Portraits de polytechniciens Xtraordinaires #41

« Il ne suffit pas d’entrer à l’X pour sortir de l’ordinaire »

Voici, de Bernard Cazelles (X 31) à Pierre et Olivier Le Blainvaux (X 06), mes nouveaux portraits de polytechniciens Xtraordinaires et, de Jacques Attali (X 63) à Rolland Russier (X 67), mes petits potins du mois écoulé.

*** PETITS PORTRAITS ***

  • Bernard Cazelles (X 31), limogé
Bernard Cazelles

Né en 1910, Bernard entre à l’X en 31 et en sort dans l’artillerie. Il passe de nombreuses années au Maroc puis en Algérie. Il est chef du cabinet militaire de Messmer aux Armées en 1960. Promu général de brigade en 1961, il est nommé commandant de l’X en 1962 en remplacement du général Tissier (X 27) qui a été limogé du fait d’une manifestation des élèves de l’X lors d’une visite officielle des élèves de Saint-Cyr, qui n’a pas plu au général de Gaulle. Il est ensuite major général de l’Armée de terre (1966-69), éphémère secrétaire général de la Défense nationale (1969-70), en raison de l’affaire des Vedettes de Cherbourg, comme expliqué ci-dessous et éphémère président de l’AX (1975), en raison du projet de déménagement de l’X, comme expliqué dans la lettre de Jean-Pierre Bégon-Lours (X 62) in fine. Il est mort en 1991.

A noter que, comme son prédécesseur, le général Cazelles a été victime de l’irascibilité du successeur de de Gaulle, qui l’a injustement fait limoger, de même que le préfet maritime de Cherbourg et l’ingénieur général Louis Bonte (X 27), directeur des affaires internationales à la DGA, à la suite de l’affaire des vedettes de Cherbourg, parties subrepticement en Israël la nuit de Noël 1969 malgré l’embargo décidé par la France en 1967 juste avant la guerre des 6 jours, encore en vigueur. A l’époque, la France était le principal fournisseur d’armes d’Israël qui a depuis lors veillé à diversifier ses sources d’approvisionnement et à développer sa propre industrie d’armement, ce qui fait que les rodomontades de Macron de 2024 n’ont pas eu beaucoup d’effet, même s’il ne s’est pas grandi avec les affaires Eurosatory et Euronaval. Voir plus bas le potin de Henri Cukierman (X 64).

Robert Dautray (X 49), atomiste

Robert est né en 1928 de Esther Mouschkat et de Mordechai Kouchelevitz, fraichement arrivés d’Ukraine pour échapper aux pogroms anti-juifs, mais on n’échappe pas à son sort : Mordechai est arrêté en 42 par la police française, envoyé au Vel d’Hiv en bus TCRP (l’ancienne RATP) puis à Auschwitz via Drancy en wagons SNCF. Il n’en revient pas. Caché chez des bergers du Gard avec sa maman et sa grande sœur pour échapper aux nazis et à leurs sbires, Robert se forme au métier de berger et étudie chez lui en autodidacte, faute de pouvoir aller à l’école. Mettant les bouchées doubles après la guerre, il entre major en 1945 aux Arts et Métiers où ses maitres l’encouragent à se présenter à l’X l’X en 1949 en candidat libre. Il en sort major dans le corps des Mines qui accepte de le détacher en 1967 au service de physique mathématique du CEA en application du décret Suquet. Il y est rapidement nommé directeur scientifique de la Direction des applications militaires (DAM). Il s’y occupe notamment, avec Michel Carayol (X 54), ingénieur de l’Armement, de valider les calculs aboutissant à notre premier essai de bombe H en 1968 à Fangataufa (Polynésie française). Il s’occupe également du développement des applications civiles de l’atome.

Robert est élu à l’Académie des sciences en 1977. Il quitte le CEA en 1993 pour être nommé Haut-commissaire à l’énergie atomique (1993-98). Il raconte sa vie dans Mémoires, du Vel d’Hiv à la bombe H (Odile Jacob, 2007), que Bernard Esambert (X 54) a commenté à sa façon dans la Jaune et la Rouge de juin/juillet 2007 : vive l’Ecole polytechnique, le destin de Robert Dautray.

