale du fonds canadien Brookfield qui la valorise 6,1 G€ !
A ses moments perdus (?), aidé de ses 3 fils, Jacques trouve le temps d’être président de Fnac Darty et conseiller de KKR pour la France. Chevalier de la Légion d’honneur, il était 49ème fortune française en 2020 selon Challenges. Bravo cher Jacques, mais, comme disait Philippe de Valois, garde-toi à gauche !
- Yves Weisselberger (X 79), chauffeur

Né en 1960 à Paris, d’un père représentant de commerce et d’une mère traductrice, Yves entre à l’X en 1979. A sa sortie de Telecom Paris en 1984, il est d’abord ingénieur en système d’exploitation chez Bull. En 1989 il co-fonde avec deux camarades l’ESN Klee Group, intégrateur et conseil pour les grands comptes et le service public, employant aujourd’hui 1000 ingénieurs. En 1994 il est le co-fondateur de KDS, éditeur d’un logiciel de gestion des voyages d’affaires leader européen de sa catégorie, devenu Neo suite à son rachat par American Express. Infatigable, il crée en 2012 Snapcar, société de VTC (Voitures de Tourisme avec Chauffeur). En 2019, Snapcar décide d’opérer sous la marque Le Cab, suite à l’absorption de cette société de VTC fondée en 2012, passée entre temps entre les mains de Keolis, filiale de la SNCF.
Business Angel à ses moments perdus, Yves est père de 3 enfants et actionnaire de 50 start-ups qu’il accompagne dans leurs levées de fonds en Seed et Série A. Très éclectique, on trouve à son tableau de chasse des sociétés aussi variées que Kactus, leader français des technologies dédiées à l’événementiel, Beyond Aero concepteur d’un avion d’affaires à hydrogène ou encore Mayday qui révolutionne le service client grâce à l’intelligence artificielle.
Poursuivant sa politique de croissance externe, Yves vient d’annoncer fin mai le rachat de son concurrent Marcel, créé en 2014, ce qui lui permet d’afficher 18.000 voitures et un million d’utilisateurs dans 65 villes de France. Son objectif avoué est de concurrencer Uber et les taxis traditionnels. Bon courage, cher Yves. Espérons que tu n’auras pas le sort de la grenouille de la fable !
*** PETITS POTINS ***

Gérard Araud (X 73, ma lettre numéro 1), ancien ambassadeur de France en Israël et aux Nations Unies, vient d’être élu président de la prestigieuse société des Amis du Louvre en remplacement de Louis-Antoine Prat dont le portrait d’un marchand dénommé Nicky Schwarz dans un ouvrage récent (Bien trop près du feu. Et autres nouvelles) avait suscité une polémique.
Bernard Arnault (X 69), PDG de LVMH, n’a pas, contrairement aux années précédentes, financé le gala annuel des anciens de Sciences Po qui avait lieu le 14 juin. Il n’a pas voulu associer le nom de son groupe à une institution qui a défrayé la chronique au cours des derniers mois par ses manifestations anti-israéliennes. Voilà qui confirme qu’il n’a rien à voir avec son homonyme Raphaël, chef de la Jeune Garde, qui vient d’être élu sous la bannière LFI avec 55 % des voix dans le Vaucluse !

Patrick Artus (X 70, ma lettre d’avril 22) met l’accent sur les risques de dégradation de l’attractivité de l’économie française dans Quelle France en 2050 ? (Odile Jacob, 2024, 216 p). Dans ce livre écrit avec Marie-Paule Virard et sous-titré Face aux grands défis en France et dans le monde, il nous enjoint de relever six défis majeurs : le vieillissement démographique, la fragmentation du monde, la transition énergétique, le réarmement industriel, la bataille de l’épargne et le passage d’une économie d’abondance à une économie de rareté. Pour lui, rien ne serait pire que de stimuler la demande en distribuant du pouvoir d’achat, ce qui semble malheureusement être au programme des deux partis qui se partagent les faveurs des Français…

Sébastien Bohler (X 92, ma lettre de juin 23), neurobiologiste,rédacteur en chef de la revue Cerveau & Psycho et ancien chroniqueur sur France Inter et sur Arte, fait un exposé le 26 septembre à l’Institut du cerveau sur le thème : notre cerveau nous pousse-t-il à détruire la planète ? Pour en savoir plus sur cette contradiction, cliquez sur ce lien et donnez un peu d’argent à l’ICM. Votre cerveau vous en sera reconnaissant !

