A paraitre dans la Jaune et la Rouge
Né en 1925 à St Paul de Vence, Pierre Laffitte est mort en juillet 2021 à Cagnes sur Mer, juste avant la sortie de ses mémoires, dont le titre est le contrepied de ce qu’écrivait Baudelaire : « Certes, je sortirai quant à moi satisfait d’un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve… ».
Incorrigible optimiste, il écrit en exergue : « Je dédie mes mémoires à toutes les personnalités que j’ai eu la chance de rencontrer pour avoir permis de nourrir ma vision optimiste du futur… ».

Dans ce livre fort dense, fourmillant d’anecdotes, Pierre raconte ses origines familiales : avec un arrière-grand-père Justin Pouyanne (X 1867) ingénieur au corps des mines, affecté à Alger à sa sortie de l’école des mines, créateur du service des mines, de la géologie et de l’hydraulique, ce n’est pas lui qui dira que la colonisation a été un crime contre l’humanité ! Pierre décrit ensuite sa petite enfance, de St Paul de Vence (Alpes Maritimes) à Rohrbach (Moselle), où il fait l’apprentissage de la diversité culturelle rurale, ses années de lycée à Nice, les années de guerre, pendant lesquelles sa famille protège un jeune juif, ce qui vaudra à sa mère Lucie Fink et son beau-père Emile Hugues d’être nommés Juste parmi les Nations en 2008 [ii], l’Ecole polytechnique, qu’il intègre second derrière André Giraud, où il cumule les titres de Maj d’E-Phy, Pitaine artificier et Maj de crans (sic), ce qui lui vaut de partager le micral avec son cocon Giscard.
Sorti dans le Corps des mines, il entre à l’Ecole des mines en 1948, devient géologue de terrain puis s’occupe de la transformation du BRGG en BRGM (1959). Il s’occupe ensuite du développement de l’Ecole des mines, comme sous-directeur en 1963, directeur 1972-84) et président du conseil de perfectionnement (1984-95).
Après un chapitre sur la Conférence des Grandes écoles, qu’il crée en 1968, Pierre s’étend longuement sur Sophia Antipolis, l’œuvre de sa vie, dont il a créé l’association éponyme en 1969 mais à laquelle il réfléchissait depuis de nombreuses années, comme l’atteste une libre opinion publiée dans le Monde du 20 août 1960 : « Le quartier latin des champs ».
Pour terminer, Pierre nous explique que c’est « l’opportunité de porter la science au Parlement » qui l’a amené à devenir sénateur en 1985, à la mort de Francis Palmero dont il était suppléant depuis 1971. Il nous fait enfin part de ses convictions pour demain. Le fil rouge de sa vie, nous dit-il en conclusion, a toujours été ce besoin viscéral de partage du savoir, devenu une véritable exigence éthique : « ceux qui ont eu la chance d’avoir fait des études leur ayant permis d’accéder au savoir ont pour devoir de le partager. »
On trouve en annexe une impressionnante liste de titres, carrières et fonctions tenus par Pierre pendant sa longue vie. J’y ajoute qu’en tant que vice-président du groupe X Israël, il avait participé à un tour d’Israël que j’avais organisé pour célébrer le Bicentenaire de l’X en 1994, de Tel Aviv à Jérusalem en passant par la Mer morte et Jéricho, sans oublier une montée sur les hauteurs du Golan et une mémorable prise d’armes au cimetière français de Saint Jean d’Acre.
Hubert Lévy-Lambert (X 53)
[i] Presses des Mines, octobre 2021, 288 p.
[ii] Les sauveteurs de Denys Lévy – Comité Français pour Yad Vashem (yadvashem-france.org)