Robert est mort en 2023. A l’occasion du premier anniversaire de sa mort, l’académie des Sciences et l’académie des Technologies, dont il était également membre, organisent un colloque à sa mémoire, le 19 novembre à partir de 9 h 30, dans les locaux du quai Conti. Cliquez ici pour vous inscrire.

  • Marko Erman (X 75), thalesiste,
Marko Erman

Marko entre à l’X en 1975 et poursuit sa formation avec un master en ingénierie à Télécom Paris, une thèse de 3ème cycle à Paris-Saclay (1982) et un doctorat ès sciences en physique quantique à l’Université Pierre et Marie Curie (1985). Muni de ces impressionnantes peaux d’ânes, Marko débute sa vie active chez Philips comme cadre puis directeur de la Division recherche exploratoire (1985-88) puis responsable de la recherche médicale (1988-91). Il passe ensuite 12 ans chez Alcatel comme patron de la recherche opto-électronique puis vice-président d’Alcatel Optronics (1991-2003). Il est chez Thales depuis 21 ans avec pour mission initiale de cartographier les technologies maîtrisées par Thales, afin qu’elles soient considérées comme un bien commun. Successivement directeur technique puis directeur scientifique, Marko nous dit : ma conviction est que l’innovation et la technologie sont de formidables accélérateurs de compétitivité et de croissance. L’innovation, c’est réunir des talents et des compétences variés… Notre ambition chez Thales est de rendre notre monde meilleur et plus sûr

Marko est titulaire de 17 brevets et a publié plus de 150 articles dans des revues techniques internationales. Il est membre de l’Académie des technologies, créée en 2000 par essaimage de l’Académie des sciences. Félicitations, cher Marko, puisses-tu faire part à notre nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau de tes méthodes pour rendre la France plus sûre !

  • Jacques Garaïalde (X 76), philanthrope
Jacques Garaialde

Né en 1956 à Versailles dans une famille de golfeurs basques professionnels, qui venait de s’exiler de Ciboure pour se rapprocher de La Boulie (pour nos camarades golfeurs !), Jacques passe son bac et fait sa prépa au Lycée Hoche. Il entre à l’X en 1976 et poursuit sa formation à l’INSEAD (MBA 82). Il rejoint alors le BCG à Paris comme conseil en stratégie d’entreprise. Il y travaille 18 ans pour y devenir senior partner, directeur France et Italie. En 2000, il déménage à Londres pour prendre en charge le fonds européen de Capital Risque de Carlyle. En 2003, il rejoint KKR comme Membre et Managing director dans l’equipe européenne, toujours à Londres. Il est conseil indépendant depuis 2017 mais ne chôme pas. Jugez-en !

Grand philanthrope devant l’Eternel, Jacques est membre du Collège des Fondateurs et Grand donateur de la Fondation de l’X (Club Monge Diamant). Il a créé l’Ecole polytechnique Charitable trust pour étendre l’action de la FX aux résidents fiscaux du Royaume-Uni. Il a aussi créé en 2017 un fonds de recherche dans le cadre de l’INSEAD pour étudier la dynamique, les causes et les conséquences des inégalités de revenus et de richesse. Très attaché à ses origines basques, bien que maintenant résident en Suisse, il a co-créé une initiative d’aide aux jeunes du Pays Basque visant à les informer, les motiver et les aider financièrement pour continuer leurs études après le bac. Cette initiative s’étend progressivement à l’ensemble des Territoires ruraux français, devenant la Fondation des Territoires aux Grandes Ecoles. Il a aussi pris en 2020 la présidence d’un fonds de prêts d’honneur créé par l’ESTIA pour aider au financement de start-ups basques locales. Il est également donateur de l’Institut du Cerveau, du Musée du Louvre et de différentes autres causes….Et il vient de renouveler son appui au projet HPC@Maths lancé par l’X en 2016 pour développer des outils mathématiques innovants et des méthodes numériques de nouvelle génération pour la simulation de phénomènes physiques complexes.