Elisabeth Borne (X 81, ma lettre de mai 22), ancienne première ministre, candidate aux législatives dans la circonscription de Vire (Calvados), qui avait obtenu 29 % des voix au premier tour derrière le RN Nicolas Calbrix (36 %), a été élue au second tour avec plus de 56 % des voix grâce au désistement du LFI Noé Gauchard (23 %). Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, elle est promue au grade de Commandeur de la Légion d’Honneur dans la promotion du 14 juillet. Toutes nos félicitations, chère Elisabeth, mais, comme je le recommande à Jacques Veyrat (cf supra), garde-toi à gauche !

François Charbonnier (X 07), spécialiste du financement de la cybersécurité et des nouvelles technologies, vient de publier Le souffle du soleil, un roman d’anticipation lié au thème des éruptions solaires (L’ombre rouge, 2024, 378 p.). Une tempête solaire d’exception provoque sur la Terre une gigantesque panne électrique : Internet, téléphone, télévision, voitures, trains, avions, GPS, éclairage, plus rien ne fonctionne ! L’ombre rouge est une petite maison d’édition située au cœur de la galerie d’art de Thierry Schwab (X 66, ma lettre de septembre 23).
Benoit Coeuré (X 87, ma lettre d’avril 22) , président de l’Autorité de la Concurrence, appelle à la vigilance sur le marché de l’IA dans un avis publié le 28 juin qui met en garde contre la multiplicité des pratiques anticoncurrentielles qui menacent cette jeune industrie et risquent, eu égard aux énormes barrières financières à l’entrée, de conduire à une répétition de l’histoire des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).

Caroline Cohen (D 14), chercheuse au LadHyX, sort en collaboration avec Christophe Clanet, Marc Fermigier et David Quéré, Physique Olympique, les sports expliqués par la science (Albin Michel, 240 p). Elle nous y répond à des questions comme : Peut-on soulever trois fois son propre poids ? Est-il possible d’aller à 100 km/h sur l’eau ? Quelles sont les lois de la performance sportive ? …

Antoine Compagnon (X 70, ma lettre de mars 22) a fait une conférence le 30 avril sur Les chaires scientifiques au XIXe siècle au Collège de France, à l’occasion d’une belle exposition scientifique intitulée, JO oblige, A bras le corps ! Cette expo, où on pouvait voir un diapason prêté par le Mus’X, s’est hélas terminée le 12 juillet mais vous pouvez lire les articles d’Antoine Compagnon sur Le Collège de France et les X dans les numéros 796 et 797 de la Jaune et la Rouge.

Bernard Esambert (X 54, ma lettre de mars 22), homme d’influence, président de l’Institut Georges Pompidou, ancien président du conseil d’administration de l’X (1985-93), qui vient de fêter ses 90 ans, est promu au grade de Grand-Croix de la Légion d’Honneur dans la promotion du 14 juillet. Bon anniversaire et toutes nos félicitations !
Pierre-Louis de Guillebon (X 85), directeur d’Orange Events, partenaire des Jeux Olympiques, est en charge de la connectivité des sites des JO et de la transmission des images des différentes épreuves qui convergeront de toute la France dans l’IBC (International Broadcast Center) installé dans un site de 48.000 m2 au Bourget, près du Musée de l’aéronautique et de l’espace. Espérons qu’il n’y aura pas de bug !
Valérie Faudon (X 84), DG de la SFEN (Société française de l’Energie Nucléaire), s’inquiète des conséquences de la dissolution sur l’avenir de nos programmes de construction de centrales nucléaires. Voilà sans doute quelqu’un qui, contrairement à Xavier Barbaro (X 96, cf supra), regrette le mauvais score du RN ?

Simon Henochsberg (X 12) annonce qu’Eramet, dont il est directeur de la stratégie, est en passe de devenir le premier producteur de lithium européen, grâce à son usine qui vient d’être inaugurée à Salta, dans le Nord-Ouest de l’Argentine, à 4.000 m d’altitude. Cerise sur le gâteau, cette usine utilise un procédé breveté d’extraction directe qui consomme beaucoup moins d’eau et a un meilleur rendement que les méthodes traditionnelles.

Franck Huiban (X 94), ingénieur des mines, directeur des programmes civils d’Arianespace, se réjouit du succès du vol inaugural d’Ariane 6 qui intervient avec 4 ans de retard, un an après le dernier vol d’Ariane 5. Grâce au nouveau BAL (bâtiment d’assemblage des lanceurs), il escompte pouvoir faire à terme 2 lancements par mois. Pour l’instant, il faudra se contenter de 2 lancements par an. Pendant ce temps, Elon Musk, dont les fusées sont réutilisables, enchaîne 2 lancements par semaine !!!

Patrick Kron (X 73), président d’Imerys, peut se féliciter que son projet de mine de lithium à Echassières (Allier) vienne d’être classé Projet national majeur par décret paru au JO juste avant le deuxième tour des élections. Ce classement permettra à Emili (Exploitation de Mica Lithinifère) de bénéficier de procédures administratives accélérées. Espérons que le débat public sur les impacts environnementaux et socio-économiques de ce projet « bas-carbone », qui recyclera 90 % de l’eau utilisée, n’aboutira pas, comme cela arrive souvent chez nous, à un blocage par une minorité agissante.

Roland Lescure (X 87), ministre de l’industrie sortant, candidat Renaissance, a été élu au second tour comme représentant des Français de l’étranger en Amérique du Nord, avec 54 % des voix contre 46 % pour le NFP Oussama Laraichi. Il se dit prêt à travailler avec des républicains des deux bords, même avec des LFI, pour avancer sur une démarche de compromis et éviter d’avoir Madame Le Pen à l’Élysée dans trois ans. Alors, tu préfères Mélenchon peut-être ?

Patrick Pouyanné (X 83), président de TotalEnergies, qui vient de fêter ses cent ans, a expliqué à la commission d’enquête du Sénat que l’accord de Paris, qui implique l’abandon progressif des énergies fossiles, n’est pas réaliste car l’intermittence des EnR doit être compensée par des énergies plus disponibles comme le pétrole ou plus flexibles comme le gaz naturel, même si elles sont fortement émettrices d’émissions de gaz à effet de serre. La solution préconisée par la commission d’enquête : l’entrée de l’État dans le capital de Total. Bon sang, mais c’est bien sûr !

Jean-Eric Schoettl (X 67, ma lettre de juin 22), ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, s’associe avec le professeur Jean-Pierre Camby pour comparer la situation dans laquelle Macron a plongé la France au problème des trois corps dont on sait, depuis Henri Poincaré (X 1873), que la solution peut être erratique. Dans Trois corps, trois astres, trois blocs, un ticket pour le chaos ! JES ne se réfère toutefois pas à Henri Poincaré (X 1873) mais à Liu Cixin, un écrivain chinois de SF contemporain ! Quoi qu’il en soit, il recommande à Macron de nommer une personnalité « expérimentée, détachée des enjeux partisans, dévouée au bien public et d’une forte stature intellectuelle et morale ». Espérons qu’il trouvera mieux que le général Gaëtan Grimaudet de Rochebouët (X 1831) qui, à la suite de la dissolution de l’assemblée par MacMahon en 1877, a été nommé à la tête d’un gouvernement technique qui a duré 3 semaines…