Marié, père de 3 garçons, heureux grand-père, amateur d’opéras et de golf, Jacques est aussi business angel auprès de nombreuses start-ups, dont Polytechnique Ventures et Technofounders (voir plus bas Le Blainvaux). Félicitations, cher Jacques, continue à investir pour l’avenir !

  •  Joseph Haddad (X 80), décodeur
Joseph Haddad

Joseph entre à l’X en 1980 et poursuit sa formation à Télécom Paris. Il fonde en 1987 une société de logiciels qu’il vend en 1990 à IBM. Il passe alors 2 ans aux USA et devient business angel avec J2H. Infatigable, il fonde en 1996 avec Olivier Guillaumin (X 80) et Marc Bury (X 82) la société Netgem, d’abord fabricant de box internet et de décodeurs, maintenant créateur et diffuseur de services audiovisuels à forte valeur ajoutée, cotée en bourse sur Euronext C, dont la raison d’être est apporter des solutions de divertissement convergentes, unifiées, innovantes et de qualité aux opérateurs télécom.

Joseph est encore principal actionnaire et président de Netgem et de sa filiale Video Futur mais a passé en 2019 la direction générale du groupe à Mathias Hautefort (X 87).

Joseph est le fils de Jacques Haddad, né en 1928 et l’heureux père de Benjamin Haddad, né en 1985, HEC 2011, élu député de Paris en 2022 et 2024, qui vient d’être nommé ministre de l’Europe (voir plus bas le potin de Olivier Herz (X 79).

PS Contrairement aux centaines de camarades dont j’ai fait le portrait depuis 3 ans, consulté sur mon projet, Joseph a manifesté son hostilité à sa diffusion, tout en admettant que ce que j’ai écrit est « public et factuellement exact ».  Je n’y divulgue aucun secret et ne puis donc me plier à ce souhait.

  • Katia Jodogne del Litto (X 18), scientiste
Katia Jodogne del Litto

Après des études secondaires au lycée Faidherbe (Lille) où elle obtient à la fois son bac et son abitur (bac allemand), Katia fait une prépa MPSI-MP à Louis le Grand tout en passant une licence en droit en Sorbonne. Elle entre à l’X en 2018 où elle chiade l’escalade et l’épicerie solidaire, en tant que secrétaire du binet ELSE. Elle part ensuite à Polytechnique Montréal pour passer une maitrise de recherche en génie informatique sur la détection et la segmentation d’objets en temps réel via des approximations. A peine sa maitrise obtenue, ses compétences font qu’elle est embauchée par l’Inspection générale des Finances pour être scientiste en données (data scientist en français). Nul doute que Catherine Sueur (X 96), patronne de l’IGF, comprend mieux ses papiers sur la Fondation d’une théorie écologique de l’intelligence artificielle dans l’évolution humaine (2021) ou sur la Segmentation d’instance en temps réel avec des polygones (2023) qu’un énarque moyen passé par Sciences Po, surtout dans les années récentes. Malheur aux fraudeurs dont elle saura dévoiler les tricheries en passant leurs comptes à la moulinette de ses algorithmes d’IA. Bon courage, chère Katia, puisses-tu aider notre ministre de l’Economie Antoine Armand à trouver des économies intelligentes pour nous éviter d’avoir à accueillir bientôt une équipe du FMI…

PS. Au moment de diffuser cette lettre, j’ai reçu un message de Katia, disant qu’elle ne souhaitait pas que ce portrait élogieux (probablement trop élogieux, dit-elle), soit diffusé. Comme pour Joseph Haddad ci-dessus, je ne divulgue aucun secret et ne puis donc me plier à ce souhait.