Jean Tirole (X 73), prix Nobel d’économie, décrypte dans une tribune de La dépêche les risques que font peser sur l’économie française certaines des mesures phares de LFI et du RN. Il leur reproche notamment de vouloir donner du pouvoir d’achat aux Français tout en défavorisant la création de richesse. Ainsi, revenir sur la réforme des retraites, déjà insuffisante 2 ans après, est une folie. Malheureusement, les Français semblent aimer les fous.
*** PETITS POULETS ***
Bonsoir Hubert, Toujours intéressante ta rubrique qui fait passer un très bon moment ! … Philippe Bonnamy (X 61). Merci HLL
Je partage pleinement votre avis sur les personnes que vous citez, notamment Nathalie Charles que je connais bien. Ces personnes d’exception ont ennobli l’X… Bien à vous. Daniel Cohen, coach de dirigeants et d’équipes de direction.
Merci, cher Hubert pour m’avoir cité à nouveau. Tu as sûrement consacré une fiche à Maurice Lauré, l’inventeur de la TVA, Pourrais-tu avoir la gentillesse de me la renvoyer ?
Très amicalement et bravo pour cette initiative ! Peux tu me renvoyer aussi la mienne ? Christian Gérondeau (X 57). Lauré était dans ma lettre de nov 22. La tienne en avril 22. Amitiés. HLL
Excellent, comme toujours. Deux petites remarques : Giscard est X44, pas X45 (deux occurrences). A propos de Jean-Eric Schoettl, voici un article qui fait la transition entre Patrick Sayer et lui.). Olivier Herz (X 79). Merci. J’ai aussitôt rectifié pour Giscard et complété pour Schoettl. HLL
Cher Hubert, 1) Suite à ta dernière lettre Xtraor, suis retombé sur le nom de Froissart (X 53), [dans le portrait de Philippe Roqueplo (X 45)] et en surfant ai trouvé l’hommage que tu lui rends. Très sympa cet hommage. 2) le rabbin Korsia n’a pas trois thèses (!), tu as dédoublé la seconde, qui est une thèse de 2017 à l’université Paris-Saclay « préparée à l’X » (à l’époque où l’X ne s’était pas encore séparée de l’UPS, divorce très dommageable, pour se mettre dans un improbable IPP), et qui fait de lui un D17. Tu peux le vérifier ici. 3) je ne suis pas sûr qu’avoir « contribué à la réussite de l’OPA de Mittal Steel sur Arcelor » soit Xtraordinaire ; surtout pour un corpsard des Mines, compte tenu du poids historique et de l’attachement qu’a eus ce corps pour établir et maintenir, à partir de 1820 et pendant 180 ans, une sidérurgie française. Bien à toi, Alexandre Moatti (X 78). Merci de ta lecture minutieuse. 1) Effectivement, j’ai écrit la notice nécrologique de Froissart : un physicien dans son siècle (la Jaune et la Rouge juin/juillet 2016) en mentionnant qu’il était à l’origine de l’Appel des 400 physiciens contre le développement de l’énergie nucléaire civile en France… 2) J’ai rectifié pour Korsia. 3) Xtraordinaire n’est pas un jugement de valeur ! HLL
Bonjour Hubert, Bravo et merci pour cette lettre et pour la belle surprise – un article sur Haïm Korsia ! Amicalement, Gala Vinogradova (D 14).
Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !
Merci d’avance, bonne fête Nationale et bon été si c’est possible !
Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur de X Sursaut 😪 😪 😪
Bonjour cher ami et merci de m’envoyer si régulièrement ces portraits d’Xtraordinaires dans lesquels je retrouve parfois de mes anciens élèves!!!
Il est toujours intéressant de « voir » le parcours d’es uns (unes) et des autres…
Bon 14 juillet! Nous aurons l’après midi à 16h00 le traditionnel hommage rendu à Louis Vaneau au cimetière du Montparnasse. Les élèves présents – 280 l’an passé – y chanteront l’Ode à Vaneau après une allocution du GénéK 2022.
Bon été.
p. Holiner
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Bonsoir Hubert,