  • Pierre et Olivier Le Blainvaux (X 06), technofondateurs
Pierre Le Blainvaux
Olivier Le Blainvaux

Après un MS à Columbia et 3 ans chez McKinsey, Pierre crée en 2014 avec son jumeau Olivier (X 06) et Yves Matton (X 06) la société Technofounders, qui se présente comme un « startup studio » destiné aider à la création de jeunes sociétés technologiques, à leur financement et à leur accélération. Pierre est président alors qu’Olivier se borne au rôle de consultant. Appuyés par la BPI, ils ont contribué à lancer une quinzaine de sociétés (Cerbair, Digeiz, Stimuli, Nodia, Plazsana, UV Boosting, Néofarm, Bliss Ecospray, Bioinspir, Bioprotection, Hiqute, Ion-X) dans des domaines aussi variés que la santé, l’agriculture, la chimie, l’espace, l’énergie, l’intelligence artificielle, avec un taux enviable de 80 % de succès, comme Bioinspir, qui produit des ingrédients verts pour la cosmétique, qui a valu à Pierre le premier Prix Patrick Fauconnier de Challenges l’année dernière. Et ils ne se bornent pas à injecter de l’argent dans leurs start-ups mais ils mettent à leur disposition des équipes qui gèrent tous les aspects administratifs, financiers, juridiques, la communication et le marketing jusqu’à ce qu’ils considèrent que leurs bébés soient à même de vivre de leurs propres ailes. Lancé en 2017, le fonds TF Participations I vient d’être clos avec 30 M€. Vous pouvez souscrire au fonds TF Participations II dont l’objectif est de lever 100 M€Bravo les zéro-six, continuez jusqu’à six chiffres !

*** PETITS POTINS ***

Jacques Attali (X 63) sort son 88ème livre : Histoire et avenir des villes (Flammarion 2024). Il y explique qu’il existe une ville habitée depuis dix mille ans, que l’Atlantide a sans doute vraiment existé, qu’il y avait des systèmes d’égouts et des salles de bains avec de l’eau chaude dans une ville d’Orient il y a quatre mille ans, qu’il existait des ascenseurs au Moyen Âge, que 4 milliards d’humains s’entassent sur moins de 3 % des terres émergées et que demain, si on n’applique pas douze principes simples, beaucoup de villes, où vivront les deux tiers de l’humanité, ne seront plus que des déserts ou des prisons à ciel ouvert. Mais le premier principe est sans nul doute le freinage de la démentielle explosion démographique de certaines parties de l’humanité !

Olivier Coste (X 86), ingénieur des Mines, entrepreneur à New York, ancien membre de cabinet du cabinet de Lionel Jospin à Matignon en charge de sujets industriels, vient de sortir L’Europe, la Tech et la Guerre (Amazon, 290 p.). Dans ce livre qui a eu le prix Strasser de l’Académie des Sciences Morales et Politiques en 2013, Olivier constate que le monde connait une troisième révolution industrielle, celle des technologies de l’information et de la communication, la Tech, et que l’Europe a décroché du peloton. La troisième révolution industrielle se passe aux Etats-Unis et en Chine. Investissant dans la Tech 5 fois moins que les Etats-Unis ou la Chine, l’Europe se met hors-jeu. Il n’y a pas de Google ni de Microsoft ni de Huawei européen. Pour Olivier, le principal frein est le droit européen des restructurations. L’Europe continentale punit la prise de risque. Elle bloque les projets innovants et risqués, moteurs de cette révolution industrielle. Elle anesthésie l’innovation de rupture.

Après ce constat sans concession, Olivier énonce une liste de recommandations de ce qu’il conviendrait de faire pour revenir dans la course. Cliquez ici pour plus de détails.

Henri Cukierman

Henri Cukierman (X 64), président de la Chambre de commerce France-Israël, se réjouit de la décision du Tribunal de commerce de Paris, présidé par Patrick Sayer (X 77, ma lettre de novembre 23), d’ordonner aux organisateurs du salon Euronaval, comme il l’avait fait en juin dernier pour Eurosatory,  de suspendre l’exécution des mesures adoptées à l’encontre des sociétés israéliennes exposantes dont les stands ont été prohibés au Salon Euronaval 2024. Le tribunal n’a pas été dupe du double langage macronien selon lequel il n’a jamais été question d’interdire la participation des entreprises israéliennes à des salons commerciaux en France. Les entreprises israéliennes qui le souhaitent pourront évidemment accéder à Euronaval… ».

Alain Finkielkraut, de l’Académie française, professeur d’Histoire des idées à l’X pendant un quart de siècle (1989-2014), défenseur d’une école qui allie transmission et émancipation, d’une université qui préserve la liberté de la recherche contre l’idéologie et d’une société respectueuse de la liberté de conscience, publie La modernité à contre-courant. Il y regroupe des articles qu’il a écrits depuis près de 4 décennies et 7 livres dont 5 entretiens : Nous autres modernesL’Humanité perdueLes Battements du monde (avec Peter Sloterdijk), Le Livre et les livres (avec Benny Lévy), En terrain miné (avec Élisabeth de Fontenay), L’Ingratitude (avec Antoine Robitaille), L’Explication (avec Alain Badiou). Bouquins, 2024, 1152 p.

Christian Gerondeau (c) F.Froger Z9 France Soir

Christian Gérondeau (X 57, ma lettre d’avril 22), ancien président de la Caisse nationale des monuments historiques, pense que Rachida Dati, ministre de la Culture, a raison de vouloir faire payer l’entrée à Notre-Dame de Paris, à la fois pour financer les travaux d’entretien et pour limiter le nombre de visiteurs. Ceux qui viennent prier n’en seraient pas exonérés. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, est farouchement opposé à cette mesure qui serait, d’après certains juristes, contraire à la loi de 1905. Auteur de La Vérité des prix (Seuil, 1975), je suis partagé !

Olga Givernet

Olga Givernet (M 24), ministre déléguée chargée de l’énergie, qui vient de passer sa thèse le 7 octobre, travaille activement, avec Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, à la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie), notre feuille de route pour aller vers la neutralité carbone en 2050. Notre dépendance aux énergies fossiles diminuerait de moitié, passant de 59 % en 2022 à 30 % en 2035. Cette réduction profiterait un peu à l’électricité (de 27 à 39 %) mais surtout aux renouvelables qui doubleraient (de 14 à 30 %). Attendez-vous donc à avoir bientôt une éolienne sous vos fenêtres, où que vous soyez !

Olivier Herz

Olivier Herz (X 79) me fait remarquer que notre gouvernement a non seulement un fils d’X : Benjamin Haddad, ministre de l’Europe, fils de Joseph Haddad (X 80) mais aussi un arrière-petit-fils : Antoine Armand, ministre de l’économie, arrière-petit-fils de Louis Armand (X 24), qui illustre l’annuaire 2024, auteur avec Jacques Rueff (X 19S) d’un important rapport sur les obstacles à l’expansion économique (1959), et une toute fraiche Master de l’X : Olga Givernet (M 24, voir ci-dessus). Merci Olivier et bravo Olga !

Eric Labaye

Eric Labaye (X 80), ancien président de l’X, actuel président du comité de surveillance de France 2030, explique dans News Tank les critères essentiels que doivent respecter les investissements pour l’avenir : fort degré d’ambition et quantification claire de l’impact, alignement des priorités françaises et européennes, focalisation sur le développement des écosystèmes, effet de levier sur le financement privé, rapidité d’instruction des projets, cohérence de la vision stratégique de la France au travers des plans d’investissement. Vaste programme !

Roland Lescure

Roland Lescure (X 87), ancien ministre de l’Industrie, membre du Cercle des ministres disparus (ma lettre d’octobre), néanmoins rescapé de la navrante dissolution macronienne et consolé avec une des 7 vice-présidences de l’Assemblée nationale, invente un néologisme pour décrire son positionnement dans le socle dit commun aux groupes LR, EPR et Modem : la majopposition. Résultat : une vice-présidence qui devait revenir à la droite a été attribuée à une députée LFI ; idem pour la présidence de la Commission des affaires économiques ! Félicitations !!

Franck Lirzin (X 03), ingénieur des Mines, directeur à la SNCF, auteur de plusieurs livres sérieux dont Marseille, itinéraire d’une rebelle (Aube, 2013) ou Paris face au changement climatique (Aube, 2022, déjà réédité en format poche), sort Quand un arbre raconte le monde (Aube, 2024) où il donne la parole à Robinier 1er, un faux acacia qui observe silencieusement les passants, tous indifférents, sauf une jeune fille, Sixtine, qui prend le temps de le regarder, de l’écouter. Grâce à ce regard, l’arbre franchit l’interdit et lui raconte son histoire. À travers le récit de Robinier, nous découvrons un voyage extraordinaire, de sa naissance comme simple graine sur des terres lointaines aux forêts vénérées des Indiens d’Amérique, en passant par les conflits entre Européens et autochtones, jusqu’à son arrivée à Paris, où il se dresse sur le square René Viviani, à côté de Saint Julien le Pauvre, face à Notre-Dame dont il connait peut-être le nom des incendiaires.