Quelques compléments d’information sur Borotra que j’ai côtoyé les dix ou douze dernières années de sa vie dans le même club de tennis ( Tennis Club de Paris). Je ne sais pas si son engagement petainiste était sincère ou opportuniste. Je pencherais plutôt pour la seconde hypothèse, l’homme, au demeurant peu chaleureux, m’étant très vite semblé animé par un sens développé de ses propres intérêts. Cela dit, il est vrai qu’il avait viré sa cuti au bon moment, ce qui lui valut d’etre arrêté et deporte en Allemagne après avoir été dénonce par… sa femme, soutenu par son fils! Il nourrissait une haine ( compréhensible) à leur égard dont il ne faisait pas mystère et il s’est marié très peu d’années avant son décès dans le seul but qu’aucun de ses biens ne leur parvienne ( il s’en était ouvert à l’un de mes amis, à l’époque Président du club, ancien joueur de Coupe Davis lui aussi et dont il était proche).
Je pense que c’est sa qualité ministérielle et sans doute aussi sa réputation sportive mondiale qui lui avaient évité le camp de concentration au profit, si l’on peut dire, d’une détention dans un château prison où il côtoyait d’autres VIP européens peut être plus otages qu’autre chose. Il n’en demeure pas moins qu’ils y étaient gardés par des SS de plus en plus menaçants au fur et à mesure de l’approche des Alliés… et Borotra y a joué un rôle peu banal dans les derniers jours de la guerre. Pour raccourcir une longue histoire que j’ai lue je ne sais où, il y était le seul dont la condition physique lui permettait une évasion très sportive habilement réussie et à la suite de laquelle il avait rejoint les Américains et avait pu les informer de la situation précaire de ses co-detenus. Les Americains qui venaient de capturer des troupes allemandes ont immédiatement envoyé un détachement essentiellement constitué d’Allemands (!!!!) pas mécontents de pouvoir régler leurs comptes à des planqués de surcroît SS et c’est à cette troupe étrange que les SS en question se sont rendus sans combattre et que les prisonniers ont été libérés.
J’ai, en revanche bien connu et joué avec Leprince-Ringuet qui un peu plus jeune que Borotra lui servait de sparing partner à l’X (incidemment le court de tennis de la rue Descartes avait été construit pour Borotra). Leprince Ringuet n’avait d’ailleurs pas une grande amitié pour lui ( dont il était très jaloux) ce qui m’a valu les deux anecdotes suivantes: la première qu’il a également racontée dans son discours d’admission à l’Academie française, avait eu lieu au cours d’un exam-ge où Leprince-Ringuet , revêtu de l’uniforme de Borotra(avec ses décorations!) l’avait clandestinement remplacé, l’autre étant parti, tout aussi clandestinement, disputer un tournoi en Belgique. LR n’ayant, volontairement ou pas, pas particulièrement brillé en math, l’examinateur lui avait fait la remarque : « Ah Borotra dommage que vous ne soyez pas aussi bon en math qu’au tennis »
La seconde anecdote plus personnelle est une réponse que m’avait faite LR a la sortie d’un court de tennis ou après m’avoir remercié il avait insisté sur la (prétendue) difficulté qu’il avait à son âge pour trouver des partenaires ( en fait à un peu plus de quatre vingts ans, et n’ayant jamais fait quoi que ce soit de nature à l’user prématurément,il courait encore comme un lapin et avait encore un niveau de joueur classe). Et comme je lui disais qu’il pouvait toujours jouer avec Borotra très présent au club il m’avait dit très sur de lui: « non, je n’aime pas jouer avec lui, il a un tennis de vieux!)😀
Encore merci de ta lettre périodique et amitiés
Philippe Bonnamy (X 61)
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