Pauline Rossi (HEC 08), chercheuse au CREST, professeur au département d’économie de l’X, nominée au prix du meilleur jeune économiste 2023 avec Pierre Boyer (prix Malinvaud 2017), explique sur France Culture avec Maxime Sbaihi, auteur de Le Grand vieillissement (Observatoire, 2022) que la démographie influence tous les pans de notre société, interroge l’actualité, nos modèles économiques et sociaux, et constate que les media n’en parlent pourtant presque jamais. Alors que le régime démographique mondial est en plein bouleversement, quels défis sont à relever, tant en Europe qui est en plein hiver démographique, France comprise, avec ses conséquences pas seulement sur nos régimes de retraite, qu’en Afrique dont il est de bon ton de considérer comme une donnée intangible la dramatique explosion démographique, avec ses conséquences sur les phénomènes migratoires qu’on n’a qu’entre-aperçues à ce jour, prophétisées par Jean Raspail il y a un demi-siècle (Le camp des Saints, Robert Laffont, 1973)  ?  Cliquez pour en savoir plus sur Démographie : le péril vieux.

Rolland Russier (X 67, ma lettre d’avril 23), auteur de Insouciantes tribulations (Amazon, 2022), vient de publier un brûlot qui devrait vous amuser. Intitulé Sous les pavés, il décrypte avec un peu de dérision les manipulations qui ont permis à une minorité active de déclencher les évènements de mai 68. Et il attire l’attention sur ce qui se passe en ce moment, où on reconnait bien des ressorts qui ont joué à plein en ce beau mois de mai 68.

*** PETITS POULETS ***

Bonjour Hubert, quelle bonne idée d’avoir inclus Paul-Henri Bourrelier (X 52) parmi les Xtraordinaires ! Avant de quitter la région parisienne, je l’avais croisé lors de soirées culturelles du 6e arrondissement. Nous avions un intérêt commun pour la fin du XIXe siècle, période qu’il raconte si bien dans son remarquable ouvrage sur La Revue Blanche. Cette curiosité partagée est à rechercher sans doute dans les origines de nos épouses respectives : famille Natanson pour lui, famille de Toulouse-Lautrec pour moi. J’aurais aimé interagir plus longuement avec lui. Les circonstances ne l’ont pas permis et ne le permettront plus, dommage. Bien cordialement et continue de nous enchanter avec ta galerie de portraits. Jean Louis Bobin (X 54).

« Dire non à la violence russe », un des thèmes du bas de ta page. Ridicule quand on analyse un peu la situation et que l’on sait que l’Otan et les néoconservateurs américains n’ont cessé de provoquer la Russie depuis la révolution orange de 2004. Sincères salutations. Michel Goniak (X 76). Tu pouvais faire valoir ton point de vue le 18 octobre à la galerie Schwab. HLL

Cher Hubert, Il y a bel et bien une ministre polytechnicienne dans le gouvernement Barnier. Le site de l’AX la présente comme étudiante (Executive Master 2023). Paris Match nous apprend qu’elle a passé sa soutenance de Master le 7 octobre. Olivier Herz (X 79). Effectivement, Olga Givernet est ministre déléguée chargée de l’énergie. Voir ci-dessus. HLL

Dans la biographie de Robert Hirsch (X32, ton portrait d’avril 23), tu pourrais rappeler que l’un de ses fils, Daniel, a épousé Odile Lévi, fille de Bernard Lévi (Xbis41), qui avait été fondateur d’X-Résistance (je lui avais succédé comme Secrétaire de l’association). A. Moati (X78). Bien noté, merci. HLL. PS Tu as perdu un « t » dans la connexion ??

Bonjour Hubert, Je lis toujours avec intérêt tes portraits de polytechnicien célèbres. Je ne me souviens plus si tu as consacré l’un d’entre eux à Robert Dautray (X 49) … Un colloque a lieu à sa mémoire le 19 novembre… Amicalement. Denis RANQUE (X 70). Cher Denis, tes désirs sont des ordres, Dautray était sur ma liste d’attente mais je l’ai mis en haut de la pile et je me rendrai au colloque. Voir plus haut. HLL

Vous connaissez des Xtraordinaires ? Signalez-les moi !

Merci d’avance !

Hubert Lévy-Lambert (X 53), fondateur du groupe X Démographie, hélas en sommeil 😭😭😭😭

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4 Comments

  1. Hubert, tu es souvent très inspiré dans les choix de tes sujets et les commentaires acérés qu’ils te suggèrent, mais laisser penser que tu pourrais adhérer à l’idée de Rachida Dati, soutenue par le camarade Gérondeau, laisse pantois.

    D’abord parce que l’article 17 de la loi de 1905 précise, au sujet des églises et cathédrales classées : « La visite des édifices et l’exposition des objets mobiliers classés seront publiques : elles ne pourront donner lieu à aucune taxe ni redevance. » : il faudrait donc modifier par la loi ce texte auquel personne jusqu’à présent n’a osé toucher en ce sens ; le gouvernement et la représentation nationale ont sans doute d’autres préoccupations que de réveiller certains « vieux démons » maintenant apaisés, alors que tant d’autres nous menacent.

    Ensuite, parce qu’il faut bien admettre que l’activité humaine ne se résume pas à l’économie et donc reconnaitre que la « Vérité des prix » a une frontière morale imposée au-dessus de la Loi, par le bon sens et la décence qui lui interdisent de pénaliser la liberté de conscience ou d’introduire la hiérarchie de l’argent dans le libre exercice des cultes.

    (D’ailleurs, rassurons-nous cyniquement, les sommes extravagantes dépensées pour la restauration de la cathédrale de Paris, peuvent être vues comme un investissement parfaitement rationnel de « l’entreprise France » et seront recouvrées en très peu de temps par les retombées fiscales au sens large de la manne touristique qu’elles vont générer : n’oublions pas que les prélèvements obligatoires ponctionnent la plus grande part de la valeur ajoutée des biens et services ; les 5 euros de droit de visite ont déjà été largement ponctionnés à nos amis touristes en TVA sur leur taxi et note d’hôtel, ainsi qu’en taxe de séjour et cotisations sociales sur la rémunération du travail…)

    François Chavaudret (X 1968)

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  2. Cher Hubert, 

    je ne crois pas avoir réussi à laisser un commentaire sur ton blog.

    Je voulais te féliciter pour ton article sur le Général Cazelles, mais en te reprochant d’avoir fait confiance au site de l’AX pour la séquence des présidents de l’association.

    Le Général a bien pris la présidence en 1975 après la démission de Loygue et il a eu la bonne idée d’organiser dans la foulée un référendum pour ou contre Palaiseau. Tu te doutes du résultat ! A l’AG suivante le conseil d’administration démissionnait en bloc et le GXM [groupe polytechnicien qi a tenté, en vain, d’empêcher l’X de quitter la Montagne] remportait tous les sièges. C’est d’Orso qui est élu, puis Bouyssonnie en 1978.

    Voici la séquence :

    1971-1973 : Bernard Villers X1938 (AX)
    1973-1974 : Jean Gautier X1931 (AX)
    1974 : André Decelle X1929 (AX)
    1974-1975 : Pierre Loygue X1934 (AX)
    1975 : Bernard Cazelles X1931 (AX)
    1975-1978 : Louis d’Orso X1933 (AX)

    1978-1982 : Jean-Pierre Bouyssonnie X1939 (AX)

    1982-1986 : Jacques Bouttes X1952 (AX)

    1986-1990 : Henri Martre X1947 (AX)

    J’ai demandé en vain à Yves Demay de rectifier. Tu auras peut-être plus de chance.

    Amitiés,

    Jean-Pierre Begon-Lours (X 62)

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